La réassurance dans la zone MENA : les conditions de renouvellement 2021

La disparition depuis 2015 de plusieurs réassureurs d’envergure régionale, comme Best Re et Arab Insurance Group, associée aux difficultés de Trust Re et au transfert du siège de Qatar Re aux Bermudes ont légèrement freiné la détérioration des conditions tarifaires tant la concurrence demeure importante.

Cette réorganisation a ouvert les portes à de nouveaux entrants. Elle a également permis à d’autres acteurs d’accroître leurs parts de marché avec les assureurs locaux.

Parallèlement à ces changements ou ajustements, les cessions légales demeurent non négligeables dans plusieurs pays, offrant ainsi un chiffre d’affaires garanti à des réassureurs nationaux.

Ces réassureurs régionaux ou nationaux font face à des environnements difficiles. Cette situation est aggravée par le manque de diversification de leurs profils de risques et par leur taille qui les empêche de réaliser des économies d’échelle significatives. Le fait d’apériter peu de programmes est également handicapant. Cet état de fait ne leur permet pas d’imposer des conditions optimales.

Si les résultats de ces réassureurs nationaux ou régionaux sont régulièrement bons sur leur propre marché, grâce aux liens historiques qu’ils y ont tissés, les souscriptions qu’ils réalisent dans d’autres zones génèrent peu de résultats positifs.

De par leur taille, ils ne peuvent accepter que de petites parts tout en s’exposant de façon disproportionnée avec des affaires techniquement moins maîtrisées, d’où des marges réduites et une très grande volatilité de leurs résultats de souscription hors marché national.

Primes et fonds propres des réassureurs de la zone MENA

Ratios techniques des réassureurs de la zone MENA : 2017-2019

Les catastrophes naturelles n’ont pas épargné la zone MENA lors de ces dernières années. Si les cyclones demeurent relativement rares, les inondations sont par contre de plus en plus fréquentes : Bahreïn, les Emirat arabes unis, le Koweït et l’Arabie Saoudite n’y échappent pas.

Enfin, de nombreux pays sont sur des failles tectoniques importantes et donc sous la menace de tremblements de terre violents, Turquie, Algérie, Egypte.

Hors catastrophes naturelles, la préoccupation majeure de tous les acteurs du marché concerne la situation sanitaire mondiale. Le Covid-19 entrainera-t-il un raffermissement des conditions de renouvellement ? Rien n’est moins sûr.

Des mesures d’exclusion de ce risque ont été adoptées dès l’apparition de la pandémie notamment lors du renouvellement de juillet 2020. Les établissements publics de santé ont pris en charge la majorité des coûts de la pandémie et réduit, de ce fait, l’impact du fléau sur les polices maladie souscrites par les assureurs privés.

L’assurance vie étant peu développée dans la zone MENA, le marché souffrira plus du ralentissement des économies dû aux mesures de restriction et à la baisse des recettes fiscales que de la pandémie elle-même.

La tendance assez nette de raffermissement des conditions de renouvellement constatée au 1er janvier 2019, s’est inversée au 1^er juillet 2020.

Autre donnée importante, la zone MENA, dont de nombreuses économies sont liées au prix des hydrocarbures, sera plus défavorisée par la faiblesse des cours du pétrole que par l’impact direct du coronavirus.

Couplée à la baisse du prix du pétrole, le ralentissement économique provoqué par la pandémie peut entrainer une contraction des affaires et donc exacerber la concurrence entre réassureurs.

En fait, les conditions de renouvellement 2021 dépendront des réassureurs les plus influents c’est-à-dire ceux qui ont la capacité de faire pression sur les programmes de réassurance à majorité proportionnelle. La catastrophe de Beyrouth pèsera par contre sur le renouvellement des traités libanais.

Malgré cet ensemble de facteurs négatifs récurrents, les réassureurs régionaux ont pu afficher jusqu’à 2019 des retours sur capitaux propres très satisfaisants, notamment grâce à des politiques d’investissements à forts rendement.

Rendement des placements et retour sur capitaux propres des réassureurs de la zone MENA : 2017-2019

Notation des principaux réassureurs régionaux