© DarrenRD, CC BY-SA 4.0 |
Propagation de l’incendie de l'Alberta
Vingt-quatre heures après la déclaration de l’incendie de l’Alberta [4] au sud-ouest de la ville de Fort McMurray, les autorités ont fait état de 49 foyers de feux actifs, dont sept totalement hors de contrôle. Deux semaines après, 19 feux actifs, dont quatre totalement hors de contrôle ont été rapportés dans toute la province.
Les flammes ont été attisées par un temps chaud et sec et des vents soufflant jusqu’à 40 km/h. Comme de nombreux pays, le Canada fait face cette année à l’un des printemps les plus secs depuis plus de 50 ans.
Au total, près de 2000 pompiers assistés de 145 hélicoptères et de 29 avions-citernes ont été mobilisés. L’intensité des flammes n’a diminué qu’au bout de trois semaines avec l’arrivée d’une météo plus clémente et humide. Au 1er juin 2016, l’incendie n’a pas été complètement maîtrisé. Les feux ont gagné la province voisine de la Saskatchewan et ont ravagé 5 262 ha de forêts.
Des feux de forêt ont été également détectés dans les provinces de l’Ontario et de la Colombie-Britannique. Les incendies ont respectivement ravagé 78 062 ha et 106 675 ha dans ces régions.
Impact économique de l'incendie de l'Alberta
Selon les premières estimations, l'incendie de Fort McMurray serait la catastrophe naturelle la plus onéreuse de l'histoire canadienne. L’évaluation de l’impact de ce sinistre ne sera pas finalisée avant plusieurs mois d’autant plus que les feux ne sont pas complètement maitrisés.
En l’espace d’un mois, plus de 3000 habitations et bâtiments ont été totalement détruits ou endommagés. Plusieurs quartiers résidentiels ont été réduits en cendres. Des commerces et des infrastructures de haute valeur sont partis en fumée.
Face à la violence et à l’avancement rapide des feux, plusieurs évacuations ont été ordonnées dans la région. Au total, près de 100 000 habitants de Fort McMurray et des villages avoisinants, ont dû quitter leur domicile en urgence.
De plus, les importants sites de production pétrolière des groupes canadiens Syncrude et Suncor ont dû interrompre leurs activités. L’extraction du pétrole a été ainsi réduite de moitié à 1,2 million de barils par jour en moyenne depuis la première semaine de mai, ce qui représente un manque à gagner de près de 765 millions USD pour le PIB de la région, soit 0,33% du PIB de l’Alberta et 0,06% de celui du Canada en 2016.
Les analystes de la Banque de Montréal (BMO) estiment que l’impact de ce sinistre sur l’économie du pays devrait être considérable. Le coût de la reconstruction des biens endommagés: maisons et autres bâtiments, devrait être compris entre 1,6 et 6,2 milliards USD.
La facture totale intègrera les dommages causés directement aux biens, les pertes d’exploitation et les frais engendrés par l’interruption de la chaine d’approvisionnement. [5]
Incendie de l'Alberta, coût pour l’assurance
L’incendie s’est déclenché le 1 mai 2016 © Jason Woodhead, CC BY 2.0 |
Au cours des dernières années, les sinistres de grande ampleur ont sensiblement augmenté dans la région. La dernière catastrophe majeure remonte à 2013 où des pluies torrentielles et des inondations ont frappé le sud de l’Alberta.
Ces intempéries ont pesé pour 3,18 milliards USD sur les comptes des assureurs. Les risques climatiques qui coûtaient en moyenne 468 millions USD par an avant 2013 se chiffrent actuellement à 766 millions USD en moyenne annuelle.
En 2018, soit deux ans après l’incendie survenu dans la province de l’Alberta, le coût des dommages assurés s’élève à ce jour à 2,9 milliards USD. Cette catastrophe est la plus coûteuse de l’histoire du Canada.
En 2016, certains analystes ont estimé le coût des dommages à 3,5 milliards USD à la charge des assureurs. Les agences de notation [6] étaient plus pessimistes. A.M. Best avait avancé un chiffre de 10 milliards USD. Standard & Poor’s parlait de 5 milliards USD alors que la Banque de Montréal tablait sur un coût total des pertes assurées de 6,9 milliards USD.
Les feux de forêts les plus marquants au Canada (période: 1985-juin 2016)
Date du début de l’incendie | Lieu | Nb de personnes évacuées | Superficie endommagée | Coût total Estimé en USD |
---|---|---|---|---|
1 mai 2016 | Fort McMurray, Alberta | 100 000 | 581 695 | 6,9 milliards (*) |
juin 2015 | Nord de la Saskatchewan | 15 000 | ND | ND |
1 juin 2014 | Colombie Britannique | 4 500 | 360 000 ha | 300 millions |
Juillet 2013 | Nord du Québec | 450 | 350 000 ha | ND |
9 septembre 2012 | Peachland Colombie-Britannique | 1 550 | ND | |
mai 2011 | Slave Lake, Alberta | 7000 | ND | 700 millions |
28 juillet 2010 | Williams Lake, Chilcotin, Houston, Burns Lake, Fraser Lake (Colombie-Britannique) | ND | 330 000 ha | 220 millions |
18 juillet 2009 | Kelowna, Kamloops et Cariboo (Colombie-Britannique) | 20 000 | 55 000 ha | 75 millions |
6 juillet 2006 | Cariboo-Chilcotin (Colombie-Britannique) | 871 | ND | ND |
3 juillet 2006 | Tumbler Ridge (Colombie-Britannique) | 4 000 | ND | ND |
1 juillet 2003 | Sud-est de la Colombie-Britannique et Sud-ouest de l'Alberta | 48 501 | ND | 141 millions |
Juillet 1994 | Colombie Britannique | ND | 4169 ha | ND |
10 août 1998 | Salmon Arm (Colombie-Britannique) | 7 000 | 42115ha | 3 millions |
1 août 1998 | Colombie-Britannique | 10 600 | 42 115 | 2795 |
mai 1989 | Nord du Manitoba | 25 000 | 2,5 millions ha | ND |
1 juillet 1985 | Région nord-est de Vancouver (Colombie-Britannique) | ND | 240 000 ha | 68 millions |
* Selon la Banque de Montréal Source: Base de données canadienne sur les catastrophes (1) Rapport national sur la situation des feux de végétation http://cwfis.cfs.nrcan.gc.ca/rapport
Nombre de feux et superficie brûlée au Canada par année (période: 1970-2014)
Source: Base nationale de données sur les feux de forêt du Canada (BNDFFC)
Le Canada fait face chaque année à environ 8 000 feux de forêt détruisant en moyenne plus de 2,1 millions d’hectares. Ces catastrophes se reproduisent chaque année et ce malgré les mesures de prévention et de lutte contre les feux de forêt mises en place par les autorités canadiennes.
Selon les statistiques canadiennes, la foudre est à l’origine de 50% des incendies. Elle est également à l’origine de 85% de la superficie brûlée annuellement.
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