Le marché de la réassurance en 2003 : Résultats & perspectives

marche reassuranceLa crise de la réassurance n'a pas fini de faire des dégâts. Après les années 2001 et 2002 marquées par des sinistres exceptionnels et un effondrement des cours boursiers qui a vu fondre les avoirs des réassureurs, le marché doit en 2003 faire face à une importante crise de confiance des assureurs et investisseurs à l'égard des réassureurs.

Le marché de la réassurance en 2003 et les perspectives 2004

Avec le redressement des résultats techniques du 1er semestre 2003 et la reprise économique mondiale, certains réassureurs se sont remis à espérer.

Le redressement des résultats

Le premier semestre 2003 a dégagé pour l'ensemble du marché des résultats techniques bénéficiaires. L'important travail de redressement entamé par les réassureurs durant les années de crise commence à porter ses fruits : baisse des ratios combinés, retour à un bénéfice technique pour le 1er semestre 2003, restauration des provisions techniques, ...

Malheureusement cette embellie ne profite pas à tous les réassureurs et en particulier au premier d'entre eux : Munich Re qui continue de voir ses résultats se dégrader. D'autres réassureurs tardent également à retrouver le chemin des bénéfices.

L'accalmie

Tous les acteurs aussi bien assureurs que réassureurs, sont à la recherche d'un consensus. Ce retour au calme laisse présager un renouvellement 2004 sans changement majeur dans les conditions et les tarifs. Des ajustements au cas par cas sont toutefois inévitables.
On parle même de détente de certains taux pour les catastrophes naturelles, les grands risques industriels, l'aviation et le transport maritime.

Le poids des assureurs

Used with permission from Microsoft (image modifiée) Dès le début des années 1990, la mondialisation a permis aux assureurs de se créer des empires financiers beaucoup plus puissants que les réassureurs. Face à ces géants, les réassureurs ne peuvent plus, comme par le passé, dicter leurs conditions. Les grands groupes d'assurance directe peuvent augmenter leurs rétentions ou chercher d'autres solutions en dehors du marché traditionnel de la réassurance pour protéger leurs souscriptions.

Dans ce contexte, un durcissement des conditions de renouvellement réduirait l’aliment de prime dont ont besoin les réassureurs pour reconstituer leurs provisions. Les réassureurs sont donc obligés de composer avec le marché et probablement de lâcher du lest dans certaines branches.

Le retour des bermudiens

Avec le retour des bénéfices escomptés en 2003, les réassureurs spécialisés dans la couverture des catastrophes naturelles reviennent sur le marché. Sauf sinistres majeurs survenant au cours des quatre derniers mois de l'année, on peut escompter une baisse des taux pour les couvertures catastrophes naturelles en 2004.
Même en cas de sinistralité importante de dernière minute, l'apport d'une capacité nouvelle par les bermudiens aurait l'avantage de limiter la hausse des taux.

Les agences de notation

Du statut d'alliées, au cours des années fastes, les agences de notation représentent en 2003 un danger pour les réassureurs confrontés à une crise sans précédent.

En remettant en cause la solidité financière des plus grands réassureurs et en dégradant l'ensemble des opérateurs les agences de notation ont introduit le doute et la suspicion dans les relations entre assureurs et réassureurs.
Les assureurs et les investisseurs n'hésitent plus à mettre en cause la capacité des réassureurs à faire face à leurs engagements.

Les augmentations de capital

Pour combler les déficits et retrouver une solidité financière, certains réassureurs n'hésitent plus à faire appel à leurs actionnaires pour augmenter leur capital. Si certains actionnaires acceptent de consentir un effort supplémentaire, d'autres refusent de s'engager plus avant dans une activité dont la visibilité est faible. Certains réassureurs à vendre ne trouvent même plus preneurs.

Marchés de la réassurance en Afrique et au Moyen-Orient : le renouvellement 2004

Même si on note une détente au niveau mondial, le renouvellement 2004 risque de poser quelques problèmes aux pays émergents d'Afrique et du Moyen Orient.
Dans ces marchés les réassureurs traditionnels ont de plus en plus de mal à accepter des traités déséquilibrés avec des rétentions faibles et des risques souvent mal définis.

Il est fort probable que lors du renouvellement 2004 la recherche d'un meilleur équilibre des traités imposera une baisse des commissions, une augmentation des rétentions et une diminution des capacités offertes.
Les réassureurs seront également plus exigeants dans la rédaction des contrats et de nombreuses limitations et exclusions seront imposées à ces marchés.
Cette tendance au durcissement des conditions de réassurance dans les pays d'Afrique et du Moyen-Orient sera surtout marquée pour les risques de RC avec, entre autres, la disparition programmée de la RC illimitée automobile dans les pays ayant adopté la législation française.

En ce qui concerne la rétrocession, l'impossibilité de gérer et de suivre correctement leurs engagements poussera les réassureurs à refuser ce type de traités.
En 2004, les réassureurs nationaux, habitués à rétrocéder leurs acceptations locales ou internationales, auront du mal à trouver une rétrocession de qualité.
Enfin, signe de défiance supplémentaire envers les marchés locaux, les réassureurs encourageront l'achat de couvertures non-proportionnelles.

Ce glissement que certains pensent irréversible, pourrait remettre en cause l'existence même de certains assureurs qui rétrocédaient une partie importante de leurs primes et bénéficiaient de différentiels de commission élevés.

Ces assureurs devraient alors augmenter leur capital et procéder à une gestion rigoureuse de leurs risques. Le réassureur se contentera de fixer le seuil d'intervention, la limite de garantie et le tarif.

Les principaux intervenants dans les marchés de réassurance en Afrique et au Moyen-Orient

Principaux réassureurs

Sont particulièrement actifs les réassureurs suivants :

Swiss REMunich ReERC FrankonaHannover Re
AllianzConverium1SCORCCR (France)1
ARIGBest ReAfrica Re2 

1Activité centrée sur le Moyen Orient 2Activité limitée à l'Afrique

Sous la pression de leurs actionnaires et de leur direction générale, les réassureurs européens adopteront une politique de souscription très sélective. Cette position de principe n'empêchera pas certains nouveaux acteurs de développer leur portefeuille.

Les réassureurs à vocation régionale comme Best Re, ARIG, et Africa Re auront une carte intéressante à jouer. Ces compagnies qui ont, depuis de nombreuses années, imposé leur présence sur le marché peuvent bénéficier d'une "prime de fidélité" de la part de leurs partenaires. Elles sont dans une situation marketing favorable.
Il est à noter l'arrivée d'un nouveau réassureur dans la zone Afrique/Moyen-Orient. Il s'agit de Med Re qui débutera ses souscriptions internationales le 01/01/2004.

Principaux courtiers

Certains marchés particuliers auront du mal à trouver une capacité de bonne qualité. Ils feront alors appel, plus que de coutume, à des courtiers pour les aider à placer leurs risques.
Dans ce contexte, certains courtiers pourraient consolider leurs positions en particulier: NASCO, UIB, Willis Faber, Guy Carpenter et AON.

Les pays qui risquent de connaître un renouvellement difficile

Du fait de la crise socio-économique qu'ils traversent et des mauvais résultats qu'ils affichent, quelques pays devront faire face à un renouvellement difficile.
La Libye, par contre, pourrait connaître un regain d'activité après la levée des sanctions économiques décidée dernièrement par les Nations Unies.

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