AIG: La chute d'un géant

Par son ampleur et sa brutalité, l’évènement réunit tous les éléments d’un scénario catastrophe pouvant servir de cas d’école dans les annales de l’assurance.

Fondée en 1919 par Cornelius Vander Starr à Shanghai, la société American International Group (AIG) est implantée en Asie, en Europe, en Amérique latine et au Moyen-Orient où elle déploie son réseau à travers 130 pays.

Son siège est à New York. Aux États-Unis, AIG est le plus grand souscripteur de risques commerciaux et industriels. Elle emploie 116 000 personnes et compte 74 millions de clients à travers le monde. Le groupe est coté aux bourses de New York, Zurich, Paris et Tokyo.

Longtemps classé numéro un mondial de l’assurance, AIG a réalisé un chiffre d’affaires de 110 milliards USD en 2007.

La valse au sommet

Maurice R. Greenberg qui dirige AIG jusqu’en 2005 est contraint à démissionner, suite à son implication dans des pratiques comptables frauduleuses. Il est remplacé par Martin J. Sullivan qui à, son tour, doit renoncer à son poste le 15 juin 2008 en raison des pertes financières et de la chute de la valeur boursière de la société. C’est Robert B. Willumstad qui lui succède jusqu’au 17 septembre 2008, date à laquelle le gouvernement fédéral exerce son droit d’intervention en nommant, à sa place, Edward Liddy.

Etapes de la chute

  • 14 septembre 2008:
    Les agences de notation ont abaissé la notation de l’entreprise
  • 15 septembre 2008:
    Le titre AIG atteint un minimum historique. Au total, la société a cumulé des pertes d’un montant de 57,8 milliards USD
  • 16 septembre 2008:
    La Réserve Fédérale des États-Unis (FED) accorde un prêt de 85 milliards USD, à un taux de 8,5%. Le prêt-relais garanti porte sur deux ans et prévoit une prise de participation du gouvernement à hauteur de 79,9% du capital. AIG apporte en garantie l'ensemble de ses actifs et de ses filiales. En échange du prêt, le gouvernement fédéral américain s'est octroyé le droit d'effectuer des remplacements au sein de la direction d'AIG ainsi que le droit de veto sur le versement de dividendes aux actionnaires
  • 9 octobre 2008:
    La FED accorde un montant additionnel de 38 milliards USD pour maintenir les opérations courantes d’AIG
  • 10 novembre:
    La FED accorde une nouvelle aide de 40 milliards USD

Davantage qu’un groupe d’assurance, AIG est un conglomérat financier dont la filiale londonienne d’investissements virtuels, AIG Financial Products, créée en 1987, semble avoir été à l’origine de la débâcle du groupe en raison de montages financiers complexes et risqués.


Evolution du résultat net d’AIG au cours des derniers trimestres

en milliards USD Source: AIG

Stratégie de sortie de crise

Used with permission from MicrosoftRéagissant à sa nouvelle situation de mise sous tutelle par l’Etat, AIG annonce qu’elle va se concentrer sur l’assurance dommages et ouvrir le capital de ses sociétés d’assurance vie situées à l’étranger, notamment en Asie et même aux Etats-Unis, à des groupes d’assurance et de réassurance européens et asiatiques (CIC, China Life, Munich Re).

De multiples communiqués et rumeurs font part du début du processus de démantèlement du groupe. AIG s’engage dans un plan de réduction de ses coûts et effectifs. Après avoir déjà cédé certaines activités (participation dans l’aéroport britannique de London City Airport), la compagnie prévoit de se défaire de plusieurs autres unités de leasing, assurance et réassurance automobile aux États-Unis et cédera par la suite ses 59% de participation dans Transatlantic Holdings.

Les dernières nouvelles font état de la cession prochaine d’AIG Hawai ainsi que de trois compagnies d’assurance vie au Japon : Alico Japan, AIG Edison Life Insurance Co. et AIG Star Life Insurance Co.

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