Spécial Bermudes

Quelles sont ces compagnies des Bermudes qui intriguent par leur extraordinaire réactivité et dont les performances font peur, même au tout puissant marché des Lloyd's ? Tels des phénix renaissant de leurs cendres, on les croit définitivement ruinées par les pertes colossales dues aux catastrophes naturelles et les voilà engendrer de nouvelles pousses qui repartent à l'assaut de grosses parts du marché.

Grâce à un environnement local favorable qui a su attirer les capitaux et à une fiscalité très incitative, cet archipel de l'Atlantique s'est imposé, en quelques années, comme une place forte de l'industrie mondiale de la réassurance, en particulier dans les segments des risques majeurs liés aux catastrophes naturelles et à l'énergie.

Crédit photo: Caleb Moore Bermudes: un petit caillou qui a tout d'un grand, surnommé aussi la Silicon Valley de la réassurance

  • Superficie: 53 Km2
  • Population: 65 800 habitants
  • PIB: 4,5 milliards USD (2004)
  • Langue officielle: Anglais

Bermudes: un paradis fiscal à la législation transparente

  • Les Bermudes offrent un statut de société offshore exonérée d'impôts sur les bénéfices jusqu'en 2016.
  • Les actions au porteur anonymes sont proscrites.
  • Il n'y a pas de loi sur le secret bancaire.
  • Pour prévenir le risque de blanchiment d'argent sale, les Bermudes ont signé une convention d'assistance judiciaire avec les Etats-Unis.

Ses atouts

  • Une législation et une gouvernance financières strictes
  • La capacité financière
  • Les infrastructures
  • L'accessibilité et la proximité géographique avec le marché américain
  • Le climat

Une success story

Crédit photo: Mike Oropeza

En une trentaine d'années, trois générations de réassureurs se sont succédées aux Bermudes.

La première est née dans les années 1970, lorsque les Bermudes se sont spécialisées dans les captives de réassurance, créées par des groupes industriels pour prendre en charge une part de leurs risques. Dans les années 1980 des compagnies nouvellement implantées ont racheté des réassureurs traditionnels en Europe et diversifié leurs portefeuilles. Elles sont devenues des généralistes intervenant dans toutes les branches d'assurance vie et non-vie.

Le flux des affaires et des capitaux s'est accéléré en 1992 à la suite de l'ouragan Andrew qui, avec 17 milliards USD de dommages, a mis en difficulté de nombreux réassureurs.

La deuxième vague des réassureurs bermudiens est arrivée après le cataclysme du World Trade Center en 2001 et la reconfiguration du marché qui en a résulté. Ces nouveaux entrants ont pleinement profité de la hausse des tarifs de réassurance des années 2002 - 2003. En un laps de temps très court, des bénéfices record ont pu être engrangés par ces compagnies.

  • 2002: Volume de primes brutes = 63,3 milliards USD
  • 2003: Volume de primes brutes = 94,7 milliards USD
  • 2004: Volume de primes brutes = 95,8 milliards USD

La série noire de l'année 2005 avec les ouragans Katrina, Wilma et Rita a marqué une nouvelle étape. Nombre de compagnies bermudiennes ont subi de plein fouet les pertes colossales occasionnées par les catastrophes naturelles, ce qui leur a valu une dégradation de leur notation. Certaines ont cessé leurs souscriptions tandis que d'autres, comme Alea ou Rosemont Re, ont cédé leur portefeuille ou simplement disparu.

  • Ace a payé une facture de 742 millions USD.
  • Montpelier Re a perdu 691,9 millions USD.
  • XL Capital a perdu 440,1 millions USD contre un bénéfice de 868,5 millions USD en 2004.
  • Endurance a enregistré une perte de 220,5 millions USD contre un bénéfice de 298,8 millions EUR (362,3 millions USD) en 2004.
  • Partner Re affiche une perte nette de 42,9 millions EUR (52 millions USD) contre un bénéfice de 413,8 millions EUR (501,7 millions USD) en 2004 .
  • Renaissance Re a enregistré une perte de 573 millions USD.
  • PXRe a enregistré 409 millions USD de pertes.

Mais paradoxalement, la crise a produit un effet catalyseur en créant un appel de capitaux. De nouveaux investisseurs n'ont pas hésité à injecter des sommes énormes pour renflouer les compagnies en difficulté ou en créer de nouvelles. En un laps de temps record, les créations se succèdent. On en dénombre pas moins de quatorze pour le seul dernier trimestre de l'année 2005. Dits de troisième génération, ces réassureurs, aussitôt opérationnels, postulent à la notation des grandes agences internationales. Plus de 8 milliards USD ont été investis dans de nouvelles structures aux Bermudes.

Les principaux acteurs de la nouvelle vague

  • Harbor Point, capital: 1,5 milliards USD
  • Lancashire, capital: 1,065 milliards USD
  • Amlin Bermuda, capital: 1 milliard USD
  • Ariel Re, capital: 1 milliard USD
  • Validus Re, capital: 1 milliard USD
  • Flagstone Re, capital: 552 millions USD
  • Hiscox Bermuda, capital: 502 millions USD
  • New Castle Re, capital: 500 millions USD
  • Cyrus Re, capital: 500 millions USD
  • Blue Ocean Re, capital: 300 millions USD

La course vers la notation

Image provided to Microsoft by iStockphoto. Used with permission from MicrosoftFondée après le cyclone Katrina, New Castle Re, a obtenu de A.M. Best la note « A- » le 4 novembre 2005. Entre le 13 et le 20 décembre 2005, A.M. Best a attribué la note « A- » à sept de ces starts-up: Amlin Bermuda, Validus, Harbor Point Re, Lancashire Insurance, Hiscox Bermuda, Ariel Re et Flagstone Re. Ce qui a placé ces compagnies en bonne position pour les renouvellements de janvier 2006.

Ces chevaux de bataille de la réassurance ont bénéficié de la situation de confusion résultant de l'ouragan Katrina et du retard qu'elle a engendré dans le programme de renouvellement des contrats, mais, contrairement à leurs attentes, la hausse des tarifs escomptée n'a pas eu lieu, et l'attitude globale est à la prudence.

Leçons de la crise et perspectives

Selon les prévisions, la demande de réassurance des risques catastrophes naturelles devrait croître car les compagnies de réassurance et d'assurance sont sous la pression des agences de notation pour rechercher de nouveaux moyens de réduire leur exposition. Certains estiment même que les catastrophes de 2005 ont suscité une demande de capital investi pour ce type de risque. La leçon de 2005 a donc servi à réduire l'amplitude du cycle et eu un effet d'entraînement sur les réassureurs de la place.

Toutefois, on considère que certaines de ces starts-up qui focalisent trop sur le risque volatile des catastrophes naturelles risquent de rencontrer des difficultés futures en cas de baisse des tarifs. La seule façon de garantir leur pérennité c'est la diversification de leurs affaires par le rachat de portefeuilles classiques. Il faut donc s'attendre à des absorptions ou des fusions de compagnies de taille moyenne.

En dépit des lourdes pertes de 2001 et 2005, le marché des Bermudes a démontré sa grande capacité à rebondir et attirer les capitaux. Sur un total compris entre 16 et 17 milliards USD levés depuis l'ouragan Katrina, les Bermudes se sont taillées la part du lion.

Une sélection des compagnies bermudiennes et leurs résultats au 31 Décembre 2005
en millions USD
 Primes brutesEvolution
2004/2005
Primes nettesEvolution 2004/2005Résultats netsEvolution
2004/2005
ACE
16 814+4%11 752+6%1 029-11%
XL Capital
11 849+7%9 617+7%(1 292)ND
Everest Re Group
4 110-13%3 963-10%(219)ND
Arch Capital Group
4 015+9%2 978+2%257-19%
Partner Re
3 665-6%3 599-4%(51)ND
AXIS Capital Holdings
3 394+13%2 554+26%90-82%
Aspen Insurance Holdings
2 093+32%1 508+22%(178)ND
Renaissance Re Holdings
1 809+17%1 403+5%(274)ND
Endurance Specialty
1 669-2%1 724+6%(223)ND
Max Re Capital
1 246+19%1 039+13%7-95%
Montpellier Re Holdings
979+17%849+8%(784)ND
IPC Holdings
472+25%453+28%(626)ND
Scottish Re Group
NDND1 934+228%125+76%
ND: non disponible Source: Journal Officiel des Assurances aux Bermudes (2006-Vol. 2)
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