Rapprochement entre assureurs et réassureurs

Si ces opérations de concentration permettent aux cédantes de diversifier leurs activités, elles accordent aux réassureurs la possibilité de se positionner au plus près du risque.

Intérêt des assureurs pour le marché de la réassurance

Au cours des dernières années, plusieurs assureurs font leur retour sur le marché de la réassurance après l’avoir quitté quelques années auparavant. C’est le cas de :

• Axa qui a cessé toute activité de réassurance en 2006 suite à la vente de sa filiale Axa Re (rebaptisée par la suite Paris Re). L’assureur français a racheté en 2018 le groupe bermudien XL pour 12 milliards USD.
• Covéa qui depuis 2018 effectue plusieurs tentatives pour réintégrer le marché de la réassurance. Il signe en octobre 2021 un protocole d’accord avec Exor pour racheter PartnerRe. La valeur de la transaction s’élève à 9 milliards USD. En 2002, le groupe mutualiste avait cédé à XL Capital, Le Mans Re.

A ces retours très médiatisés, s’ajoute l’arrivée des grands groupes d’assurance directe dans la réassurance. C’est le cas notamment de :

• American International Group (AIG) qui acquiert en 2018 le bermudien Validus pour 5,56 milliards USD. En 2019, le groupe américain crée AIG Re qui regroupe sous un même chapeau les activités de Validus Re, Alpha-Cat et Talbot.
• Berkshire Hathaway qui après avoir fait ses premiers pas dans l’assurance avec l’acquisition de National Indemnity et de GEICO en 1967, intègre en 1998 le marché de la réassurance. Le conglomérat a mis sur la table 22 milliards USD pour racheter General Re (ex Cologne Re).

Cet appétit croissant des assureurs pour la réassurance s’explique par :

• la quête de diversification par le biais d’une plus grande mutualisation géographique et par branche,
• l’accès à un réseau international ainsi qu’au marché des capitaux,
• la réalisation de marges plus élevées que celles apportées par l’assurance traditionnelle grâce à un volume important de primes sans recours à d’importantes infrastructures,
• la mise à disposition de l’expertise technique pour absorber les risques de pointe et les chocs majeurs.

Intérêt des réassureurs pour le marché direct

A l’opposé de certains assureurs qui ont fait plusieurs allers et retours au gré des cycles et des stratégies, les réassureurs semblent plus déterminés à s’engager dans le marché direct.

Ainsi, les principaux réassureurs mondiaux ont acquis, dés le début des années 1990, des entités dédiées à l’assurance. Ces dernières ont pour objectif principal de couvrir les risques industriels et commerciaux et de remédier à la hausse des rétentions du marché primaire.

Parmi ces réassureurs, on retrouve :

• Munich Re qui a acquis plusieurs participations dans des compagnies d’assurance allemandes. Ces dernières fusionnent en 1997 et donnent naissance à Ergo, qui devient rapidement le deuxième assureur du pays après Allianz. En 2001, Ergo devient une filiale entièrement détenue par Munich Re, opérant dans les branches vie et non vie. En 2020, 42% du résultat du groupe allemand sont réalisés par l’entité directe.
• Swiss Re qui a développé une entité en interne pour couvrir les risques industriels de l’après-guerre. Dès le début des années 1990, le réassureur suisse crée un département dédié à l’activité directe. Pour se rapprocher encore plus des assurés, Swiss Re fonde en 2011 une entité séparée en charge des risques industriels et commerciaux, Swiss Re Corporate Solutions.
• Scor qui se veut lui aussi plus proche du risque et du client. Grâce à la complémentarité entre sa plateforme d’assurance de spécialités (aviation, transport maritime, engineering, dommages aux biens…) et sa plateforme de réassurance, Scor tire profit de son expertise technique pour mieux appréhender le risque.
  L’assurance de spécialités représente ainsi 25% du chiffre d’affaires de Scor Global P&C (branche dommages et responsabilité).

L’assurance directe permet ainsi aux réassureurs de :

• diversifier leur portefeuille,
• mieux affronter les cycles,
• faire face à la baisse des cessions,
• se rapprocher de l’assuré et couvrir directement certains risques des grandes entreprises.