Atlas Magazine Janvier 2010

Le mélange des genres

L'année 2009 s'achève par un grand ouf de soulagement. Pour la plupart des assureurs, les résultats ne seront pas aussi bons que ceux des années antérieures à 2008 mais ils ne seront pas aussi mauvais qu'on aurait pu le croire.

A l'heure des traditionnels bilans de fin d'année, l'état des lieux est riche en enseignements.

On constate, tout d'abord, que les assureurs ont relativement bien résisté à la crise. Ils disposent d'une trésorerie qui les met à l'abri d'une baisse momentanée de l'activité économique. Ils ne peuvent être affectés que par une crise de longue durée qui assècherait progressivement leurs liquidités.

La crise a également permis de tester le modèle de bancassurance qui se développe depuis quelques années. Le hollandais ING présenté comme le champion de la bancassurance rompt avec ce modèle. D'autres acteurs comme Fortis, Dexia ou Royal Bank of Scotland se retirent de l'assurance ou remettent en question leur schéma d'organisation.

La crise a surtout montré qu'une trop grande financiarisation de l'assurance est dangereuse. La confusion des genres a failli être mortelle aux assureurs dont l'activité obéit à une logique différente de celles des banquiers. Le rôle principal de l'assureur est de gérer le risque et non les actifs financiers. La spéculation financière et la recherche de rendements à court terme sont incompatibles avec la fonction assurance orientée uniquement vers les moyen et long termes.

Enfin, dernier constat, la recherche de la taille a jeté les assureurs dans les bras des financiers. En assurance, la taille n'est pas suffisante. Elle peut même constituer un handicap : perte de contrôle, gigantisme, gâchis, ivresse du pouvoir. Les grands assureurs (AIG), réassureurs (Compagnie Suisse de Réassurance) et courtiers n'ont pas été épargnés par la tourmente. Certes, la taille permet d'accompagner une poignée de clients internationaux mais elle est incapable de donner un service de proximité à des millions d'autres. Or, l'assurance est basée sur une multitude de petits risques et non pas sur quelques gros clients qu'il faut impérativement servir aux quatre coins du globe.

Puissent les assureurs avoir la mémoire longue.

Programme de publicité          Conditions d'utilisation          Copyright          Liens utiles          Réseaux sociaux          Crédits