Atlas Magazine Décembre 2004

Vers une nouvelle division internationale du travail?

Le rapport annuel sur l'investissement dans le monde de la Commission des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) constitue un instrument clé pour ausculter la santé de l'économie mondiale et préciser les tendances de son évolution.

Publiée en septembre dernier, l'édition 2004 est intitulée «The Shift Towards Services». Ses conclusions sont tombées comme un verdict: «le déplacement, à l'échelle mondiale, de l'activité de production va entraîner une nouvelle division internationale du travail, analogue à la réorientation de la production industrielle des années 70 et 80».

L'agence onusienne prévoit que la tendance actuelle va bientôt ouvrir la voie à une «ère nouvelle marquée par une cascade de délocalisations touchant tous les secteurs d'activité». Face à l'ampleur du phénomène, la CNUCED prévient que «ce serait faire preuve d'un manque de clairvoyance que d'adopter des mesures visant à garder à tout prix des emplois de service dans les pays d'origine». Car vouloir empêcher les délocalisations serait aussi vain que dommageable à la productivité et à la compétitivité des entreprises.

Aussi préoccupante soit-elle pour les Etats des pays riches dont la capacité d'intervention dans la vie des entreprises est en net recul, l'analyse ne fait que confirmer une situation déjà établie. Avec l'internationalisation de l'actionnariat et le rôle prédominant des marchés financiers, les entreprises sont de fait les seuls maîtres du jeu économique et de leur politique.

Dans le contexte de ce mouvement planétaire, la question cruciale qui se pose est de savoir qui va tirer le plus grand profit de la nouvelle donne ?

Si la CNUCED estime que la tendance est bénéfique aussi bien pour les pays d'origine des transferts d'activités que pour les pays d'accueil, il est évident que, parmi ces derniers, les mieux placés dans la course sont, actuellement, l'Inde et la Chine. Outre leurs infrastructures, leur know how, le faible coût salarial de leur main d'œuvre et le taux de croissance de leur économie, ces géants disposent d'un atout à leur mesure : un marché intérieur colossal.

Au Moyen Orient, les places de Bahreïn et Dubaï investissent énormément pour occuper ce créneau et s'accaparer le leadership de l'outsourcing dans la région.

Quant à l'Afrique, elle apparaît forcément comme le parent pauvre et le grand perdant dans cette distribution des cartes. Certes, des tentatives pour attirer les investisseurs étrangers existent; Tunisie, Maroc, Maurice et Sénégal se sont engagés dans cette brèche avec des succès relatifs.

A grande échelle, le continent africain reste peu attractif. Dans le secteur de l'assurance qui est un bon révélateur de l'activité économique, on constate déjà que les grands réassureurs se retirent discrètement des marchés africains jugés peu rentables.

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