Vol de bijoux à l’hôtel Carlton

Appartenant à la célèbre maison de joaillerie Leviev, les 72 pièces disparues, dont 34 d’exception, représentent un butin d’une valeur de 136 millions USD, soit le plus important vol de bijoux jamais commis en France.

C’est au moment du transfert des pièces du coffre-fort de l’hôtel à la salle d’exposition, 50 mètres plus loin, que le hold-up a eu lieu. Le malfaiteur s’est introduit par une porte-fenêtre entre-ouverte et s’est enfui moins d’une minute plus tard de la même manière.

Même si les défaillances dans les consignes de sécurité sont notoires: vigiles non armés, fenêtre ouverte donnant sur la terrasse de l’hôtel, entrée sans effraction du voleur, non signalement de l’importance des produits exposés à la police locale, la garantie souscrite par le joaillier auprès du Lloyd’s, assureur des bijoux volés, devrait entrer en jeu. Le vol s’est produit à main armée et en pleine journée.

Selon les spécialistes, le montant de la prime d’assurance d’une telle marchandise devrait être compris entre 2% et 3% de la valeur des bijoux, soit entre 2,6 et 3,9 millions USD. De plus, la joaillerie Leviev a dû payer une prime supplémentaire pour couvrir l’exposition de ses pièces uniques sur la Croisette, un haut lieu du luxe où la criminalité augmente d’année en année.

Vol de bijoux à l’hôtel Carlton, avancement de l’enquête

La réparation du préjudice devrait prendre entre deux et quatre mois. Les délais de règlement dépendent de l’évolution de l’enquête de police. Pour accélérer le dossier, le Lloyd’s propose, comme il l’a déjà fait en 2008 lors du cambriolage de la bijouterie Harry Winston, une récompense de 1,3 million USD à la personne qui permettra de retrouver le butin.
A la fin de l’enquête, trois solutions sont à envisager:

1. La police estime qu’il y a peu de chance de retrouver les bijoux. L’assureur verse l’intégralité de la valeur du butin, soit 136 millions USD au bijoutier.
2. Les bijoux sont retrouvés après le versement de l’indemnisation. La compagnie d’assurance devient propriétaire du butin. Le bijoutier est néanmoins prioritaire pour racheter les pièces récupérées, si la société d’assurance décide de les mettre en vente. Le bijoutier peut cependant refuser le rachat et conserver l’indemnité.
3. Le butin est retrouvé avant le versement de l’indemnité. L’assurance ne paye rien et l’assuré récupère ses biens.

A fin décembre 2017, soit plus de quatre ans après le vol des bijoux à l’hôtel Carlton, le butin n'a jamais été retrouvé.

Sinistralité en hausse, assureurs réticents

L’activité HBJO (Horlogerie, Bijouterie, Joaillerie, Orfèvrerie) connaît depuis trois ans une augmentation de la sinistralité. Selon le courtier d'assurance Verspieren, près de 600 cas de cambriolage de bijouterie ont été enregistrés en France pour la seule année 2012.

Face à la hausse de la criminalité, les assureurs sont de plus en plus réticents à accorder leur garantie à ce type d’activité. Seul le marché londonien du Lloyd’s conjointement avec certains réassureurs comme Swiss Re, Hannover Re ou Munich Re continue de couvrir les risques des grandes marques de luxe.

Principaux vols : période 1963-2013

en millions USD