Séisme du 11 mars 2011 au Japon : des catastrophes en cascade au pays du soleil levant
La secousse a déclenché une série de catastrophes : un tsunami dévastateur qui a littéralement rayé de la carte des villages entiers et plusieurs explosions dans une centrale nucléaire qui font craindre un scénario à la Tchernobyl.
Séisme de 2011 : le Japon face à un tremblement de terre d’une rare intensité
© Maximilian Dörrbecker, CC BY-SA 3.0 (image modifiée) |
De magnitude 9, le séisme de 2011, survenu à 300 km au large de Sendai, est l'un des plus puissants jamais enregistrés. Il a provoqué une zone de rupture sous-marine de 500 km de long. Il a également entraîné un glissement du fond marin de plus de 10 mètres, créant ainsi une masse d’eau mobile et un tsunami destructeur dont les vagues ont atteint les 10 mètres de hauteur.
Selon l’Institut d'études géologiques des Etats-Unis (United States Geological Survey, USGS), cette forte secousse semble avoir déplacé Honshu, l'île principale de l'archipel nippon, de 2,4 mètres et aurait dévié de près de 10 cm l'axe de rotation de la Terre.
Situé sur la ceinture de feu du Pacifique, au confluent de quatre plaques tectoniques, le Japon subit des séismes parmi les plus violents.
Séisme et tsunami de 2011 : des dégâts matériels sans précédent
Au-delà du bilan humain qui s’alourdit de jour en jour (au 30 mars 2011, un bilan provisoire fait état de 12 232 morts et 16 361 disparus), les dégâts matériels causés par le séisme puis par le tsunami vont avoir de lourdes conséquences sur l’économie du Japon.
Ce déchaînement de la nature a causé :
- la dévastation de plusieurs villes de la côte nord-est
- l’effondrement total ou partiel de 88 000 maisons
- la destruction des infrastructures
- des dommages dans plusieurs secteurs économiques
A ces dégâts directs s’ajoutent les coupures d’électricité suite à l’arrêt de dix réacteurs nucléaires, la détérioration du réseau routier et la fermeture des ports et aéroports. Des pans entiers de l'industrie nippone comme la métallurgie, l’informatique, l’électronique où l’automobile se retrouvent, ainsi, paralysés.
Séisme de 2011 : le Japon court un risque de catastrophe nucléaire
En plus du séisme et du tsunami du 11 mars 2011, le Japon doit faire face à de sérieux problèmes dans l’une de ses centrales nucléaires. Situé dans la zone sinistrée, le site de Fukushima, qui compte dix réacteurs, s’est retrouvé sans système de refroidissement. La hausse des températures au cœur de six réacteurs a déjà provoqué plusieurs explosions, des incendies et le déversement de rejets hautement radioactifs dans l’atmosphère. Depuis, le niveau de radioactivité continue d’augmenter dangereusement dans la région.
Selon l’autorité française de sûreté nucléaire, l'accident nucléaire de Fukushima a atteint un niveau de gravité 6 sur une échelle internationale qui en compte 7. La catastrophe de Tchernobyl se situe au niveau 7.
Séisme de 2011 au Japon : quel coût pour l’assurance ?
Le coût financier du séisme et du tsunami de 2011 enfle chaque jour un peu plus et pourrait finalement atteindre 310 milliards USD, soit près de 8% du PIB. Si ce chiffre se confirme, cet événement est en passe de devenir la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l’histoire et devancer ainsi l’ouragan Katrina (125 milliards USD) qui avait dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005.
Selon la société de modélisation AIR Worldwide, les dommages assurés s’élèveraient à 21 milliards USD pour le seul tremblement de terre. La facture totale, qui intégrera les dommages causés par le tsunami, risque de dépasser 31 milliards USD.
Au Japon, l’assurance des risques sismiques est optionnelle. Selon l’agence Fitch, elle n’est souscrite que par 14 à 17% des propriétaires. C’est Japan Earthquake Reinsurance (JEK), une entité nationale alimentée par l’ensemble des assureurs non vie japonais et par l’Etat, qui se chargera de l’essentiel des pertes subies par les particuliers. Sa capacité d’indemnisation est de 5500 milliards JPY (67,6 milliards USD) selon Moody’s.
Les réassureurs internationaux devront, eux aussi, subir une part significative des pertes. Ils seront mis à contribution via les polices d’assurance des risques industriels et commerciaux. Ils interviendront également en tant que réassureur des « Kyosai » (les mutuelles japonaises) pour les risques dommages des particuliers. L’exposition des principaux réassureurs devrait atteindre 2,1 milliards USD pour Munich Re (qui détient 12% du marché japonais de la réassurance), 1,2 milliard USD pour Swiss Re, 259 millions USD pour Scor et 350 millions USD pour Hannover Re. Berkshire Hathaway, Partner Re et Everest Re devront aussi mettre la main à la pâte.
Concernant la couverture des centrales nucléaires, les assureurs excluent généralement les dégâts causés par des séismes ou tsunamis. Le risque de contamination nucléaire est, lui aussi, écarté de la couverture des biens immobiliers. La facture des dommages provoqués par les centrales nucléaires reviendra donc à Tepco, le gestionnaire de la centrale de Fukushima et à l’Etat japonais.
Les séismes les plus coûteux
en milliards USD
Magnitude | Année | Pays | Nombre de morts | Coût total | Coût assuré | |
---|---|---|---|---|---|---|
Sendai (avec tsunami) 1 | 9 | 2011 | Japon | 12 232 | 310 | 31 |
Kobé | 7,2 | 1995 | Japon | 437 | 100 | 7,4 |
Sichuan | 7,9 | 2008 | Chine | 87 000 | 85 | 0,3 |
Northridge | 6,7 | 1994 | Etats-Unis | 61 | 44 | 15,3 |
Chili (avec tsunami) | 8,8 | 2010 | Chili | 521 | 30 | 8 |
Honshu, Niigata | 6,8 | 2004 | Japon | 67 | 28 | 0,76 |
Christchurch2 | 6,3 | 2011 | Nouvelle Zélande | 200 | 20 | 10 |
Sumatra (avec tsunami) | 9,1 | 2004 | Indonésie | 300 000 | 10 | 4 |
1 Pour le séisme de Sendai, le nombre de morts, le coût total et le coût assuré sont
provisoires 2 Pour le séisme de Christchurch le coût total et le coût assuré sont provisoires
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