Coût des catastrophes naturelles au niveau mondial

Selon un rapport intitulé Aquanomics publié par GHD, un bureau d’étude en génie et architecture, l’aggravation des catastrophes naturelles principalement celles liées à l'eau (températures extrêmes, inondations et fortes intempéries) pourrait entraîner des pertes estimées à 5 600 milliards USD pour l’économie mondiale d’ici 2050.

Ces catastrophes coûtent d’ores et déjà des centaines de milliards USD par an. Selon Swiss Re, pour la seule année 2021 les pertes économiques engendrées par ce type d’événement ont atteint 280 milliards USD.

Catastrophes naturelles : évolution du nombre d’événements, victimes et pertes

* Les chiffres se rapportent au premier semestre de l’année 2022
⁽¹⁾ en milliards USD
Source : Swiss Re Institute

Les principales conséquences du réchauffement climatique peuvent se résumer comme suit :

• perturbation économique durable avec des conséquences à long terme,
• déplacements massifs de population vers des lieux moins vulnérables aux catastrophes naturelles,
• impact grave de la fréquence des épisodes de sécheresse sur la production agricole. Le secteur n’arrive plus à reprendre son souffle, ce qui représente une menace pour la sécurité alimentaire mondiale,
• perturbation des chaînes d’approvisionnement, surtout celles opérant à travers les cours d’eau à cause de l’assèchement des fleuves et rivières,
• destruction à long terme de l’écosystème. Après un incendie, il faut vingt à trente ans pour reconstituer une forêt et les activités qui en dépendent.

Selon Swiss Re, le bouleversement climatique est devenu une menace réelle qui pèse sur l’avenir. En Europe, la vague de chaleur et la canicule historique de 2022 pourraient précipiter la récession. Pour cause de réchauffement climatique, la Banque Centrale Européenne table d’ores et déjà sur une perte de 4% de croissance économique d’ici 2030 dans la zone euro.

Catastrophes naturelles : pertes économiques et assurées en 2021

Source : Swiss Re Institute

Catastrophes naturelles en 2022 : pertes assurées en hausse

Les sinistres résultant de conditions météorologiques extrêmes sont en hausse au cours du premier semestre 2022. Selon les estimations de Munich Re, le total des pertes assurées atteint 35 milliards USD à fin juin 2022. A elles seules les tempêtes et les inondations survenues en Australie, en Europe et aux Etats-Unis représentent plus de 35% du total des pertes.

Pour l’ensemble de l’année 2022, les analystes tablent sur un record de sinistralité. Les divers phénomènes météorologiques survenus aux quatre coins du globe durant la saison estivale devraient gonfler la facture semestrielle déjà en hausse par rapport à la moyenne des dix dernières années (29 milliards USD).

Cette tendance haussière se confirme particulièrement depuis cinq ans avec la multiplication des périls de type secondaires. Ces aléas touchent, en fait, encore plus de populations et de régions, entraînant des pertes assurées de plus en plus élevées. De plus, la recrudescence des périls secondaires et la survenance d’un ou plusieurs événements majeurs, de type ouragan dévastateur ou tremblement de terre de forte magnitude au cours d’une même année, impacterait lourdement le marché. Face à cette situation, l’industrie de l’assurance tire la sonnette d’alarme : l’accumulation des pertes pèserait lourdement sur la rentabilité de la profession.

Catastrophes naturelles : répartition des pertes assurées par type de péril de 2017 à 2021

Le tableau ci-dessous ventile les pertes assurées selon les types de périls (secondaires et primaires) sur une période de cinq ans : 2017-2021. Le total des pertes exclut les dommages liés aux événements d’origine humaine.

Pour rappel, les périls primaires sont des catastrophes naturelles causant d’importantes pertes pour l'industrie de l'assurance. Les périls secondaires sont les effets secondaires d’un péril primaire ou des événements de taille moyenne, en lien avec le réchauffement climatique.

⁽¹⁾ Hors catastrophes d’origine humaine

Selon AIR Worldwide, société spécialisée dans la modélisation des risques, l’industrie de l’assurance devrait s’attendre sur le long terme à une facture annuelle moyenne de près de 110 milliards USD liée aux Cat Nat. La moyenne de la dernière décennie se situait à 75 milliards USD. Avec le dérèglement climatique, AIR Worldwide anticipe des pertes qui pourraient dépasser les prévisions pour grimper jusqu’à 200 milliards USD en moyenne par an au cours des dix prochaines années.

Face à la hausse de la sinistralité catastrophes naturelles, les acteurs du marché déploient différentes stratégies :

• La réduction ou la suppression de l’exposition aux risques. C’est le cas des sociétés Axis, Axa XL, RenaissanceRe,… qui réévaluent leurs risques et jugent que les primes sont restées insuffisantes face à la hausse de la sinistralité. Une telle option devrait réduire l’offre de couverture et faire grimper les tarifs.
• Le développement du portefeuille Cat Nat à l’instar de Munich Re, Swiss Re, … Considérant cette niche comme « une opportunité commerciale », ce profil d’acteurs est conforté par une position solide au sein du marché, une bonne expertise en matière de risque, une solidité financière, une diversification du portefeuille et une large base de clientèle.
• Le relèvement des taux d'assurance et de réassurance de la branche.
• La révision des critères d’indemnisation comme l’exclusion des dommages purement esthétiques ou superflus.
• Le développement d’autres solutions comme l’assurance paramétrique qui se déclenche automatiquement dès que certaines conditions prédéfinies sont remplies. Exemple : la baisse du niveau d’eau des rivières pendant les épisodes de sécheresse.
• L’encouragement des mesures de prévention et d’atténuation des catastrophes naturelles comme l’interdiction des constructions dans les zones à risque. Survenu en Louisiane 16 ans après Katrina, l'ouragan Ida n’a coûté que 13,1 milliards USD aux assureurs, soit près de cinq fois moins que Katrina (61 milliards USD) malgré une intensité équivalente.

Catastrophes naturelles : répartition des pertes assurées par type d’événement (2017-2021)

Nous reprenons dans le tableau ci-dessous l’ensemble des pertes par type d’événement en y incluant les pertes dues aux catastrophes d’origine humaine.

⁽¹⁾ Comprend également les catastrophes d’origine humaine
Source : Swiss Re Institute