Brexit, quelles conséquences pour le secteur de l’assurance ?

Après une campagne très serrée, le camp du «Brexit» a remporté le scrutin avec 51,9% contre 48,1% pour les pro-européens. Les britanniques ont finalement choisi de quitter l’Union Européenne.

Les conséquences du Brexit sur le secteur financier ne se font pas attendre. Suite à l’annonce des résultats préliminaires dans la nuit du 23 au 24 juin 2016, la livre sterling dévisse à 1,3305 USD, enregistrant ainsi sa chute la plus vertigineuse depuis plus de 30 ans.

Brexit

Dans le même temps, l’Euro gagne près de 8,5% par rapport à la monnaie britannique. Il recule toutefois de plus de 3% face au dollar.

Les Bourses de Londres, Francfort et Paris se sont effondrées. Les marchés financiers asiatiques notamment ceux de Tokyo, Shanghai et Séoul ont également chuté reflétant ainsi leur méfiance à l’égard de l’avenir économique de la région.

La situation des sociétés d’assurance et de réassurance est loin d’être rassurante. En apprenant la victoire du Brexit, les cours en bourse des assureurs ont fortement chuté. Le cours d’Axa a chuté de -17,5%, Generali -14,94%, Prudential -14,39%, Allianz -11,59%, Admiral -4,38%, Scor -12% et Munich Re -8,71%.

Brexit, les assureurs s’inquiètent pour le retrait de leur passeport

Amputé de l’Union Européenne, le Royaume-Uni sera désormais considéré comme un pays tiers. Les assureurs et les intermédiaires en assurance installés au Royaume-Uni n’auront plus la possibilité de bénéficier du passeport européen de libre prestation de services. Après le Brexit, ils seront contraints de créer une filiale dans un pays de l’Union pour pouvoir accéder au reste du marché, ce qui implique la mobilisation de capitaux importants.

Même sort pour les acteurs internationaux, notamment ceux américains, japonais et chinois qui doivent relocaliser leur siège social anglais dans un pays de l’Union Européenne dans une période de deux ans.

Les assureurs européens seront, eux aussi, obligés d’acquérir un agrément pour pouvoir exercer leur métier outre-Manche. Selon les chiffres de l'agence de notation Standard & Poor’s, environ 739 assureurs étrangers souscrivent actuellement des risques au Royaume-Uni via un passeport européen.

Est-il besoin de rappeler l’impact du Brexit sur le Lloyd’s qui génère (en 2015) 14% de son chiffre d’affaires au sein de l’Union Européenne. Sa base anglaise ne lui servira plus de hub pour souscrire des affaires en Europe. Elle gardera néanmoins son importance d’autant plus que les affaires locales représentent 18% du total des souscriptions de l’organisation.

Quel avenir pour la cité de Londres aprés le Brexit ?

Compte tenu de ces nouvelles contraintes, plusieurs experts sont unanimes pour dire que la place financière de Londres, longtemps considérée comme le premier hub financier européen, perdra beaucoup de son charme. Quelques études menées par des banques européennes présument que le statut de première place financière européenne sera accordé fort probablement à Francfort. Amsterdam, Luxembourg, Dublin et Paris sont également considérées comme des places potentielles.

Par delà ces spéculations, l’impact du divorce entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne sur le secteur de l’assurance dépendrait beaucoup des négociations post-Brexit qui porteront sur les accords commerciaux, les modalités et la durée du désengagement.

Bref rappel historique

Un scrutin sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union Européenne a déjà été organisé en 1975. Les pro-européens l’avaient remporté avec 67,09% des suffrages. La question du Brexit a ressurgi de nouveau en janvier 2013, lorsque le premier ministre britannique David Cameron a promis d’organiser un scrutin sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union, s’il était réélu.

Le 8 mai 2015, ce dernier a été reconduit dans ses fonctions pour un second mandat. Toutes les conditions se trouvent ainsi réunies pour concrétiser cet engagement public. A l’issue du sommet européen des 18 et 19 février 2016, il a été décidé d’organiser un référendum pour le 23 juin de la même année. Suite à l’annonce des résultats, le 24 juin 2016, David Cameron annonce sa démission, qu’il prévoit pour le 2 septembre 2016.

Article 50 du traité de Lisbonne

L'article 50 du traité de Lisbonne sur la sortie d’un pays membre de l'Union Européenne stipule que «les négociations doivent durer au maximum deux ans et que la sortie doit se faire via un accord fixant les modalités du retrait, en tenant compte du cadre des relations futures entre l'Union et l'Etat sortant. Cet accord doit être validé par le Conseil européen, après un vote du Parlement européen ».

Brexit: British Exit. Cet acronyme désigne la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne.
* Le passeport est la faculté pour une entreprise agréée d'un État membre de l'Espace Economique Européen d’offrir ses services sur le territoire d'un autre État membre à partir d'un établissement permanent (une succursale ou une agence).
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