L’industrie du cinéma et l’assurance

Plus qu’un art de divertissement, le cinéma est devenu de nos jours, une industrie florissante qui met en jeu d’importants capitaux. Un business qui engage des budgets de plus en plus colossaux atteignant parfois des centaines de millions de dollars comme ce fût le cas pour «Titanic» dont le coût de production s’élève à 273 millions USD, sans compter les salaires exorbitants des acteurs.
Alfred HitchcockAlfred Hitchcock

Face à de telles sommes engagées, le cinéma ne peut plus se passer de l’assurance. Le moindre problème lors du long et complexe processus de création de l’œuvre cinématographique, peut tourner à la catastrophe.

Durant la réalisation d’un film, tout est possible. De l’événement le plus tragique, avec la mort d’un acteur ou d’un technicien, au plus improbable comme l’interruption ou l’abandon définitif du projet. Pour les assureurs, le cinéma entre dans la catégorie des risques spéciaux.

Ce sont surtout les nombreuses contraintes logistiques, humaines et temporelles qui requièrent souvent les services d’assureurs spécialisés. L’indisponibilité d’un décor ou d’une personne par exemple peut générer un coût moyen de 92 000 USD à 110 000 USD pour un long métrage.

Assurance et cinéma : Comment assure-t-on la production d'un film ?

Assurer un film, c’est assurer à peu près tout ce qui concerne la production : décors, acteurs, cascades, mobilier, matériel de tournage, supports, … C'est une opération délicate et complexe du fait des nombreux paramètres techniques et humains dont un film est composé. C’est, généralement, la société productrice du projet qui se charge de cette tâche, en faisant souvent appel à un courtier en assurance spécialisé.

Assurance cinemaDès qu’un film est en préparation, le producteur envoie une copie du scénario au courtier ou directement à l’assureur. Une lecture attentive suivie d’une minutieuse analyse du plan de travail (planning du tournage des scènes) seront effectuées. Les scènes qui requièrent des besoins d’assurance spécifiques vont tout de suite retenir l’attention des spécialistes : effets spéciaux, cascades ou plans en hélicoptère. Une fois l’analyse terminée et le scénario décortiqué, il n’y a plus qu’à chiffrer le coût de l’assurance cinéma.

Ensuite, toutes les personnes clefs du film sont dirigées vers des médecins pour passer un examen médical approfondi. C’est surtout les acteurs des premiers et seconds rôles qui sont les plus concernés par cette procédure. Parfois, d’autres personnes, moins visibles dans le film (réalisateur, équipe technique, …) effectuent également un bilan de santé. Quand un réalisateur est âgé, par exemple, les assureurs exigent un metteur en scène de substitution.

Une assurance homme clef est souscrite, si la production juge qu’une ou plusieurs personnes sont indispensables à la réalisation du film. Lorsqu’un problème de santé est décelé l’assureur peut :

  • soit accepter le risque après le paiement d’une surprime
  • soit refuser de couvrir «l’homme clef». La production se retrouve, alors, contrainte de s’adresser à un autre assureur, comme le Lloyd’s par exemple, pour un complément de garantie

Pour se protéger contre l’ensemble des aléas, les sociétés de production souscrivent généralement une assurance dommages pour le décor, les accessoires, le matériel de tournage. Une fois le film en boîte, d’autres assurances interviennent comme :

  • « la garantie support » pour protéger les négatifs et tout support numérique lors du montage
  • les garanties couvrant les droits d’auteur, les crédits musicaux
  • les couvertures spécifiques pour les phases de promotion et de distribution
On estime que pour un long-métrage, le coût moyen de l’assurance est compris entre 1 et 2% du budget total

De nombreux cabinets de courtage se sont spécialisés dans ce marché de niche et proposent des solutions adaptées. Il s’agit en particulier de Continental Media Assurance, Riskmedia International, Gras Savoye, Diot Bellan ou encore Marsh. Du côté des assureurs, QBE Insurance (Australie) et Gerling (Allemagne) sont les leaders incontestés de l’industrie cinématographique.

Continental Media Assurances : un courtier spécialiste de l’audiovisuel

Présent sur la scène depuis plus de 30 ans, Continental Media Assurances a couvert près de 8 000 réalisations dans le monde pour des budgets compris entre 10 000 et 210 millions USD. Continental Media Assurances a développé un réseau à l’international et est actif surtout en Europe et en Amérique du Nord.

Assurance et cinéma : les garanties proposées par les assureurs

Les garanties souscrites pour la production d’un film cinématographique couvrent, le plus souvent, la responsabilité civile, les pertes pécuniaires, les dommages affectant les biens et le matériel ainsi que la bonne fin de l’œuvre.

La responsabilité civile

Cette garantie couvre les dommages causés aux tiers par le fait du personnel engagé par l’assuré ou par le fait du matériel utilisé durant le tournage. Cette assurance qui est souscrite dès le début de la préparation du film de cinéma expire à la fin des travaux de post production. La production d’une attestation d’assurance est souvent indispensable pour l’obtention de la plupart des autorisations de tournage.

Les pertes pécuniaires

La garantie des pertes pécuniaires permet à la société de production de faire face aux frais supplémentaires engagés pour achever le film. En cas d’abandon total du projet, cette perte correspond aux dépenses engagées par l’assuré du début du projet jusqu’à l’arrêt définitif de la production.

Deux types de garanties sont proposés par les assureurs :

La garantie production

Elle a pour objet d’indemniser les frais supplémentaires, résultant de l’ajournement, l’interruption ou l’abandon de la production du film. Elle comprend trois volets :

  • la garantie « pré-avant production » couvre toutes les pertes pécuniaires entrainées par l’abandon du projet suite à l’indisponibilité des personnes clefs (maladie)
  • la garantie « avant production » regroupe les risques couverts par la garantie « pré-avant production » ainsi que les dommages causés par inondation, incendie, perte ou détérioration d’un bien ou d’un décor indispensable à la réalisation du film
  • la garantie « production » couvre les risques précités et s’étend à toute la durée du tournage

La garantie support individuel (négatif)

La société de production de films de cinéma peut également souscrire une assurance support individuel (négatif). Cette garantie indemnise l’assuré en cas de détérioration, perte totale ou partielle des supports utilisés pour le tournage du film, pendant leur transport ou traitement en laboratoire. Le coût du retournage d’une scène dont la bobine a été endommagée est supporté par l’assureur.

Cette garantie exclut l’utilisation de matériel défectueux et les erreurs de manipulation, de développement et de montage.

Les dommages aux biens

Cette garantie couvre les dommages matériels survenus lors du tournage, transport ou stockage. Il s’agit de préjudices qui affectent les bâtiments, décors, appareils, bureautique, … et entrainent un retard sur le planning de production.

Trois types de garantie sont prévus :

  • la garantie « mobilier, décors, costumes » en cas de dommages occasionnés sur le tournage pendant le transfert ou le stockage
  • la garantie « décors construits » en cas de destruction partielle ou totale du décor
  • la garantie « tous risques matériels »

La garantie de bonne fin

Elisabeth TaylorLe dépassement des délais, et donc de budget, est la hantise des producteurs. La garantie de bonne fin permet donc de rassurer les financiers du film.

Lors de la souscription de la garantie, le producteur s’engage à ce que le film soit achevé à une date déterminée pour un montant déterminé. Il peut faire appel à un garant de bonne fin, qui, présent sur le plateau de tournage, a pour mission de résoudre les problèmes qui pourraient causer du retard.

Très utilisé dans les pays anglo-saxons, ce système dont la part des primes avoisine 2,5% du budget d’un film est notamment utilisé pour les coproductions internationales.

Les autres risques

Les sociétés de production peuvent souscrire d’autres garanties comme celles concernant les conditions climatiques, le transport de fonds, les erreurs ou omissions, individuelle accidents et automobile.

Budgétisation d’un film : exemple de «Thelma, Louise et Chantal» Sorti en 2010

Le film français «Thelma, Louise et Chantal» a coûté 4 506 438 USD. Son budget se répartit comme suit:

CatégorieDépenses
en USD
Dépenses en % du budget total
Droits artistiques : (droits d’auteur, sujet, adaptation des dialogues…)
191 8064,25%
Personnel (salaires de l’équipe technique)
958 58421,3%
Interprétation (salaires des acteurs)
710 02215,75%
Charges sociales pour les acteurs et l’équipe technique, indemnités
726 09416,15%
Décors et costumes
230 7215,15%
Transports, défraiements, régie
363 4268%
Moyens techniques : tout le matériel loué et acheté pendant le tournage : caméras, machinerie, éclairage, son
389 2028,65%
Pellicules et laboratoires
333 7477,4%
Assurances et divers frais financiers
182 3214%
Frais généraux et imprévus
420 5159,35%
Total
4 506 438 100%

Assurance et cinéma : Exemples d’incidents survenus durant le tournage

L'Exorciste, un tournage maudit (1973)

Neuf. C'est le nombre impressionnant de décès survenus durant le tournage de «L'Exorciste». Un film maudit avec des incidents en cascade. De plus, Ellen Burstyn, l’actrice principale du film, se blesse au dos à la suite d'une chute et un incendie retarde le tournage de six semaines.

The Crow, budget dépassé (1994)

Le tournage de «The Crow» a connu un événement dramatique. L’acteur Brandon Lee, fils de Bruce Lee, est mort sur le plateau après avoir reçu une vraie balle. Ce terrible accident a coûté, à lui seul, 15 millions USD, le budget du film dépassera les 23 millions USD.

Transformers 2, retard de la production (2009)

On a beau déboursé plus de 200 millions USD de budget pour que tout se passe bien, des fois quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Ainsi Shia Labeouf, l’acteur principal du film, a enchaîné les petits problèmes (accident de voiture suivi d’une blessure lors du tournage) qui ont causé de grands retards à la production.

Bollywood, la plus grosse industrie cinématographique du monde

Chaque année, c’est plus de 4 milliards d’entrées qui sont vendus en Inde contre 3 milliards pour les films hollywoodiens à travers le monde. Les revenus générés par le cinéma bollywoodien dépassent les 4 milliards USD en 2011. Ce marché géant ne compte pourtant qu’une seule société d’assurance offrant des couvertures spécifiques pour les productions cinématographiques indiennes : il s’agit de United India Insurance.

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