Impact du Covid-19 sur l’assurance

La crise sanitaire du Covid-19 a plongé l’économie mondiale dans l’incertitude. A l’instar de plusieurs secteurs d’activité, l’assurance n’a pas été épargnée.

Les projections de Swiss Re font ressortir un recul du marché mondial de l’assurance de 1,4% en 2020 après des hausses de 2,3% en 2019 et de 4,8% en 2018.

De plus, cette crise arrive à un moment où le marché est lourdement impacté par la recrudescence de catastrophes naturelles, plus sévères et dévastatrices.

La persistance des taux d’intérêt bas, la volatilité des marchés de capitaux et la faible perspective de croissance des primes sont autant de facteurs qui ne présagent pas d’un retour à la normale avant plusieurs années.

Coût du Covid-19 pour le marché de l’assurance

pandemieSelon les estimations de Standard & Poor’s à fin juin 2020, le coût de la crise sanitaire pour le marché mondial de l’assurance et de la réassurance serait compris entre 35 et 50 milliards USD. A eux seuls, les 20 premiers réassureurs vont supporter 14% de la facture, soit près de 12 milliards USD.

En plus de cette lourde facture, les acteurs du marché s’attendent à une baisse de rentabilité et un recul des performances opérationnelles. Les comptes annuels pour l’exercice 2020 devraient être négativement impactés au niveau des postes actifs, passifs, résultats et revenus.

Impact du Covid-19 sur la rentabilité des assureurs

Le recul des résultats du troisième trimestre 2020 des principaux assureurs et réassureurs a contraint certains acteurs à revoir à la baisse leurs perspectives de croissance pour l’exercice 2020. Les projections pour 2021 et les années suivantes sont, quant à elles, mises en stand-by ou révisées à la baisse.

Parmi les leaders du marché, Axa avance un coût prévisionnel de la crise sur ses comptes de 1,5 milliard EUR (1,75 milliard USD). Les pertes d’Allianz s’élèveraient à 1,3 milliard EUR (1,52 milliard USD). Le réassureur allemand Munich Re prévoit, quant à lui, une facture de 800 millions EUR (936,4 millions USD) liée à l’actuelle pandémie pour les neuf premiers mois de 2020.

Impact du Covid-19 sur la sinistralité

Du fait de l’interruption des activités économiques pour cause de Covid-19, la sinistralité a évolué à la baisse ou à la hausse selon les branches d’assurance.

Tendance à la baisse de la sinistralité

D’une manière générale, l’ensemble des branches dommages a enregistré un recul de la sinistralité. Ceci a été principalement observé dans les branches automobile et multirisque habitation.

Cette amélioration a conduit certaines entreprises, surtout les mutuelles, à accorder des ristournes aux assurés et à verser un dividende avant même la clôture des comptes 2020.

Hausse de la sinistralité de certaines branches

Les branches les plus touchées par les effets de la crise sont les garanties annulation d’événements et pertes d’exploitation.

D’autres branches, directement exposées comme l’assurance-crédit, l’assistance, l’assurance voyage, l’assurance maladie et prévoyance, ont également connu une hausse de la sinistralité.

Covid-19 : Assureurs et autorités face au risque pandémie

La violence particulière de la crise a contraint les autorités à réagir. Pour éviter un effondrement total de l’économie, les gouvernements ont dû prendre des mesures urgentes de soutien aux différents acteurs du marché et appeler les assureurs à participer à cet élan de solidarité.

Ainsi, certains régulateurs ont demandé et parfois imposé aux assureurs privés d’examiner avec compréhension les réclamations liées au Covid-19. D’autres ont par contre tenu au respect des garanties souscrites dans les contrats, tout en sollicitant un soutien financier auprès des compagnies d’assurance au profit des particuliers et secteurs affectés par la crise.

Afrique du Sud

Les assureurs ne sont pas tenus de prendre en charge les pertes d’exploitation occasionnées par la pandémie lorsque la garantie n’est pas souscrite.

Kenya

L’autorité de régulation kenyane IRA a ordonné aux assureurs de réparer l’intégralité des réclamations déposées au titre de la pandémie.

Zone CIMA

La Conférence Interafricaine des Marché des Assurances qui englobe 14 pays d’Afrique, recommande un traitement équitable et une protection des intérêts des assurés.

Maroc

L’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) a procédé à un assouplissement provisoire de certaines règles prudentielles. Elle a également pris des mesures d’atténuation afin de permettre au secteur des assurances de faire face aux conséquences de la pandémie. Ainsi, on estime à 700 millions MAD (76 millions USD) les pertes évitées au marché par ces mesures.

France

Les autorités ont opté pour l’établissement d’un partenariat public-privé pour trouver des « nouvelles solutions assurantielles à cette crise inédite ». La Fédération des assureurs français a ainsi remis au gouvernement des propositions pour construire un dispositif de protection contre les «catastrophes exceptionnelles».

Face à des coûts économiques exceptionnels liés au Covid-19, évalués à 86 milliards EUR (100,57 milliards USD) à fin 2020, les assureurs ont pris plusieurs mesures de soutien dont :

  • une contribution d’une valeur de 3,2 milliards USD pour soutenir et indemniser les particuliers et les entreprises les plus impactés,
  • un don de 2,5 milliards USD pour participer à la relance économique du pays.

Etats-Unis

Afin d’alléger le poids de la pandémie, les Etats-Unis, le pays le plus touché par le Covid-19, a adopté une série de mesures d’urgence, dont le CARES Act.

Les nouvelles dispositions ont permis au gouvernement fédéral d’allouer environ 3 000 milliards USD d’aides financières aux entreprises et aux particuliers.

Les compagnies d’assurance ont accordé, pour leur part, des aides d’une valeur de 8,1 milliards USD sous forme de remboursements, rabais, dividendes et crédits aux détenteurs de police d’assurance automobile.

Dans la plupart des Etats fédérés, les compagnies fournissent ce soutien sur une base de volontariat, bien que les autorités gouvernementales incitent les assureurs à prendre de telles initiatives. Cigna et New York Life ont créé, par exemple, un fonds dénommé Brave Heart Fund. Ce dernier a pour objet de fournir un soutien financier aux familles des salariés du secteur médical, décédés du coronavirus.

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