Explosion du port de Beyrouth

Explosion du port de BeyrouthDans un long entretien accordé à notre confrère Al Bayan, Gabriel BEJJANI non exécutif Chairman de Nasco Re Holding, spécialiste du marché libanais de l’assurance dresse un bilan de la tragédie engendrée par l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020.

Atlas Magazine revient sur cet entretien en résumant les propos développés par G. BEJJANI, regroupés par la rédaction en quatre grands points :

  • La position des assureurs libanais

Dans un Liban en pleine dépression économique et malgré la pression populiste qui tend à culpabiliser les assureurs pour leur lenteur à répondre aux demandes des assurés, les compagnies d’assurance locales ont été à la hauteur de ce défi historique en réglant tout d’abord les primes aux réassureurs en dollars «transférables» alors que les clients réglaient ces mêmes primes en dollars «confisqués».

Il n’y aurait pas eu de couverture de réassurance sans cet effort financier consenti par les assureurs.

  • Les causes de l’explosion

Accident, acte de guerre ou cause indéterminée, l’origine de l’explosion demeure un mystère. Pour des raisons politiques, sécuritaires et bureaucratiques, l’enquête engagée par les autorités a été suspendue à plusieurs reprises. Seule la détermination officielle de la cause de l’explosion par les autorités pouvait aboutir à un règlement rapide du dossier.

Cette démarche aurait permis d’éviter à certaines cédantes libanaises, à leurs réassureurs et rétrocessionnaires, des difficultés financières et juridiques.

  • L’expertise des dommages

La crise économique que traverse le Liban empêche non seulement les assurés à effectuer les réparations mais entrave également le travail des experts qui rencontrent des difficultés énormes à chiffrer les dommages. L’indemnisation étant basée sur des factures acquittées, les compagnies d’assurance se retrouvent donc dans l’incapacité de régler les sinistres.

D’autant plus que ce travail méticuleux en lui-même se complique avec l’intervention de conseillers externes qui tendent à surévaluer le montant des sinistres en y intégrant par exemple des pertes d’exploitation indues.

  • Le règlement des sinistres

En fait, le retard du règlement des sinistres par l’industrie de l’assurance s’explique par la complexité du dossier aggravée par le contexte libanais actuel. A noter que NASCO RE, un des courtiers traditionnels du marché avait pour objectif initial de solutionner 90% de ses engagements avant le 4 août 2022.

Malheureusement, les difficiles négociations entre assurés et experts n’ont permis d’atteindre que 75% de cet objectif qui s’élève à un total de sinistre de 250 millions USD net de rétrocession des réassureurs régionaux. Pour rappel, le montant total du sinistre pour l’ensemble du marché est estimé à l’heure actuelle à 1.3 milliard USD.

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