Impact du Covid-19 sur les compagnies aériennes et constructeurs d’avions
Crise sans précédent, en peu de jours, la quasi–totalité des vols a été supprimée, les aéroports fermés, la flotte mondiale immobilisée, des milliers de salariés mis au chômage.
Autre conséquence, des compagnies aériennes se retrouvent en faillite alors que d’autres font appel à l’Etat pour survivre.
Le retour à la normale n’est pas attendu avant trois à quatre ans.
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Impact du Covid-19 sur les compagnies aériennes
Les compagnies aériennes dont certaines étaient déjà dans un état précaire avant l’arrivée du Covid-19 ont été frappées de plein fouet par la crise sanitaire. Les restrictions de déplacement imposées à la population et la fermeture des frontières ont tari le flot habituel de voyageurs.
A l’exception de quelques vols de rapatriement et d’une faible activité de fret aérien, les compagnies aériennes ont été contraintes de réduire jusqu’à 90% de leur capacité, de clouer au sol les appareils et mettre en place des plans d’urgence incluant réduction des coûts et suppression de postes.
Résultat, de nombreux transporteurs se retrouvent dans l’incapacité de faire face à leurs échéances financières et se déclarent eux-mêmes en faillite. C’est le cas de :
- Virgin Australia qui annonce, fin avril, se mettre volontairement en cessation de paiement.
- Latam, la plus importante compagnie aérienne d'Amérique latine avec 41 000 salariés, se déclare le 26 mai 2020 en faillite.
- Aeromexico, un autre important transporteur en Amérique latine, a déposé fin juin son bilan.
Aux Etats-Unis, une des quatre principales compagnies aériennes pourrait bientôt disparaître.
D’autres transporteurs et non des moindres ne doivent leur survie qu’à l’intervention de leur autorité de tutelle respective :
- Alitalia sera nationalisée au prix de 3,3 milliards USD,
- Air France devrait obtenir 7,7 milliards USD de prêts dont 3 milliards de la part du gouvernement français,
- Le néerlandais KLM recevra une aide gouvernementale de 4,4 milliards USD,
- Lufthansa négocie avec l’Etat allemand une aide se chiffrant à 10 milliards USD. Aide conditionnée à une entrée des pouvoirs publics dans le capital de la société,
- Outre atlantique, une enveloppe de 50 milliards USD est allouée aux compagnies aériennes en difficulté.
Au niveau mondial, le montant total des aides d'urgence sollicitées par les compagnies aériennes s'élève à 200 milliards USD.
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Vols annulés
L’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) recense 4,5 millions de vols annulés au cours de la période de confinement. La liste des compagnies aériennes les plus affectées par la suppression des vols inclut Air France, Lufthansa, Ryanair, British Airways Emirates, Qatar Airways, American Airlines, Singapore Airlines, etc, les compagnies chinoises ayant suspendu leurs vols dès le début de la crise.
Volume de transport en chute libre
Le taux de croissance du transport aérien mesuré par l’indice RPK ou indice passager-kilomètre payant est en chute libre de plus de 70% au deuxième trimestre 2020.
Evolution du PIB et du volume de transport (RPK) 2016-2023
Stockage d’aéronefs
Au cours du mois d’avril 2020, le nombre d’avions immobilisés atteignait 16 707. Au tout début de la crise, c’est-à-dire à fin janvier, ce chiffre était déjà de 3 217.
Nombre d’avions stockés et en service, période janvier-mai 2020
Suppression d’emplois
Pour réduire au maximum leurs coûts face à la crise du Covid-19, les compagnies aériennes se retrouvent dans l’obligation de diminuer de façon drastique leurs effectifs. Selon les estimations de l’IATA, 25 millions d’emplois dans le secteur aérien (compagnies aériennes, aéroports, constructeurs, sous-traitants, services,…) sont menacés au niveau mondial, dont 11,2 millions de postes dans la zone Asie-Pacifique.
Covid-19 : Estimation des postes supprimés par compagnie aérienne (1)
Compagnies | Pays | Nombre de postes menacés |
---|---|---|
Air Canada | Canada | 20 000 |
British Airways | Royaume-Uni | 12 000 |
Scandinavian Airlines System (SAS) | Suède | 5 000 |
Easyjet | Royaume-Uni | 4 000 |
Icelandair | Islande | 2 000 |
Ryanair | Irlande | 3 000 |
United Airlines | Etats-Unis | 3 450 |
Air France | France | 8 000 à 10 000 |
(1) Situation à fin mai
British Airways prévoit de supprimer 12 000 emplois, soit un tiers de son effectif total. Pour Air Canada, la baisse concernerait 50 à 60% des effectifs. Les licenciements atteindront 20 000 postes sur un total de 38 000. De son côté, Air France compte mettre en chômage 15 à 20% de ses salariés.
Impact du Covid-19 sur les constructeurs d’avions aéronefs
Boeing et Airbus, les deux principaux constructeurs d’avions, sont également dans la tourmente. Leur cadence de production est revue à la baisse et les achats sont au point mort. Les commandes les plus anciennes sont même menacées d’annulation.
Selon une étude, la baisse des commandes serait entre 40 et 60% au cours des cinq prochaines années et concernerait principalement les avions long-courriers.
Pour Airbus, le mois de mai 2020 s’est soldé par zéro commande et 24 livraisons d’appareils contre 81 en mai 2019. L'avionneur européen prévoit de supprimer 10 000 emplois.
Boeing, déjà fragilisé par la crise du 737 MAX, a enregistré 209 annulations pour le seul mois d'avril. Près de 16 000 postes de travail sont menacés chez le constructeur américain.
Victime collatérale de la crise, le fabricant britannique de moteurs d'avion Rolls-Royce est lui aussi en difficulté. Le motoriste compte supprimer 9 000 emplois, soit 17% de ses effectifs.
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