Externalisation, délocalisation : Les nouveaux défis de l'économie mondiale

Effet direct de la mondialisation, externalisations et délocalisations sont devenues une hantise pour les économies occidentales. Amorcé depuis une trentaine d’années, principalement dans les industries manufacturières, le phénomène s’étend à d’autres secteurs d’activité et s’accélère.

Relayés par les médias, organisations syndicales, pouvoirs publics et opinion s’alarment sur le déclin industriel et les destructions d’emplois, poussant les gouvernements à adopter des stratégies défensives.

Externalisation et délocalisation : définitions

ExternalisationDélocalisation
Appelée aussi sous-traitance ou Business Process Outsourcing (BPO) in shore: transfert d’une activité de production ou de services à l’extérieur de l’entreprise, sur un site situé dans le même pays.Appelée aussi Business Process Outsourcing (BPO) off-shore: transfert d’une activité de production ou de services à l’étranger, dans des pays à faibles coûts salariaux.

Objectifs de l’externalisation et de la délocalisation

Pour les entreprises, il existe plusieurs raisons d’adopter des mesures d’externalisation ou de délocalisation :

  • s’adapter aux mutations internationales
  • assurer leur survie grâce à des coûts de production plus faibles
  • préserver leur avantage concurrentiel
  • pénétrer de nouveaux marchés

Mais si les externalisations et délocalisations sont la cause de pertes d’emplois sous qualifiés ou moins chers à l’étranger, elles créent des postes d’emploi à plus forte valeur ajoutée et contribuent à la croissance économique par le développement de la production, l’amélioration de la qualité et la diversité des biens et services et la baisse des prix.

Externalisation et délocalisation : évolution et tendance actuelle

La pratique de ces mécanismes économiques remonte aux années 70 avec, notamment, les industries automobile, textile, et électronique grand public qui ont externalisé puis déplacé leur production à l’étranger.
Les grands groupes américains ont commencé à déménager leurs services informatiques en Inde depuis une vingtaine d’années.

En France, les institutions financières ont eu recours à la création de sociétés filiales pour la gestion des investissements à partir des années 70. La moitié des banques françaises ont externalisé tout ou partie de leurs
fonctions informatiques.

Dans l’assurance, les tâches transférées à l’extérieur de l’entreprise concernent des procédures automatisées et industrialisées comme la gestion des run off.

Depuis une dizaine d’années, les progrès des technologies de l’information et de la communication ainsi que la baisse des tarifs des communications ont permis d’expatrier des services entiers à l’étranger et de les consommer dans le pays.

Après les tâches simples comme la comptabilité, la facturation, le développement de logiciels, le marketing, la publicité et la saisie de chèques, des activités à plus forte valeur ajoutée (établissements de comptes, analyses financières, achats) risquent de suivre le même chemin.

Externalisation et délocalisation : quelques exemples par les chiffres

La délocalisation des services informatiques rapporterait 24 milliards USD en 2007 contre 1,3 milliard USD en 2002.
  • Au niveau mondial, on estime que les délocalisations génèreront un marché de 3 milliards USD en 2004, soit une croissance de 65% par apport à 2003, ce chiffre inclut les grandes sociétés de service en ingénierie informatique (SSII).
  • 4 entreprises européennes de premier plan sur 10 ont commencé le transfert à l’étranger de leur activité de services.
  • Des entreprises ayant leur siège au Royaume Uni, au Benelux et en Allemagne totalisent 90% du nombre des emplois déjà délocalisés.
  • Avec plus de 60% de ces emplois, les sociétés britanniques se placent en tête du volume total.
  • Le programme de délocalisation d’emplois de l’assureur britannique Aviva, notamment vers l’Asie, va lui permettre d’économiser 446 millions d’euros dès l’année prochaine. Après le transfert de 950 postes administratifs au sein de sa filiale Norwich Union, Aviva se propose d’expatrier un total de 7 000 postes à l’horizon 2007.
  • Prudential qui a délocalisé à Mumbai (Inde) 850 emplois en 2001 espère réaliser des économies de 50%.
  • Royal & Sun Alliance (RSA) a annoncé en octobre dernier le transfert à Bangalore (Inde) de 1 200 emplois sur deux ans.
  • En 2004, AXA UK a ouvert à Bangalore (Inde) trois sites de centres d’appels et de back office : ils emploient 500 salariés. Un site similaire vient d’être ouvert au Maroc.
  • Aux USA, le nombre d’emplois de services qui pourraient migrer vers des pays à bas salaires à l’horizon 2015 est estimé à 3,4 millions USD.

Externalisation et délocalisation : désindustrialisation ou mutation technologique ?

A l’échelle macroéconomique, les analystes minimisent l’impact réel des délocalisations et des externalisations sur les économies des pays occidentaux. En France, par exemple, le phénomène ne concernerait que 1% des suppressions d’emplois dans l’industrie et seuls 5% des investissements réalisés à l’étranger peuvent être attribués au financement d’une délocalisation effective.

De ce fait, il y a moins désindustrialisation que mutation industrielle et internationalisation des activités car la désindustrialisation ou baisse de l’emploi industriel dans l’emploi total d’un pays serait plutôt le signe d’un développement avancé: la tertiarisation.

Face aux craintes soulevées par les délocalisations dans les pays riches, la Commission des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) affirme que le phénomène reste encore marginal, puisqu’en 2001, le marché des exportations de services délocalisés se chiffrait à 32 milliards USD sur un total de 720 milliards USD d’investissements transfrontaliers, soit 12% du total des flux.

Dans l’industrie américaine, les délocalisations ont détruit 2,7 millions de postes depuis 1999 mais la cause est avant tout liée aux évolutions technologiques, car, selon une étude de l’Institute for International Economics (IIE), 350 000 postes seulement sont imputables directement aux transferts de production à l’étranger.

Externalisation et délocalisation : les destinations des délocalisations

La délocalisation : une affaire avant tout Nord-Nord

Contrairement au « mythe » selon lequel les pays en développement en seraient les grands bénéficiaires, les délocalisations restent essentiellement une affaire Nord-Nord.

Au début de la décennie, les principales destinations des transferts d’activités sont l’Irlande, l’Espagne, le Portugal, le Canada et Israël qui ont capté, en 2001, 70% des services délocalisés.

Ainsi, 54% des délocalisations de centres d’appels téléphoniques réalisées sur la période 2002-2003 ont été faites vers des pays développés.

Le gisement de l’Europe centrale et orientale compte les pays suivants : Hongrie, Tchéquie, Slovaquie, Pologne, Roumanie.

L’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud (Mexique, Brésil) sont aussi appelées à devenir des destinations attractives.

Nouvelles destinations: Inde et Chine

Externalisation - delocalisationAvec leur croissance économique, leur main d’oeuvre qualifiée, bon marché et abondante, la Chine et l’Inde disposent d’un avantage incontestable.
Près de 4 projets de délocalisation sur 10 concernent l’Asie. En termes de volume d’emploi, la part de l’Asie est plus forte car les projets y sont plus grands.

L’Afrique, enfin, est en train de prendre place sur le marché : Maroc (4500 emplois), Tunisie (1000), Maurice (1000), Sénégal (1000). Particulièrement ciblées par les opérateurs téléphoniques et sociétés de vente par correspondance français, ces pays ont pour principaux atouts : la langue, la qualité des diplômes français, la durée hebdomadaire de travail (40 à 44 heures) : ce qui se traduit par des coûts inférieurs à 50% par rapport à la France.
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