Réassurance dans le monde : le marché anglo-saxon et le marché européen
La réassurance, c’est
- Un chiffre d’affaires de 183 milliards USD en 2008, en hausse de 1,5% par rapport à 2007
- Deux principaux acteurs : l'Europe et l'Amérique du Nord avec respectivement 55% et 30% des primes acceptées
- Les cinq principaux réassureurs détiennent 50% du marché mondial
Répartition des primes par zone en 2008
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La conception anglo-saxonne du marché de réassurance
La conception anglo-saxonne regroupe le marché anglais, dont le Lloyd’s est l’intervenant le plus important, le marché américain et le marché bermudien.
Le marché de Londres de réassurance
Le marché de Londres est un marché de transactions pour les grands risques et les risques non vie. Atlas magazine a consacré un dossier expliquant sa structure et son fonctionnement. Pour y accéder cliquez sur le lien ci-dessus.
Le marché américain de réassurance
C’est le plus important marché. Il génère 51% des primes d’assurance mondiales.
Le classement 2008 des dix premiers réassureurs mondiaux (selon le chiffre d’affaires), compte trois groupes américains : Berkshire Hathaway, Reinsurance Group of America et Transatlantic Re.
Historiquement, c’est dans les années 1970 que les investisseurs américains ont commencé à s’intéresser au marché de la réassurance à travers :
- des captives
- des agences de souscription, notamment à Londres
- des rachats de sociétés dans différents marchés européens
Caractéristiques du marché américain de réassurance
Le marché américain de réassurance évolue sous l’influence d’un comportement purement financier, très anglo-saxon. Il est régi par des changements d’actionnariat rapides, des fusions et des décisions de retrait du marché dès que les bénéfices diminuent.
Les compagnies Liberty Re, Re AC et Hartford ont rapidement disparu après la décision des actionnaires d’arrêter les souscriptions. C’est en fonction des résultats, que les investisseurs américains font leur entrée ou leur sortie du marché de la réassurance.
Ainsi, la dégradation des résultats des réassureurs dans les années 1980, a été suivie par le repli de beaucoup d’entre eux. La reprise n’interviendra qu’avec la mondialisation du commerce et de l’activité économique. Les investisseurs américains ont alors affiché leur volonté de disposer de sociétés de réassurance de même taille que les sociétés industrielles ou les groupes d’assurance directe.
Structure du marché américain de réassurance
Le système du marché de réassurance américain est différent de celui en vigueur dans les pays européens.
Chaque Etat américain possède un commissaire des assurances l’«Insurance Commissioner», une structure indépendante qui supervise le marché. Elue pour une période déterminée, cette structure est responsable de la bonne marche des opérations d’assurance et de réassurance dans son Etat. L’«insurance commissioner» veille également à la défense des intérêts des assurés.
Deux types de réassureurs peuvent exercer dans un Etat américain :
- les réassureurs autorisés «admitted reinsurers». Ce sont tous les réassureurs qui ont obtenu l’autorisation d’exercer dans l’Etat considéré. Ils fournissent la capacité de base pour couvrir les besoins en réassurance des compagnies d’assurance locales.
- les réassureurs de capacité «surplus reinsurers». Ce sont des réassureurs non agréés dans l’Etat concerné, qui apportent des capacités supplémentaires à celles fournies par les «admitted reinsurers». Ces réassureurs interviennent en deuxième ligne.
Les contraintes du marché américain de réassurance
Le marché américain de réassurance impose aux réassureurs étrangers certaines mesures contraignantes comme :
- La représentation des réserves sous forme de lettres de crédit au profit de la cédante qui peut les récupérer quand elle en a besoin.
- La «federal excise tax», une taxe non récupérable. Elle concerne les réassureurs dont le pays n’a pas conclu de conventions avec les Etats-Unis.
D’autres particularités du marché de réassurance américain sont à signaler, comme par exemple :
- le choix du canal d’acceptation des affaires : le réassureur travaille soit directement, soit par l’intermédiaire de courtiers. Mais, il ne peut pas utiliser les deux canaux simultanément.
- l’exposition importante aux catastrophes naturelles : tempêtes, ouragans, incendies, tremblements de terre.
- le risque de réclamation qui est très important dans la branche de l'assurance responsabilité civile.
Le marché bermudien de la réassurance
Apparus au début des années 1990, les réassureurs «bermudiens» font désormais partie du paysage, au côté des réassureurs traditionnels. Ils contrôlent aujourd’hui 9% du marché mondial.
Historiquement, les Bermudes sont un important marché de captives. Pour profiter d’une législation fiscale favorable (absence d’impôts sur les bénéfices), de grands groupes pétroliers américains y ont installé dans les années 1960 leurs captives d’assurance.
La création dans les années 1980 de sociétés spécialisées dans le risque de responsabilité civile comme Ace et Exel (qui deviendra plus tard XL) a ouvert la voie à de nouvelles implantations dans la région.
Avec des capitaux provenant de divers pays d’Europe, d’Amérique et d’Australie, les compagnies Renaissance, Mid-Ocean, Cat Ltd, LaSalle Re, Terra Nova, Global Capital Re, Partner Re et Tempest Re ont été créées pour souscrire des risques à caractère catastrophique.
Ayant rejoint le marché au début d’un cycle de sinistralité très favorable, ces compagnies ont pu croitre rapidement.
Concentrées, à l’origine, sur les catastrophes naturelles et les risques de responsabilité civile, elles ont, peu à peu, étendu et diversifié leur champ d’action géographique et technique pour devenir des réassureurs généralistes.
Le marché bermudien de réassurance a connu d’importants mouvements de fusions :
- Ace acquiert Tempest Re en 1996 et Cat Ltd en 1998.
- Exel rachète Mid-Ocean et Global Capital Re et prend le nom de XL Capital.
Ace et Exel deviennent, ainsi, les plus importantes sociétés de réassurance des risques catastrophes naturelles du marché bermudien.
- En 2009, Partner Re acquiert Paris Re, ce qui permet au nouveau groupe de devenir le 4ème réassureur en termes de capitalisation.
Marché bermudien de réassurance : le partenariat avec l’Europe
Dotés d’importants fonds propres, certains réassureurs bermudiens sont partis à la conquête du monde par le biais de rachats de portefeuilles et de compagnies traditionnelles. Leur première cible a été le Lloyd’s avec le rachat de plusieurs syndicats. Ils ont développé par la suite des relations de partenariat avec des groupes d’assurance européens et américains.
- Partner Re acquiert en 1997 la SAFR (France), et peu de temps après le département de réassurance du groupe d’assurances suisse Winthertur.
- XL crée en partenariat avec les Mutuelles du Mans assurances, «Le Mans Re» en 1999.
- Ace a acquis Westchester et a racheté les activités non vie de Cigna.
Cette stratégie a permis aux bermudiens de réaliser une meilleure homogénéité de leurs portefeuilles et de bâtir une capacité susceptible de résister aux mauvais cycles.
Marché bermudien de réassurance : 2001, l’année charnière
Après les événements du 11 septembre 2001, une nouvelle vague de sociétés de réassurance est apparue aux Bermudes, avec pour objectif de couvrir les risques attentats et terrorisme. Cet accroissement de la capacité se fait :
- soit par une augmentation des fonds propres des compagnies existantes*:
* Liste non exhaustiveCapital supplémentaire en USD ACE1 milliard Arch Reinsurance1 milliard Partner Re350 millions Renaissance Re233 millions - soit par la création de nouvelles entités* :
* Liste non exhaustiveCapital en USD Allied World1,5 milliards Aspen200 millions Axis specialty
(liée au groupe Renaissance Re)1 milliard Da Vinci Re500 millions Endurance Specialty Insurance1,2 milliards Godshawk Re150 millions Montpellier Re1 milliard Olympus Re600 millions Platinum1 milliard Queens Island Re1 milliard White Mountain Group1 milliard
Marché bermudien de réassurance : les sociétés créées entre 2005 et 2006
De nouveaux acteurs ont fait leur entrée sur le marché des Bermudes au cours des années 2005 et 2006.
Capital en USD | |
---|---|
Amlin Bermuda | 1 milliard |
Ariel Re | Entre 750 millions et 1 milliard |
Arrow Capital Re | 1 milliard |
Flagstone Re | 1 milliard |
Harbor Point | 1 milliard |
Hiscox Bermuda | 500 millions |
Lancashire Re | Entre 700 millions et 1 milliard |
Max Capital Group | 250 millions |
Newcastle Re | 500 millions |
Omega specialty ins co | 100 millions |
Validus Re | 1 milliard |
La conception européenne du marché de réassurance
Les réassureurs de nationalité européenne dominent la scène internationale. En 2008 et selon le critère de nationalité, 28% des primes sont souscrites par des réassureurs allemands, 9,2% par des Suisses. Les réassureurs américains et bermudiens ne souscrivent, en 2008, que 21% et 9% des primes nettes mondiales.
Les réassureurs européens
Allemagne | Espagne | France | Italie | Suède | Suisse |
---|---|---|---|---|---|
Munich Re Hannover Re Allianz Koelnische Re | Mapfre Re Nacional Re | SCOR CCR | Generali | Sirius | Swiss Re New Re |
Caractéristiques du marché européen de réassurance
Une forte concentration caractérise le marché de réassurance européen qui est monopolisé par quatre principaux groupes de réassurance : Munich Re, Swiss Re, Hannover Re et SCOR. Ces derniers occupent les premières places dans le classement mondial des réassureurs. L’émergence de tels groupes et la disparition ou le rachat de nombreuses sociétés de taille moyenne ont été favorisés par :
- les cycles négatifs de résultats
- le désintérêt des actionnaires
- la nécessité de capitaux importants
- les fusions de groupes d’assurance et de réassurance
De toute évidence, le marché européen de réassurance ne cesse de gagner du terrain grâce à:
- un nombre restreint de réassureurs opérant dans un marché économiquement important
- une capacité comparable à celle du marché londonien de réassurance, dans les branches incendie, accidents et risques divers
- des relations de partenariats étendues, basées sur l’idée de continuité
- une proximité avec les clients auxquels il procure un certain nombre de services techniques
- des contrats de réassurance souvent rédigés dans la langue du client
- des cédantes qui établissent et effectuent leurs règlements dans la monnaie de leur pays
- des techniques de gestion, de comptabilisation et de règlement des sinistres souples et rapides
- une flexibilité et une capacité à s’adapter à des marchés, des législations, des environnements bancaires et fiscaux différents
Faiblesses du marché européen de réassurance
- Un marché dispersé entre plusieurs places: Munich, Hanovre, Paris, Zurich
- Absence de courtiers nationaux ou européens importants
- Absence de solidarité entre les différentes places de réassurance européennes
Le marché mondial de la réassurance en 2009
Le classement 2008 des réassureurs
en milliards USDChiffre d'affaires 2008 | Ratio combiné | Fonds propres | |||
---|---|---|---|---|---|
au 30-06-09 | au 31-12-08 | au 30-06-09 | au 31-12-08 | ||
Munich Re (Allemagne) | 26,9 | 98,2% | 99,8% | 29,8 | 29,7 |
Swiss Re (Suisse) | 24 | 92,6% | 98,4% | 21,9 | 19,1 |
Berkshire/Gen Re (USA) | 11,1 | 101,3% | 96,6% | 114,5 | 109,3 |
Hannover (Allemagne) | 10 | 97,7% | 95,7% | 4,5 | 4 |
SCOR (France) | 7,4 | 98,8% | 100% | 5,1 | 4,8 |
RGA (Etats-Unis) | 5,3 | ND | ND | 3,1 | 2,6 |
Transatlantic Re (USA) | 4,1 | 94,3% | 98,5% | 3,5 | 3,2 |
Partner Re (Bermudes) | 4 | 85,3% | 94,1% | 4,8 | 4,2 |
Everest Re (Bermudes) | 2,9 | 85,7% | 92,3% | 5,5 | 5 |
XL Re (Bermudes) | 2,4 | 77,7% | 90,4% | 7,5 | 6,1 |
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Après avoir enregistrés, du fait de leurs investissements, de lourdes pertes en 2008, les réassureurs devraient tirer leur épingle du jeu en 2009.
L’augmentation des tarifs a, en fait, été actionnée, dès début 2009, lors des renouvellements de janvier en Europe, d’avril en Asie et de juillet aux Etats-Unis. La plupart des réassureurs ont revu leurs prix à la hausse de 10 à 15% dans les zones les plus sensibles et dans des branches spécifiques. Les taux auraient progressé de 11% en moyenne aux Etats-Unis, atteignant même les 40% pour les risques situés dans le Golfe du Mexique.
Marché mondial de réassurance : la demande n'a pas faibli
Les turbulences des marchés, la crise du crédit, et le manque de flexibilité financière pèsent lourdement sur la capacité des assureurs à assumer leurs risques.De plus, le nombre des catastrophes naturelles a sensiblement augmenté ces dernières années. Les événements catastrophiques de 2008 ont coûté 45 milliards USD aux assureurs, soit le troisième plus mauvais exercice enregistré. La crainte d’une catastrophe naturelle majeure et la recrudescence de sinistres de taille moyenne inquiètent le marché. Face à de tels risques, les assureurs se montrent de plus en plus prudents et recourent davantage à la réassurance pour se protéger.
Des performances remarquables
La réassurance a apparemment bien résisté à la crise. Le secteur récupère rapidement ses pertes de 2008.
Les grands réassureurs affichent de solides performances opérationnelles au terme du premier semestre 2009. Les fonds propres se sont améliorés au cours du 1er semestre 2009 :
Réassureur | Evolution des fonds propres |
---|---|
XL Capital | +22,2% |
Swiss Re | +16,3% |
Partner Re | +13,5% |
Flagstone | +11% |
Odyssey Re | +11% |
Transatlantic | +11% |
White Mountains Ins Group | + 10,5% |
Hannover Re | +10,2%* |
Axis | +10% |
Scor | +3,4% |
Au cours du 1er semestre 2009, les fonds propres de l’ensemble des réassureurs ont augmenté d’environ 10%.
Un secteur en effervescence
Certaines tendances semblent se dessiner en 2009 :
- une certaine consolidation au niveau mondial est remarquée avec deux opérations de fusions :
- Partner Re achète Paris Re pour 2 milliards USD
- Validus Re acquiert IPC Re pour 1,7 milliards USD
- une croissance endogène. Pour améliorer leurs performances les réassureurs tablent de plus en plus sur une croissance interne et non plus sur les acquisitions
- des tarifs revus à la hausse
- une hausse de la demande en réassurance et une diminution de l’offre. Les réassureurs semblent plus prudents et davantage sélectifs
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Résultats des leaders du marché de la réassurance au 1er semestre 2009
Le marché de la réassurance résiste bien aux chocs, il a renoué en un laps de temps très court avec les bénéfices.
- Munich Re a révélé des résultats au 1er semestre 2009 supérieurs aux attentes. Au deuxième trimestre, les primes brutes ont augmenté de près de 15%, par rapport à la même période l’année précédente.
- Swiss Re a profité des récents renouvellements pour réorienter ses souscriptions et se désengager des activités de responsabilité civile. Le réassureur suisse table sur un ratio combiné inférieur à 95% en 2009.
- Hannover Re a bénéficié d’un développement en réassurance dommages et surtout en réassurance vie et santé.
- Scor a accompagné ses renouvellements de juillet 2009 d’une majoration tarifaire de 5,9%, (après une hausse de 3,3% en janvier) et d’une augmentation du volume des primes de 20%.
Résultats au 1er semestre 2009
en millions USD
Primes brutes | Ratio combiné non vie | Résultat net | |
---|---|---|---|
Munich Re (réass. uniquement) | 17 167 | 97,7% | 1 821 |
Scor | 4 562 | 97,5% | 258 |
Swiss Re | 15 168 | 89,8% | -213 |
Hannover Re | 7 361 | 97,1% | 587 |
Partner Re | 2 187 | 85,3% | 599 |
Transatlantic Re | 2 201 | 94,9% | 188 |
Everest Re | 1 972 | 85,7% | 381 |
XL Re | 1 450 | 77,7% | ND |
Odyssey Re | 1 066 | 96,0% | 123 |
Paris Re | 919 | 91,5% | 121 |
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