Brexit : les conséquences du retrait du passeport européen

Le Brexit fait ressortir sept points susceptibles de favoriser ou handicaper l’économie britannique. On peut classer ces points en deux catégories : les points négatifs et les points positifs.

Parmi les points négatifs, on relève la perte du passeport européen dont l’impact sera élevé sur le secteur financier. Ce même risque aura cependant un impact réduit sur l’organisation économique et sociale.

Conséquences Brexit

Banques et assurances : retrait du passeport financier

Les banques et les assureurs de la City ont déjà anticipé le retrait du passeport financier. Ils se sont préparés à la perte du passeport unique en optant pour une délocalisation d’emplois en Irlande et sur le continent. Paris, Francfort, Bruxelles, Dublin et le Luxembourg constituent les principaux points de chute. La création de nouvelles entités européennes permettra à ces « délocalisés » de redéployer leurs activités de souscription sur le continent.

Les assureurs disposent de deux dispositifs juridiques distincts pour intégrer un Etat de l’Union Européenne :

  1. La mise en place d’une filiale dans l'un des États membres de l’UE
  2. La création d’une société européenne (SE)

Ces deux alternatives aboutissent au même résultat : toutes deux offrent aux sociétés la possibilité de continuer à exercer leurs activités dans l’espace économique européen après la sortie du Royaume-Uni de la Communauté européenne. Néanmoins, les règles qui s’appliquent à une filiale ou une société SE diffèrent : ainsi, une filiale créée dans un Etat de l’Union Européenne sera soumise aux règles de cet Etat, ce qui peut être contraignant.

A contrario, une société SE peut se soumettre à un droit d'un État différent de l'État dans lequel elle est installée. Ceci peut aboutir à un risque de dumping réglementaire entre les États de l’Union Européenne.

Plusieurs dizaines de banques et d’assureurs ont déjà pris l’initiative de délocaliser leurs emplois :

  • Le Lloyd’s, dont le siège est situé au cœur de la City, a choisi Bruxelles pour y implanter sa nouvelle filiale, capitalisée à hauteur de 201,4 millions EUR (230 millions USD). Cette structure chapeaute 19 succursales européennes,
  • QBE a choisi Bruxelles pour la création d'une filiale,
  • AIG a opté pour le déménagement de son siège au Luxembourg,
  • Liberty Specialty Markets domicilie sa société britannique au Luxembourg en la transformant en société européenne (SE). Néanmoins, l’assureur conserve une succursale à Londres,
  • HSBC renforce sa présence parisienne,
  • Barclays et Bank of America consolident leurs sièges de Dublin, Amsterdam et du Luxembourg.

Le Brexit et le transfert d’emplois de Londres vers l’Europe continentale

Selon l’agence Bloomberg, des milliers d’emplois ont été ainsi transférés de Londres vers l’Europe continentale. Nous reprenons, ci-après, quelques transferts d’emplois de ces derniers mois :

Brexit transfert emplois Source: Bloomberg

Selon une étude menée par l’institut New Financial, Dublin demeure la capitale la plus attrayante en termes de hubs européens post-Brexit. La création d’un hub primaire ou secondaire dans la capitale irlandaise a déjà attiré 14 assureurs précédemment installés à Londres.

Douze autres ont préféré le Luxembourg, alors que les capitales Paris et Bruxelles ont séduit chacune quatre assureurs et que Madrid n’en a attiré qu’un seul.

Des transferts de portefeuilles d’activités résiduelles du Royaume-Uni vers des filiales basées en Europe continentale sont aussi en cours. Ces processus longs et coûteux ont été entrepris par la majorité des assureurs.

Brexit : les différents scénarios

Pour l’heure, deux scénarios de Brexit demeurent possibles : Un Brexit soft et un Brexit hard. Toutefois, la démission de Theresa May du poste de premier ministre laisse la porte grande-ouverte aux partisans d’un Brexit dur.

  • Soft Brexit

Dans ce scénario qui est peu plausible, les services financiers ne sont pas véritablement affectés et le centre londonien des affaires garde sa primauté en Europe. Au niveau des activités financières, seul 0,75 milliard GBP (0,95 milliard USD) de chiffre d’affaires serait perdu au profit des autres places européennes. L’impact sur les autres activités serait légèrement négatif avec une perte de revenu de 2,25 milliards GBP (2,8 milliards USD).

  • Hard Brexit

En cas de « no deal », aucun accord ne sera signé entre les parties. Un hard Brexit aurait des effets significatifs sur la place londonienne qui verra une partie importante de ses activités financières converger vers le continent. Paris, Bruxelles, Francfort, Dublin et le Luxembourg en sortiraient particulièrement renforcés.

La perte de revenus du Royaume-Uni découlant de cette disparition d’activités est estimée à 29 milliards GBP (36,8 milliards USD). De plus, une partie conséquente de l’activité financière annexe à l’assurance (comptabilité, activités support,…) quitterait Londres emportant 10 milliards GBP (12,7 milliards USD) de revenus, notamment à cause de la perte du passeport financier. Londres demeurerait néanmoins un centre financier compétitif.

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