Sommaire

I - Présentation générale et historique de l’assurance [4]

• Historique de l’assurance [5]
• Organisation du marché des assurances [6]
• Faillite des compagnies [7]
• Les intermédiaires [8]
• L’emploi dans le secteur des assurances [9]

II - Premier marché mondial de l’assurance [10]

• Equilibre des branches vie et non vie [11]
• Taux de pénétration et densité [12]
• Marché américain de l’assurance [13]
• Assurance dommages [14]
• Assurance vie et maladie [15]
• Opérations de fusion et acquisition [16]

III - Marché américain de la réassurance [17]

• Régulation de la réassurance [18]
• Marché local de la réassurance non vie [19]
• Marché offshore de la réassurance non vie [20]
• La réassurance vie [21]

IV - Les catastrophes naturelles aux Etats-Unis [22]

• Niveau d’exposition [23]
• Couverture catastrophes naturelles [24]
• Les programmes gouvernementaux de couverture cat nat [25]
• Bilan des dernières années [26]

Présentation générale et historique

Depuis la création en 1735* de la première société d’assurance à Charleston (Caroline du Sud) le marché américain a mis plus de deux siècles pour atteindre les sommets et s’imposer comme le leader incontesté de l’assurance.

Cette activité a timidement démarré quelques années avant la déclaration de l’indépendance des Etats-Unis en 1776. C’est à la fin de la deuxième guerre mondiale que l’assurance américaine a connu son véritable envol.

Au 31 décembre 2017, on dénombre près de 6 000 entreprises locales qui comptabilisent 50% de la prime mondiale. Avec un chiffre d’affaires de 1 333 milliards USD, les Etats-Unis constituent le premier marché d’assurance toutes branches confondues, suivi de loin par la Chine, puissance émergente.

Cette longue marche vers la première place, les Etats-Unis la doivent à une organisation particulière et un cadre institutionnel qui peut surprendre.

Le système américain repose sur une décentralisation totale du pouvoir. Chaque Etat de l’Union est habilité à légiférer et contrôler l’activité des entreprises d’assurance dans son territoire, l’Etat fédéral étant réduit à un rôle de coordinateur. Libéralisme, concurrence et limitation du pouvoir fédéral constituent les fondements du système américain des assurances.

^* D’autres sources rapportent la date de 1732 pour la création de la première compagnie d’assurance aux Etats-Unis

Historique de l’assurance aux
Etats-Unis

• 1735:
  Création de Friendly Society, première société d’assurance mutuelle, à Charleston, Caroline du Sud. La société a cessé ses activités en 1740.
• 1752:
  Création de The Philadelphia Contributionship for the Insurance of Houses from Loss by Fire, société spécialisée dans les risques incendie. Benjamin Franklin ⁽¹⁾, un des pères fondateurs des Etats-Unis, en est le promoteur.
• 1759:
  Création de Presbyterian Ministers’ Fund, première compagnie d’assurance vie dans la colonie encore sous domination anglaise.
• 1776:
  Création de la Charleston Insurance Company et de la South Carolina Insurance Company, les deux premières compagnies d’assurance transport.
• 1792:
  Création de Insurance Company of North America, première société par action.
• 1813:
  Signature du premier traité de réassurance incendie entre Eagle Fire Insurance Company of New York et Union Insurance Company
• 1849:
  New York adopte la première loi sur l'assurance dommages.
• 1850:
  Commercialisation de la première police d’assurance accident et santé par Franklin Health Assurance Company of Massachusetts
• 1851:
  Création par l’Etat du New Hampshire de la première organisation officielle chargée de réglementer les assurances aux États-Unis
• 1861:
  Premières polices d'assurance risques de guerre par des compagnies d'assurance vie durant la guerre de Sécession
• 1866:
  Création de Hartford Steam Boiler Inspection and Insurance Company, première société d’assurance spécialisée dans les risques bris de machine
• 1871:
  Conférence nationale sur l’assurance qui réunit des représentants de 19 Etats. Y sont définies des normes comptables uniformes et des lignes directrices en matière de réglementation et fiscalité
• 1873:
  Introduction de la première police d'assurance incendie dans le Massachusetts
• 1890:
  - Mise sur le marché de la première police d'assurance incapacité et invalidité, réservée aux maladies spécifiques
  - Adoption de la loi Sherman Antitrust Act qui impose la libre concurrence
• 1898:
  Emission de la première police d'assurance automobile aux Etats-Unis par Travelers Insurance Company
• 1910:
  Adoption de la première loi américaine d'indemnisation des travailleurs à New York. Loi jugée par la suite inconstitutionnelle
• 1912:
  Naufrage du Titanic : versement par la compagnie Northwestern Mutual de la somme de 500 000 USD, en guise de capital décès aux ayants droit de 13 assurés
• 1925:
  Adoption de la première réglementation sur l’assurance automobile obligatoire par l’Etat du Massachusetts
• 1938:
  Création du premier programme fédéral d'assurance récolte par le Federal Crop Insurance Act
• 1940:
  Souscription d’une police d’assurance pour couvrir les jambes de l’actrice Betty Grable pour la somme de 2 millions USD
• 1945:
  Adoption de la loi McCarran-Ferguson (loi N°15) offrant au secteur des assurances une exemption limitée à la loi fédérale antitrust et garantissant la prééminence de la réglementation de ce secteur par les États fédérés
• 1947:
  Création du Fonds Motor Vehicle Liability Security Fund, premier fonds de garantie automobile, destiné à régler les sinistres automobile des compagnies d'assurance insolvables
• 1950:
  Création de la première police multirisques habitation
• 1968:
  Mise en place du programme fédéral d’assurance contre les inondations avec l’adoption de la National Flood Insurance Act
• 1971:
  Mise en place par l’Etat du Massachusetts du premier système d’assurance « no-fault » automobile
• 1974:
  Création d’une assurance santé quasi-universelle par l’Etat de Hawaï
• 1985:
  - Interdiction pour la première fois par l’Etat du Montana de la discrimination fondée sur le sexe dans l'établissement des contrats d'assurance.
  - Faillite de Mission Insurance Group, société d’assurance dommages. Le fonds de garantie d'Etat verse la plus importante somme, jamais déboursée, pour une seule compagnie.
  - Les faillites des années 80 conduisent à l’introduction d’une réglementation plus stricte quant à l’insolvabilité des assureurs.
• 1997:
  Signature de l'accord de l'Organisation Mondiale du Commerce avec démantèlement des barrières commerciales et financières
• 2001:
  11 septembre : sinistre du World Trade Center à New York, 2 976 décès et 40 milliards USD de pertes estimées
• 2002:
  Promulgation de la loi Terrorism Risk Insurance Act
• 2004:
  Enquêtes sur les pratiques des sociétés d’assurance par le procureur général de l'Etat de New York, Eliot Spitzer
• 2008:
  Acquisition par la Federal Reserve Bank de 79% du capital de American International Group (AIG). Prêt de 205 milliards USD accordé par la FED
• 2010:
  - Signature par le président Obama de la loi Patient Protection and Affordable Care Act, obligeant la plupart des citoyens américains à souscrire une assurance maladie.
  - Dodd–Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act. Loi qui réforme le marché financier suite à la crise financière de 2008.
• 2012:
  Octroi par l’Etat du Nevada du premier permis permettant de tester les voitures autonomes sur les routes publiques

⁽¹⁾ homme politique américain, il a participé à la rédaction de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis, dont il est un des signataires, ce qui fait de lui l'un des Pères fondateurs des États-Unis.

L’organisation du marché des assurances

Aux Etats-Unis, l’assurance figure parmi les services financiers réglementés par chaque Etat membre de l’Union. Il y a autant de règlementation que d’Etats fédérés et territoires (Porto Rico, les îles Vierges, etc). Le marché est totalement «balkanisé» avec une pléthore de compagnies qui s’activent dans un système extrêmement complexe.

Au niveau des Etats fédérés

Pour exercer dans un Etat, un assureur doit y être enregistré et y recevoir un agrément. Un assureur qui veut exercer dans un autre Etat doit faire une nouvelle demande d’agrément auprès de cet Etat. Un assureur d’envergure nationale qui veut exercer dans les 57 Etats et territoires doit obtenir 57 agréments.

Chaque Etat a sa propre législation des assurances. Cette dernière n’est pas forcément la même dans tous les Etats.

Organisme de contrôle des assurances

A la tête de chaque Etat existe un organisme de contrôle des assurances dont l’appellation varie : «Insurance Departement», «Division of insurance», «Office of Insurance», etc.

Au premier janvier 2018, on recense 57 organismes de contrôle autonomes les uns des autres.

Point commun à l’ensemble des Etats, les organismes de contrôle se voient attribuer plus ou moins les mêmes missions, à savoir : protéger les consommateurs, accorder des agréments aux compagnies d’assurance et intermédiaires, fixer les règles du fonctionnement du marché, veiller à la solvabilité des assureurs, vérifier les comptes des compagnies, etc.

La taille des organismes de contrôle des assurances varie considérablement d’un Etat à un autre. Les Etats économiquement puissants (New York, Californie, Floride, Texas,…) disposent d’un nombre élevé de personnel, d’autres moins bien lotis se contentent d’effectifs plus réduits. A titre d’exemple, l’organisme de contrôle du Texas et celui de Californie emploient respectivement 1459 et 1415 salariés, alors que ceux de l’Idaho et du Rhode Island ne possèdent qu’un effectif de 76 et 38 personnes.

The commissioner

Le responsable de l’organisme de contrôle des assurances (the commissioner) est soit nommé directement par le gouverneur, soit élu lors du suffrage de désignation des gouverneurs.

L’organisme de contrôle et son commissioner sont placés sous l’autorité du pouvoir exécutif local dont les dénominations peuvent également varier: Office of the Governor, Department of Commerce, Financial Service Commission, etc.

Législation

Les textes législatifs et règlementaires promulgués par l’organisme de contrôle de chaque Etat constituent la source du droit des assurances de cet Etat. Cette spécificité entraîne des différences dans la législation d’un Etat à un autre et complique la tâche de nombreux acteurs du marché des assurances.

Chaque état fédéré a donc le contrôle absolu des assurances dans sa zone de compétence.

Au niveau fédéral

Trois organismes jouent un rôle important au niveau fédéral:

Le Federal Insurance Office (FIO)

La loi de 2010 crée le Federal Insurance Office (FIO) qui dépend du Département du Trésor. Le président du FIO est nommé par le ministre des finances de l’Etat Fédéral. Le FIO est chargé de surveiller au niveau fédéral l’activité des compagnies d’assurance à l’exception des assurances maladie et assurance des récoltes. Cet organisme a une deuxième mission à savoir favoriser l’accès des classes défavorisées à l’assurance (hors maladie).

Le FIO gère également le risque terrorisme par le biais du « Terrorism Insurance Program ».

Le Federal Advisory Committee on Insurance (FACI)

Le FACI est une agence fédérale à but consultatif. Cet organisme fournit aide et soutien au FIO dans ses missions statutaires.

La National Association of Insurance Commissioners (NAIC)

Pour chapeauter l’édifice, les différentes autorités fédérées ont fondé en 1871 la National Association of Insurance Commissioners (NAIC). Cette dernière assiste les organismes de contrôle de chaque Etat et territoire. Elle est chargée de promouvoir la compétitivité du marché, renforcer la solvabilité et la solidité financière des assureurs et garantir un bon service aux consommateurs, etc.

De plus, la NAIC œuvre en permanence à l’harmonisation de certaines activités du secteur (ratios techniques, financiers, etc), à la normalisation de certaines pratiques et normes de travail et au partage des informations entre les Etats.

Classification des sociétés d’assurance

Aux Etats-Unis, les sociétés d’assurance sont classées en trois grandes catégories :

• Les sociétés d’assurance locales: il s’agit de sociétés d’assurance domiciliées dans l'Etat dans lequel elles exercent leurs activités.
• Les sociétés d’assurance étrangères: est considérée comme étrangère une société d’assurance américaine domiciliée dans un Etat autre que celui où elle opère. Selon la nomenclature officielle, il existe des dizaines de milliers de ce type de société.
• Les sociétés étrangères aux Etats-Unis ou ‘’Alien Insurer’’: entrent dans cette catégorie des sociétés totalement étrangères exerçant des activités aux États-Unis. Exemple Allianz, Axa, etc.
  A ces trois principaux types de sociétés s’ajoute d’autres formes de sociétés qui font la particularité du marché américain. Il s’agit entre autres des Risk Retention Groups et des Purchasing Groups:
• Purchasing Group: structure qui s’apparente à une mutuelle et qui rassemble des personnes ayant un intérêt commun (appartenance à une profession, syndicat...)
• Risk Retention Group: une entité qui s’apparente également à une mutuelle et qui souscrit pour le compte de ses membres des assurances de responsabilité.

Répartition des sociétés par Etat

En 2017, 5954 sociétés d’assurance locales sont recensées aux Etats-Unis. L’Etat de New York concentre le plus grand nombre de sociétés locales soit 577. Viennent ensuite la Floride, le Texas, et l’Illinois avec respectivement 437, 403, et 337 sociétés.

En ce qui concerne les sociétés étrangères, la NAIC dénombre 73 550, assureurs américains étrangers à l’Etat dans lequel ils exercent. A cette dernière catégorie s’ajoutent les Allien Insurers. En tête de ce classement, on trouve l’Etat du Nouveau-Mexique suivi du Vermont et de la Floride. Ce chiffre de 73 550 sociétés qui paraît exorbitant s’obtient par un décompte très simple.

Exemple : New York compte 577 assureurs agréés dans cet Etat. Si parmi ces 577 assureurs 400 d’entre eux veulent exercer dans 40 autres Etats différents, ils devront y demander des licences et y être enregistrés comme assureurs étrangers. D’où le nombre de 16 000 (400X40) sociétés considérées par les autres Etats comme assureurs étrangers.

Nombre de sociétés/mutuelles d’assurance par Etat

Source: National Association of Insurance Commissioners (NAIC) 2017 Insurance Department Resources Report

* Sociétés étrangères : Il s’agit de la somme des entreprises étrangères à un Etat donné. C’est à dire celles qui sont étrangères à un Etat et au pays.

Le nombre de sociétés locales est en baisse régulière depuis 2009, année qui en recense 6708. Le marché américain a donc perdu en neuf ans 754 sociétés, soit une moyenne de 84 sociétés par an.

Evolution du nombre des sociétés d’assurance locales : 2009-2017

Répartition des compagnies d’assurance aux Etats-Unis par branche

Les chiffres ci-dessous ne concernent que les 5 954 sociétés locales.

Par ordre décroissant les sociétés vie se concentrent au Texas (120), New York (82), Illinois (52), Iowa (40) et Ohio (37).

En assurance de dommages c’est également le Texas qui arrive en tête avec (199) sociétés, suivi par l’Illinois (191), le Wisconsin (174), New York (173) et la Pennsylvanie (166).

En assurance santé, c’est la Floride qui domine le marché avec 65 compagnies ; viennent ensuite le Texas (57), New York (54), le New Jersey (46) et la Pennsylvanie (45).

Les méga-opérations de fusion-acquisition
aux Etats-Unis

Le niveau élevé des capitaux en jeu et la recherche de rentabilité poussent à la croissance externe. Le marché américain, très morcelé, offre un cadre propice aux opérations de rapprochement entre les différents acteurs. De plus, les réformes fiscales initiées au cours des dernières années incitent les compagnies à réduire leurs coûts et à se regrouper.

Principales opérations de fusions-acquisitions non vie réalisées en 2017 et 2018 :

• Décembre 2018, l’assureur santé Cigna rachète Express Scripts, gestionnaire de soins, pour un montant de 54 milliards USD. L’opération donne naissance à l’un des plus grands acteurs dans le domaine de la santé aux Etats-Unis.
• Décembre 2018, prise de contrôle d’Aspen Insurance Holdings par le fonds d'investissement américain Apollo pour 2,6 milliards USD.
• Juillet 2018, acquisition de Validus, réassureur basé aux Bermudes par l’assureur américain AIG pour 5,56 milliards USD.
• Novembre 2017, l’assureur santé américain Aetna est racheté par la chaîne pharmaceutique CVS Health. Le montant de la transaction s’élève à 69 milliards USD.
• Janvier 2017, Liberty Mutual Holding, le quatrième assureur non vie américain, prend le contrôle de Ironshore pour environ 3 milliards USD.

Assurance santé, intervention des autorités américaines

En 2017, deux méga-fusions dans l’assurance santé ont été bloquées par les autorités américaines. Le département de la Justice (DoJ) américain a ainsi désapprouvé les rachats de Humana par Aetna pour 33 milliards USD et de Cigna par Anthem pour un montant de 50 milliards USD.

Les autorités américaines estiment que de tels rapprochements impacteraient négativement le marché de l’assurance santé des USA : baisse de la concurrence, accroissement des inégalités d’accès aux soins, hausse des primes. De plus, ces opérations pourraient faire disparaître de nombreux petits acteurs et laisser le champ libre aux seuls géants de la profession.

Faillite des compagnies d’assurance et de réassurance aux Etats-Unis

Le mot banqueroute fait peur partout dans le monde mais pas aux Etats-Unis. La Bankruptcy n’est pas perçue comme un échec mais plutôt comme un accident de parcours. Les dettes sont effacées et une nouvelle chance est accordée à la société pour repartir de bon pied. Ancrée dans les affaires américaines, la faillite est une pratique ancienne qui remonte à 1800. Les Etats-Unis ont ainsi vu de nombreux groupes et même des fleurons de leur économie comme AIG, General Motors ou Lehman Brothers tomber sous le coup de scandales financiers. Plusieurs dizaines de compagnies d’assurance parmi lesquelles de grands noms de la profession ont fait faillite aux Etats-Unis au cours des 30 dernières années.

Le cas d’AIG

AIG a gravement été affecté par la crise financière de 2008. Sous la pression des autorités qui remettaient en cause certaines pratiques du groupe, le conseil d’administration a été poussé à se séparer de son président historique Maurice Greenberg, en poste depuis 35 ans. AIG a été sauvé de la faillite par la réserve fédérale américaine (FED), qui a dû intervenir à plusieurs reprises pour injecter un montant total de 205 milliards USD. Un plan drastique de restructuration a été imposé au groupe qui a dû se séparer d’un nombre important d’actifs non stratégiques, dont les filiales Alico aux Etats-Unis et AIA en Asie.

Conseco

Conseco, compagnie d'assurance créée en 1979, était valorisée à 61,4 milliards USD lors de sa faillite en 2002. De mauvais investissements, dont l’acquisition de nombreuses entreprises dans les années 90 et en particulier de Green Tree Financial, ont poussé la société à la faillite.

Executive Life Insurance Company

Executive Life Insurance Company est considérée comme la plus grande faillite d’une société d’assurance aux Etats-Unis au cours des dernières années. Basée en Californie, la société vie a été mise en faillite en 1991 après des investissements calamiteux dans des obligations risquées (junk bonds). À cette époque, c'est la plus grosse faillite d'une compagnie d'assurance.

Liste des plus importantes faillites dans l’assurance non vie, vie et maladie au cours des trois dernières décennies

Les intermédiaires

Selon la National Association of Insurance Commissioners (NAIC), 9,025 millions d’agréments ont été accordés aux individus et sociétés qui souhaitent exercer une activité d’intermédiation en 2017. Il s’agit principalement de producteurs indépendants et de sociétés de courtage. Les principaux intermédiaires d’assurance sont répertoriés comme suit :

• Individual Licensed Producers ou Producteurs indépendants : Titulaires d’un agrément, ils doivent être enregistrés dans tous les Etats dans lesquels ils opèrent. Sur un total de 8 357 361 agréments accordés, 2 189 447 concernent les intermédiaires résidents, c’est-à-dire ceux qui sont enregistrés dans un Etat et qui y opèrent. Les autres agréments accordés, soit 6 167 914 se rapportent aux intermédiaires non-résidents, c’est à-dire ceux qui s’activent dans les Etats dans lesquels ils ne sont pas enregistrés.
• Business Entities : Il s’agit principalement de sociétés de courtage, soumises aux mêmes règles que les producteurs. Leur nombre total est de 668 520 qui se répartissent également entre résidents et non-résidents. A ces deux principales catégories d’intermédiaires, les autorités américaines incluent également dans leur nomenclature les « Surplus Lines Brokers », les « Bail Bonds Agents » et les experts sinistres ou en anglais « Adjusters ».
• Surplus Lines Brokers : Il s’agit de courtiers qui placent des affaires auprès de compagnies d’assurance non agréées dans l’Etat du courtier. Cette pratique n’est autorisée que pour les affaires qui ne trouvent pas de couverture dans l’Etat où est agréé le risque et le courtier.
• Bail Bonds agents : Il s’agit d’agent ou d’agence spécialisés dans la fourniture de polices d’assurance qui couvrent le dépôt de garantie. Au 31 décembre 2017, leur nombre s’élève à 18 862.
• Adjusters ou gestionnaires de sinistres : Au nombre de 1 407 741 en 2017, ils exercent à titre individuel ou dans le cadre d’une société. Ils gèrent et règlent les sinistres que leur confient les clients.

Les intermédiaires enregistrés en 2017*

* La somme des licences délivrées ne correspond pas au total général. Un producteur ou une entité peuvent détenir plusieurs licences dans un même Etat ou dans plusieurs États différents.

L’emploi dans le secteur des assurances
aux Etats-Unis

Malgré le ralentissement de la croissance des primes de ces dernières années et la diminution du nombre des compagnies, l’emploi dans l’assurance augmente régulièrement depuis 2011.

A fin 2017, on recense près de 2 660 000 salariés dans le secteur des assurances aux Etats-Unis. De 2016 à 2017, soit en une seule année, 170 000 emplois ont été créés.

Sur une plus longue période de 1960 à 2017, l’emploi dans le secteur connaît une croissance significative, passant ainsi de 1,05 million en 1960 à 2,66 millions en 2017. Statistiquement, le marché américain crée 300 000 nouveaux emplois dans l’assurance tous les 10 ans.

C’est dans le courtage et l’assurance santé que l’on retrouve les taux de croissance des effectifs les plus élevés.

Nombre de salariés dans le secteur des assurances aux Etats-Unis : 1960-2017

Source: Statista 2018

Marché américain de l’assurance
premier marché mondial

De l’an 2000 à ce jour, le marché américain n’a cessé de croître, enregistrant une progression de 110%. Dans le même temps et pour la même période, l’assurance chinoise a réalisé une croissance de 2708%. Il faut dire que la Chine part de très bas, d’où ce taux de croissance exceptionnel. Des chiffres qui ne remettent pas en cause la vigueur du marché américain.

La domination des Etats-Unis sur le marché mondial de l’assurance s’est renforcée tout au long de la période 2000-2017. La part des souscriptions américaines passe de 25% des primes mondiales en 2000 à 27,7% à fin 2017. Ce pourcentage est resté plus ou moins stable au cours des cinq dernières années, oscillant entre 26 et 27%.

Sur une période plus courte, c’est-à-dire de 2007 à 2017, soit sur 10 ans, les primes mondiales progressent de 20%. Les Etats-Unis, dont la croissance a été ralentie par la crise des subprimes, n’enregistrent qu’une hausse de 14% de leur volume de primes, bien loin des taux réalisés au début des années 2000. La Chine, quant à elle, a également ralenti son rythme de croissance en enregistrant tout de même un bond de 485%. Le Japon, englué dans une crise économique de longue durée, fait du sur place avec un volume de primes en léger recul de 0,65%.

Au final, c’est l’Europe qui est la grande perdante dans cette course à la taille, son chiffre d’affaires chute de 12% au cours des dix dernières années.

Chiffre d’affaires des dix premiers pays : 2000 à 2017

Etats-Unis, l’équilibre des branches
vie et non vie

Dans tous les grands marchés, la vie attire plus de primes que la non vie. Au niveau mondial, les primes vie concentrent 54% des primes totales du marché en 2017. Cette proportion était de 62% en 2000 et de 59% à fin 2007.

A l’instar des marchés chinois, japonais et européens, c’est la branche vie qui à fin 2017 domine le marché américain, avec 52% du total des primes. Toujours aux Etats-Unis, cette part vie qui était de 49% en 2000 a progressé à 57% en 2007, avant d’entamer une baisse à 52% au cours du dernier exercice comptabilisé.

Evolution du taux de pénétration
vie et non vie

Le taux de pénétration constitue un indicateur intéressant pour évaluer l’importance de cette activité dans l’économie d’un pays ou d’une région. Au niveau mondial, l’assurance est en recul dans le PIB. Ainsi, dans les années 2000 et 2017, le taux de pénétration passe respectivement de 7,3% à 6,1%, branches vie et non vie confondues. L’analyse par grande branche démontre que ce recul est dû à la chute de l’activité vie qui, d’un taux de pénétration de 4,6% en 2000, tombe à 3,33% en 2017. La branche non vie, quant à elle, grignote 0,1 point, passant ainsi de 2,7% en 2000 à 2,8% en 2017.

Selon l’analyse par les taux de pénétration, les grands marchés européens et japonais sont en recul sur la période 2000-2017. Seule la Chine tire son épingle du jeu avec une croissance de son taux de pénétration de l’ordre 300% entre 2000 et 2017 (1,5% en 2000 et 4,57% en 2017).

Aux Etats-Unis, en l’an 2000, les deux branches vie et non vie représentaient chacune 4,2% du PIB. A fin 2017, la vie passe à 3,12% et la non vie recule légèrement à 4,11%.

Taux de pénétration des principaux marchés : 2000-2017

Selon l’analyse par les taux de pénétration, les grands marchés européens et japonais sont en recul sur la période 2000-2017. Seule la Chine tire son épingle du jeu avec une croissance de son taux de pénétration de l’ordre 300% entre 2000 et 2017 (1,5% en 2000 et 4,57% en 2017). Aux Etats-Unis, en l’an 2000, les deux branches vie et non vie représentaient chacune 4,2% du PIB. A fin 2017, la vie passe à 3,12% et la non vie recule légèrement à 4,11%.

Evolution de la densité d’assurance
vie et non vie

C’est aux Etats-Unis que la consommation d’assurance par habitant est la plus élevée avec 4216 USD par personne en 2017. Ce ne fut pas toujours le cas par le passé. En 2000, un Japonais souscrivait 4027 USD de primes d’assurance par an, alors qu’un Américain n’était qu’à 3076 USD.

Fait remarquable, la croissance aux Etats-Unis de la densité est principalement attribuée à la branche non vie, qui passe de 1529 USD en 2000 à 2542 USD en 2017, soit une croissance de 66%. La branche vie n’a enregistré qu’une croissance de 8% en 17 ans, soit près de 0,5% de croissance annuelle.

Densité d’assurance des principaux marchés : 2000-2017

Assurance et PIB

Taux de pénétration, densité d’assurance et croissance du PIB sont corrélés. Dans les économies dynamiques, la croissance de l’assurance est généralement supérieure à celle du PIB.

Evolution des taux de croissance du PIB et de l’assurance

Il existe un grand décalage entre la croissance du PIB et celle de l’assurance. Les variations de croissance de l’assurance sont amplifiées par rapport à celles du PIB. La crise financière de 2008 a été mal supportée par le marché de l’assurance avec des taux de croissance nettement en recul aux Etats-Unis et en Europe. Seule la Chine garde la tête hors de l’eau.

Le marché américain de l’assurance

Le marché américain de l’assurance comprend deux branches principales vie et maladie d’un côté (life and health) et dommages et responsabilité de l’autre (property and casualty).

En croissance molle sur une longue période, soit 1,4% en moyenne annuelle entre 2007 et 2017, la progression du marché américain a connu un brusque arrêt avec la crise financière de 2008. En une année, c’est-à-dire entre 2008 et 2009, les primes vie et maladie ont régressé de 8%, alors que celles de la branche dommages et responsabilité ont enregistré un recul de 3%. Depuis cet événement exceptionnel, le marché renoue avec la croissance surtout dans la branche non vie.

Evolution des primes : 2007-2017

Avec une part de marché de près de 52%, la branche vie et maladie comptabilise 691,3 milliards USD de primes en 2017. La part de marché de cette branche dans le total des primes américaines est en recul depuis 2011. En dix ans, les primes vie et maladie n’ont évolué que de 4%, alors que celles de la branche dommages ont enregistré une croissance de 28,5%, avec des parts de marché passant de 42,84% en 2007 à 48,17% en 2017.

Assurance dommages

Les 2 620 assureurs non vie opérant sur le marché ont encaissé 642,4 milliards USD de primes en 2017; un montant en hausse de 5% par rapport à 2016. Les couvertures dommages comprennent principalement des polices automobile, multirisque habitation, construction, responsabilité civile particuliers et entreprises.

La croissance économique que connaît le pays ces dernières années et la hausse des tarifs stimulent la croissance des primes brutes. A elle seule, la branche automobile avec 267,4 milliards USD représente 41% des primes dommages. Les primes automobile sont en croissance régulière depuis 2009. Malheureusement, la sinistralité n’a pas toujours été favorable aux assureurs avec des ratios combinés de plus de 100%. Un net renversement de tendance est observé depuis 2016. L’augmentation des tarifs automobile des trois derniers exercices, une sinistralité mieux maîtrisée et une baisse de l’inflation font de 2017 le meilleur exercice automobile depuis 2007. Résultat, l’année 2017 s’est terminée avec un ratio sinistres à primes automobile de l’ordre de 70% et un ratio combiné de 98,1%. Ce dernier ratio était de 98,8 % en 2016.

L’assurance multirisque qui comprend les garanties incendie, vol, dégâts des eaux, dommages corporels et grêle est la deuxième branche dommages. Elle connaît une croissance régulière des primes depuis 2009 mais arrive bien loin derrière l’automobile. Le montant des primes collecté dans cette branche est de 94,252 milliards USD en 2017, soit 15% des primes dommages. La sinistralité reste élevée avec un rapport sinistres à primes de 78,8% en 2017 et un ratio combiné de 108,1%.

Avec 61,8 milliards USD de primes comptabilisées en 2017, l’assurance accidents de travail est la troisième branche dommages. Elle contribue à hauteur de 10% des primes non vie.

Quatrième sous-catégorie significative, la branche multirisque entreprise totalise 41 milliards USD de cotisations en 2017, soit 6% des primes dommages.

Les résultats non vie

Le résultat technique

La reprise économique ne signifie pas forcément résultats en hausse. Malgré le redressement de certaines branches comme l’automobile, l’assurance dommages dans sa globalité affiche un résultat de souscription en perte au cours des deux derniers exercices.

En 2017, les primes acquises ont augmenté de 3%, passant de 529,184 milliards USD à 545,159 milliards USD. Dans le même temps, la charge sinistres a augmenté de 8% et les frais de gestion de 2% à 152,184 milliards USD. L’année 2017 a été affectée par trois cyclones importants : Harvey, Irma et Maria et par des feux de forêt dévastateurs en Californie. Ces événements exceptionnels dont le coût final n’est pas encore clôturé pèsent entre 51 milliards et 55 milliards USD dans les comptes des sociétés d’assurance américaines.

Le résultat de souscription qui était déjà négatif en 2016 de -2,424 milliards USD s’est aggravé pour terminer l’année 2017 avec une perte de 20,607 milliards USD.

Sur la période 2013 à 2017, le résultat de souscription est en net recul, affichant en quatre ans un recul de 38 milliards USD. Le marché est passé d’un profit de souscription de 17,49 milliards USD en 2013, à une perte de 20,607 milliards USD.

Ce recul du résultat technique de 8,33 points entre 2013 à 2017 se reflète par une dégradation annuelle du rapport sinistres à primes. Dans le même temps et au cours de la même période, le ratio frais de gestion ne gagne que 0,86 point.

Le ratio combiné suit la même courbe que le ratio sinistres à primes avec une lente dégradation depuis 2013. La barre des 100% est dépassée en 2016 et 2017 avec des taux respectifs de 100,2% et de 103,18 %. Pour rappel, le ratio combiné est un indicateur de mesure de la profitabilité technique d’une société d’assurance. Un ratio combiné de plus de 100% signifie que l’assureur n’a plus suffisamment de primes pour faire face à sa charge sinistres et à ses frais de gestion.

Principaux indicateurs techniques du marché non vie: 2013-2017

Les 2 620 assureurs non vie opérant sur le marché ont encaissé 642,4 milliards USD de primes en 2017 ; un montant en hausse de 5% par rapport à 2016. Les couvertures dommages comprennent principalement des polices automobile, multirisque habitation, construction, responsabilité civile particuliers et entreprises

Le résultat net

Les produits financiers n’inversent pas la tendance baissière de la rentabilité non vie. A 40,6 milliards USD, le résultat net de 2017 après impôts est une fois de plus en net recul par rapport à l’année précédente. Il perd 8% en 2017 et 43% sur la période 2013-2017.

Principales compagnies d’assurance dommages

Le marché américain de l’assurance non vie est très concentré. En 2017, les dix premières compagnies, sur les 2 620 qui y opèrent, contrôlent 46,9% du marché alors que les 100 premières totalisent 86,2% des primes non vie. Le reste du marché, soit 2 520 compagnies, se partagent les 13,7% restants.

State Farm Mutual Automobile Insurance Company est la première compagnie dommages des Etats-Unis avec une part de marché de 10%. Elle est suivie par Berkshire Hathaway de Warren Buffet et de Liberty Mutual Group avec des parts respectives de 5,9% et de 5,2%.

Top 10 des groupes d’assurance dommages

Primes et sinistres non vie par Etat en 2017 : classement selon les primes

Assurance vie et maladie

La branche vie et maladie a réalisé 691,3 milliards USD de primes en 2017, en hausse de 1,17 % par rapport 2016 et 7% par rapport à 2013. Le marché américain de l’assurance non vie compte 743 acteurs offrant exclusivement des produits vie et maladie.

On estime que 60% des Américains sont couverts par un produit d’assurance vie en 2018. Malgré ce taux de souscription élevé, près de 20% des assurés vie estiment être insuffisamment couverts.

Trois grandes familles de produits dominent le marché :

• Les produits de capitalisation qui permettent le versement de rentes aux bénéficiaires
• Les garanties maladie et invalidité
• Les produits vie classiques, c’est-à-dire les polices décès et vie

Avec 316,197 milliards USD, la souscription des produits de capitalisation totalise 45,7% des primes collectées par l’ensemble du marché vie et maladie. Cette branche est en régression depuis de nombreuses années. Elle passe de 51,1% de parts de marché en 2005 à 49% en 2015 et à 47,7% en 2017.

La branche accident maladie est en nette croissance au cours des dernières années et supplante la branche vie. La maladie gagne 6,4 points de parts de marché entre 2005 et 2017.

Les produits traditionnels vie et décès, souscrits à titre individuel ou par le biais de polices groupe, constituent en 2017 la troisième branche vie commercialisée en assurance de personnes aux Etats-Unis. Comme pour la capitalisation, la distribution des produits vie traditionnels est en léger repli par rapport à 2005, où elle représentait 27,5% du portefeuille contre 26,7% en 2017. A noter toutefois, une légère croissance depuis 2013.

Primes brutes par branche

Résultats techniques

C’est grâce à la croissance de plus de 9% des produits financiers et autres revenus que la branche d’assurance vie aux Etats-Unis maintient plus ou moins le même résultat net de 2013 à 2017.

Résultat net et résultat technique restent plus ou moins stables entre 2013 et 2017 et ce, malgré la croissance des dépenses supérieure à celle des primes.

Le retour sur investissement (ROE) perd près de deux points entre 2013 et 2017.

Répartition des primes vie par compagnie

Comme pour la branche dommages, le marché vie reste concentré avec les 10 plus grands groupes qui réalisent 47% des 691,374 milliards USD de primes comptabilisées en 2017. Pour la même année, les 100 premiers assureurs s’accaparent la quasi-totalité des primes vie, soit 91,1%.

Metropolitan Life Insurance Company (MetLife), première compagnie d’assurance vie, réalise 86,6 milliards USD de primes, soit une part de 12,5%.

Operations de fusion et acquisition en 2017

Le montant des 93 opérations de fusion-acquisition impliquant des assureurs américains s’élève à 87,1 milliards USD en 2017. Un chiffre nettement supérieur à celui réalisé en 2016, soit 21,6 milliards USD pour 91 transactions. A lui seul, le rapprochement, fin 2017, entre l’assureur santé Aetna et la chaîne pharmaceutique CVS Health, totalise 70 milliards USD. La deuxième transaction la plus importante réalisée au cours de l’exercice précédent concerne l'acquisition de Catholic Health Plan par Centene Corporation pour 3,8 milliards USD.

Sur un marché qui stagne avec une croissance faible, les méga groupes américains sont condamnés à faire de la croissance externe pour contenir leurs coûts et l’aggravation des dépenses de santé. La recherche de nouvelles parts de marché concerne le marché domestique et international. Les marchés émergents, où le taux de pénétration de l’assurance est bas, offrent des relais de croissance intéressants aux assureurs américains qui disposent de liquidités.

Principaux indicateurs : 2000-2017

Le marché américain de la réassurance

Avec ce troisième volet consacré à la réassurance, Atlas Magazine clôt le dossier dédié au marché américain de l’assurance.

Le marché mondial de la réassurance est évalué à 247,5 milliards USD en 2017. A elle seule, l’Amérique du Nord souscrit près de 44% de ce montant.

Premier marché mondial, en termes de chiffre d’affaires direct, les Etats-Unis sont de facto les plus grands cessionnaires de primes de réassurance au niveau planétaire. Selon l’association des réassureurs américains «Reinsurance Association of America», les sociétés étrangères s’accaparent 63% des primes américaines de réassurance. Les deux-tiers des primes catastrophes naturelles souscrites localement sont également réassurées par des sociétés étrangères.

Régulation de la réassurance

La réassurance américaine est moins réglementée que l’assurance directe. Au début des années 1980, les autorités de tutelle se sont focalisées sur les problèmes de solvabilité des compagnies de réassurance et leur capacité à respecter leurs obligations.

C’est ainsi que la National Association of Insurance Commissioners (NAIC) a créé en juin 1982, un comité consultatif pour mieux réguler les transactions de réassurance. Dans la foulée, une loi type de réassurance crédit a été adoptée en 1984.

Le système de régulation mis en place a abouti à la création d’un marché de la réassurance ouvert mais sécurisé. Un marché où plus de la moitié des primes de réassurance cédées par les assureurs directs est placée en dehors du pays.

Cette réglementation introduit une séparation de traitement entre réassureurs. Une société étrangère peut opérer sur le marché américain en obtenant une licence dans le ou les Etats où elle souhaite souscrire.

Les réassureurs étrangers agréés par une juridiction américaine (un Etat fédéré) sont soumis à la même réglementation que leurs confrères américains. Les réassureurs non agréés aux Etats-Unis, dénommés sociétés offshore ou «alien», sont soumis à des contraintes supplémentaires. Ils doivent disposer de garanties sous forme de lettres de crédit ou de fonds bloqués au profit des cédantes américaines, pour cautionner toute transaction de réassurance.

Structure du marché de la réassurance non vie

Les statistiques américaines font ressortir deux séries de chiffres. Une série concernant les sociétés locales de réassurance et l’autre se rapportant aux souscriptions de réassurance effectuées par des sociétés offshore, c’est-à-dire celles localisées à l’étranger.

Selon la Reinsurance Association of America, les primes réassurées sur le marché américain par les sociétés offshore ne cessent de progresser au détriment de celles acceptées par les acteurs locaux.

La part des primes directes américaines acceptées par les réassureurs domiciliés aux Etats-Unis a sensiblement baissé au cours des 20 dernières années. Elle est passée de 61% en 1998 à 37% en 2017.

Le tableau ci-dessous reflète l’évolution des participations des réassureurs étrangers et locaux dans les cessions américaines au cours des 10 dernières années :

Le graphique ci-dessous fait ressortir l’évolution des primes cédées en réassurance par les assureurs américains. On y note une inversion totale des cessions, au profit des réassureurs étrangers dont la part dans les affaires directes américaines est passée de 40,5% en 1998 à 62,9% en 2017.

Marché local de la réassurance non vie

Le marché local compte un nombre élevé de réassureurs non vie. Toutefois, 26 d’entre eux, réalisent 99% du total des primes souscrites. Parmi ces 26, on retrouve des sociétés américaines locales et des sociétés ou groupes étrangers agréés aux Etats-Unis, comme par exemple Munich Reinsurance America, Swiss Reinsurance America,...

Selon Reinsurance Association of America (RAA), le chiffre d’affaires brut du marché local de réassurance dommages s’élève à 70 milliards USD en 2017, avec des primes acquises nettes de 45,860 milliards USD et une charge sinistres nette de 38,1 milliards USD. Les réassureurs américains acceptent des primes d’assurance directe américaines et des primes en provenance d’autres marchés, les souscriptions américaines restant majoritaires.

Les résultats des réassureurs américains restent dépendants des catastrophes naturelles. Les exercices 2017 et 2011 avec des ratios combinés respectifs de 108,4% et 107,1% ont enregistré un nombre élevé de tornades et cyclones.

Pour l’ensemble du marché, le ratio sinistre à primes net de 2017 se situe à 83,1% contre 69% en 2016. Avec des chargements de 25,3%, le secteur totalise un ratio combiné de 108,4% en 2017, en hausse de 12,4 points par rapport à l’année précédente. En fait, 2017 est l’année la plus sinistrée depuis 2008.

A noter que les chargements appliqués par les réassureurs, c’est-à-dire les frais de gestion et de distribution, ont globalement baissé au cours des dernières années. Ce recul de 2 à 6 points selon les exercices dénote une réaction positive des réassureurs qui ont réduit leurs chargements pour faire face à une sinistralité croissante.

La sinistralité exceptionnelle de 2017 impacte le résultat net de l’ensemble du marché, qui de 11,17 milliards USD en 2016, chute à 1,4 milliard USD en 2017.

Evolution des ratios : 2008-2017

Performances des réassureurs locaux
non vie

Le marché de la réassurance américaine est dominé par National Indemnity, une filiale de Berkshire Hathaway. Cette société contrôle à elle seule 31% du marché, soit 22 milliards USD sur 70 milliards réalisés par l’ensemble de la profession en 2017. Le bermudien Everest Re arrive en deuxième position, avec 5,8 milliards USD et une part de marché de 8,3%, très loin derrière National Indemnity. Munich Re America, premier réassureur européen, réalise 5,7 milliards USD.

L’analyse par réassureur fait ressortir une dégradation quasi générale des ratios combinés de la majorité des compagnies du marché en 2017. Seuls quatre réassureurs sur 26 sont sous la barre des 100% de ratio combiné en 2017. Ils étaient 18 en deçà des 100% en 2016. Malgré la hausse de près de 14% de son chiffre d’affaires en 2017, Everest Re, deuxième compagnie du marché, affiche la plus grande hausse de son ratio combiné, qui atteint 148,8% au cours de l’exercice considéré, contre 90,5% en 2016, soit un bond de 58,3 points sur un seul exercice.

Résultats du marché local de la réassurance

Signes de la détérioration du marché local de la réassurance aux Etats-Unis, le résultat net et celui de souscription sont en chute libre en 2017. De positif en 2016, le résultat de souscription devient fortement négatif en 2017 avec une perte de 4,7 milliards USD. C’est grâce aux résultats financiers que les réassureurs non vie américains maintiennent la tête hors de l’eau, avec un petit bénéfice net de 1,4 milliard USD en 2017, contre 11,1 milliards USD en 2016.

Seules deux compagnies sur 26, Maiden Re et Toa Re, améliorent très légèrement leur résultat net en 2017. Tous les autres réassureurs reculent. National Indemnity voit son résultat net chuter de 300%.

Marché offshore de la réassurance non vie

Le marché américain offshore regroupe l’ensemble des réassureurs étrangers qui souscrivent des risques américains (traités et facultatives) à partir de leurs bureaux situés en dehors des Etats-Unis. Les chiffres exposés se rapportent donc uniquement aux primes de réassurance cédées à l’extérieur du pays. En croissance régulière au cours des dernières années, les cessions à l’étranger atteignent 85 milliards USD en 2017.

Comparée à 2013, la hausse des primes cédées est de 25% à fin 2017. Les cessions de primes directes américaines aux réassureurs étrangers sont extrêmement atomisées. Les 85 milliards USD de primes « exportées » en 2017 sont acceptées par 4 229 entités de réassurance(1) réparties sur 108 pays. Cette large mutualisation des risques trouve son origine dans la nature des cessions américaines dominées par les catastrophes naturelles, les fonds de pension et risques spéciaux.

Top cinq des pays qui acceptent des risques américains

En 2017, les cessions de réassurance américaines à l’étranger, sont souscrites à 88,2% par des sociétés localisées dans cinq principaux marchés : les Bermudes avec 44,02% des primes, la Suisse 22,25%, l’Allemagne 8,35%, le Royaume-Uni 7,35% et les Iles Caïman 6,31%.

Les autorités américaines classent les réassureurs offshore en deux catégories ; les Unaffiliated Offshore reinsurers et les Affiliated Offshore reinsurers.

Répartition des primes cédées à l’étranger par type de société offshore

Le marché américain offshore regroupe l’ensemble des réassureurs étrangers qui souscrivent des risques américains (traités et facultatives) à partir de leurs bureaux situés en dehors des Etats-Unis.

Unaffiliated Offshore reinsurers

Il s’agit de sociétés indépendantes (non américaines). Elles acceptent 43% des primes américaines cédées à l’étranger en 2017, soit 36,638 milliards USD.

Avec près de 30% des cessions, les Bermudes sont le premier marché étranger. Les primes acceptées par ce territoire britannique sont d’une grande stabilité. Elles s’élèvent à 10,9 milliards USD en 2017. Le marché anglais avec le Lloyd’s, en pole position, souscrit 15% des primes. Arrive en troisième place la Suisse qui a multiplié ses acceptations par 3,5 au cours des cinq dernières années. Elle talonne de très près le marché de Londres. Le marché allemand est également en progression.

Primes cédées aux Unaffiliated Offshore reinsurers par région

Affiliated Offshore reinsurers

Les Affiliated Offshore reinsurers sont des sociétés de réassurance installées à l’étranger, qui acceptent des risques de sociétés américaines ou à capitaux américains affiliées à ces mêmes groupes. Le nombre de ces sociétés s’élève à 44. Elles totalisent 57% des primes cédées à l’étranger en 2017, soit 48,302 milliards USD.

Ce marché est dominé par les Bermudes avec pratiquement 55% des acceptations. Le marché anglais est très peu présent sur ce segment où les Suisses occupent le deuxième rang, après les Bermudes.

A eux deux, les Bermudes et la Suisse concentrent 83,34% des Affiliated Offshore reinsurers, soit 40,255 milliards USD. A noter, une fois de plus, la progression importante des marchés suisse et allemand.

Primes cédées aux Affiliated Offshore reinsurers par région

La réassurance vie

Selon les estimations de Standard & Poor’s ⁽¹⁾, le marché mondial de la réassurance vie est évalué à 73 milliards USD de primes émises brutes en 2017, en progression de 14% par rapport à 2016. L’Amérique du Nord domine le marché avec 50% des primes.

Les Etats-Unis sont considérés comme le leader mondial de la réassurance vie, avec pour chef de fil RGA qui totalise 14,455 milliards USD de primes brutes en 2017. Du fait de sa très forte concentration, le marché de la réassurance vie américaine est considéré comme très stable, non pénalisé par la concurrence. Seules 11 compagnies ont une présence significative, dont cinq d’entre elles contrôlent 80% du marché.

Ces dernières années, le groupe SCOR a fortement investi sur le marché américain de la réassurance vie. En 2011, il rachète le portefeuille mortalité de Transamerica Re et en 2013 il acquiert Generali US, société spécialisée dans la réassurance vie. SCOR devient ainsi l’un des principaux réassureurs vie outre-Atlantique, à travers SCOR Life US Group ⁽²⁾.

D’autres groupes de renommé mondiale sont également présents sur le marché comme Hannover Life Reassurance Co. of America, Swiss Re Life & Health America et Munich American Reassurance. Ces réassureurs disposent d’un portefeuille stable et d’une excellente capitalisation. Leurs bons résultats sont le reflet de la discipline tarifaire que les leaders imposent au marché.

Malgré de nombreux aspects positifs, le marché américain reste pénalisé par le faible taux de cession des compagnies d’assurance vie locales. Ce taux de cession a drastiquement baissé au cours des dernières années.

Primes des réassureurs vie en 2017

Les catastrophes naturelles
aux Etats-Unis

Les Etats-Unis font partie des pays hautement vulnérables aux catastrophes naturelles. Ces événements d’intensité et de fréquence exceptionnelles y occasionnent les dommages économiques et assurés les plus élevés au niveau mondial.

Des cyclones et inondations sur la côte-est et dans le Golfe du Mexique, des tornades dans le Middle West, des incendies et des tremblements de terre sur la côte-ouest.

Les grandes villes côtières américaines : Los Angeles, San Francisco, Miami, la Nouvelle Orléans, Houston, New York,… sont souvent affectées par des catastrophes naturelles de type tremblement de terre, cyclone, incendie, tempête de neige.

Compte tenu du nombre élevé d’habitants dans ces zones et la concentration des biens matériels et infrastructures industrielles, les dégâts occasionnés ont un impact financier considérable. Les assureurs et réassureurs y payent un lourd tribut.

Aux Etats-Unis, un événement est qualifié de catastrophe lorsque :

• les sinistres atteignent un certain seuil, actuellement fixé à 25 millions USD,
• un certain nombre d’assurés et d’assureurs sont affectés par l’événement.

Niveau d’exposition des Etats-Unis aux catastrophes naturelles

Les Etats-Unis figurent parmi les pays ayant un niveau d’exposition aux risques catastrophes naturelles des plus élevés au monde. Le Golfe du Mexique et la côte nord-est des Etats-Unis sont régulièrement frappés par une forte activité cyclonique.

La côte ouest et la Californie en particulier sont exposées au risque tremblement de terre, alors que la région centrale du pays «la Tornado Alley» est annuellement impactée par les tornades.

Exposition aux ouragans

Les dépressions tropicales prennent naissance dans les océans, au niveau des zones intertropicales. Ces événements passent par deux stades de vie avant d’atteindre leur intensité extrême et prendre alors l’appellation d’ouragan.

On distingue trois niveaux d’intensité des dépressions :

1. Dépression tropicale : vitesse maximale des vents inférieure à 63 Km/h,
2. Tempête tropicale : vitesse des vents comprise entre 63 km/h et 117 km/h,
3. Ouragan, typhon ou cyclone : vitesse des vents dépasse 118 Km/h avec formation d’un œil au centre de la dépression.

En atteignant le niveau trois, les tempêtes tropicales sont alors qualifiées d’ouragan, typhon ou cyclone selon la région de leur survenance.

Les différentes dénominations des dépressions tropicales par bassin :

1. ouragan dans l’Atlantique Nord et le Pacifique nord-est,
2. typhon en Asie de l’Est,
3. cyclone dans le Pacifique Sud et l'Océan Indien.

Pertes assurées par Etat de 1980 à 2018

Les côtes sud et est américaines sont annuellement affectées par les ouragans. Une étude récente de Munich Re (Geo Risks Research, NatCatSERVICE) recense les pertes assurées par Etat pour la période 1980 à 2018.

Aux Etats-Unis, trois Etats, le Texas, la Louisiane et la Floride, sont extrêmement sinistrés, avec des pertes assurées de plus de 50 milliards USD chacun. Arrivent ensuite le Mississipi, la Caroline du Nord, le New Jersey et New York avec des pertes assurées pour chaque Etat, comprises entre 10 et 50 milliards USD.

Echelle de Saffir-Simpson

Exposition aux tornades

C’est dans la région centrale des Grandes Plaines américaines que les tornades tracent un couloir. Celui-ci remonte du Texas au Dakota du Nord, c’est-à-dire du Golfe du Mexique à la frontière canadienne. La délimitation géographique de la Tornado Alley est variable avec toutefois une seule certitude : c’est au centre du pays, loin des côtes est et ouest des Etats-Unis, que ce phénomène en cause de nombreuses catastrophes naturelles prend naissance.

La formation des tornades dans cette région est favorisée par la rencontre des masses d’air froid venant du Canada, avec deux courants remontant du sud, l’air chaud et sec du sud-ouest et le courant chaud et humide du sud-est.

Les Etats de l’Oklahoma, du Kansas, de l'Arkansas, de l'Iowa et du Missouri qui se trouvent dans l’œil de la Tornado Alley sont les plus impactés par ce type de phénomène naturel.

Les Etats-Unis enregistrent une moyenne annuelle de 800 tornades. Une vingtaine, extrêmement violente, atteint les catégories 4 et 5. Ces dernières sont particulièrement destructrices et meurtrières. Les tornades causent la mort d’environ 150 personnes par an et occasionnent plusieurs dizaines de millions de dollars de pertes. C’est au cours de la période comprise entre mars et mai que l’activité des tornades atteint son pic.

Nombre total de tornades par comté, période 1955-2014

Exposition aux feux de forêt

L’Ouest américain est exposé à des incendies ravageurs. Les feux de forêt s’y multiplient, en particulier en Californie, Etat connu pour sa végétation méditerranéenne. La superficie détruite par le feu a plus que doublé depuis 1984. Cette recrudescence des incendies est imputée au réchauffement climatique qui augmente la fréquence et l’intensité des feux.

Top 10 des incendies les plus coûteux en termes de pertes assurées

Exposition aux tremblements de terre

La côte ouest, notamment la Californie, présente un risque tremblement de terre extrêmement élevé. L’activité sismique se concentre principalement sur la faille de San Andreas, longue de 1300 km, partant du sud de Los Angeles pour se terminer au nord de San Francisco. Les autres zones sismiques se situent dans la baie de San Francisco (faille de Hayward), à Hawaii, en Alaska et dans une moindre mesure dans le Nevada, le Missouri, le Kansas, l’Oklahoma et la Virginie.

Le risque sismique constitue une réelle menace pour plus de 143 millions d’Américains résidant dans 39 États, principalement localisés dans la partie ouest du pays.

Le dernier grand séisme (magnitude 6,9 Richter) qui frappe les Etats-Unis a eu lieu à San Francisco le 17 octobre 1989. Le tremblement de terre a causé la mort de 63 personnes et provoqué des blessures à 4000 autres. Plus de 20 000 habitations ont été détruites, occasionnant des dégâts évalués à une dizaine de milliards de dollars.

Les multiples recherches et données compilées prédisent la survenance en Californie, au cours des prochaines années, d’un séisme majeur, de magnitude supérieure ou égale à 6,7 sur l’échelle de Richter, le « Big One ».

Cartes des risques tremblement de terre aux Etats-Unis

Couverture catastrophes naturelles aux Etats-Unis

Après le passage en 1992 de l’ouragan Andrew qui a sévèrement affecté le sud de la Floride, engendrant 15,5 milliards USD de pertes aux assureurs, les professionnels du secteur ont conclu que toutes leurs estimations des cyclones étaient largement sous-évaluées.

A l’époque, pour l’ensemble de l’industrie des assurances, le sinistre maximum, y compris celui que pouvait causer un cyclone, était estimé à 8 milliards USD.

Andrew a remis les pendules à l’heure. Après cette catastrophe naturelle, tous les modèles de prévision, de tarification et d’estimation des sinistres ont été réajustés à la hausse. Les assureurs et réassureurs ont reconsidéré leur besoin de couverture. Le marché des Bermudes et les réassureurs européens sont alors largement sollicités pour soutenir le marché américain en manque de capacité.

Assurance habitation

En règle générale, la garantie catastrophes naturelles est incluse dans la police habitation «homeowner insurance». Cette garantie facultative exclut systématiquement de son champ d’application les risques tremblements de terre et dégâts des eaux dus aux inondations, cyclones et ouragans.

La police multirisque habitation standard prend donc en charge uniquement les dommages causés par le vent, y compris celui provoqué par les tornades, cyclones et ouragans.

La tarification de cette garantie, dont le plafond moyen est de 100 000 USD, varie selon le type de contrat, la valeur du bien assuré et la zone géographique.

L’assurance des risques dégâts des eaux, cyclones et ouragans

Aux Etats-Unis, l’exclusion du risque dégâts des eaux a causé beaucoup de préjudices aux victimes d’ouragans, notamment après le passage de Katrina et de Rita en 2005.

Malgré la fréquence et la gravité du risque inondation, peu d’Américains sont couverts contre cet événement. Au niveau fédéral, seuls 12% des ménages disposent d’une assurance spécifique contre ce risque.

Les particuliers et les entreprises qui souhaitent se prémunir contre les dommages causés par les inondations sont obligés de souscrire une couverture spécifique auprès d’un assureur ou du fonds fédéral «National Flood Insurance Program» (NFIP).

En cas de survenance d’une catastrophe naturelle aux Etats-Unis, l’essentiel des pertes est pris en charge par l’agence fédérale des situations d’urgence FEMA et le programme NFIP.

Détermination de la prime d'assurance

Le marché américain est régi par le principe de la liberté contractuelle. Les compagnies d’assurance disposent d’une liberté totale pour fixer le montant de la cotisation.

Ce système a créé des inégalités entre les assurés qui sont confrontés soit au refus de couverture, soit à des primes exorbitantes. Ainsi dans les zones à risques, les primes n’ont pas cessé de s’envoler.

La réassurance des catastrophes naturelles

La grande volatilité du risque catastrophe naturelle entraîne nécessairement un besoin accru de réassurance. C’est après la survenance de l’ouragan Andrews en 1992 que les réassureurs étrangers, plus particulièrement ceux des Bermudes, ont réalisé une grande percée sur le marché américain. Suite à cette catastrophe hors pair, les assureurs américains ont été confrontés à des difficultés financières causées par les importantes pertes auxquelles ils ont dû faire face.

Actuellement, le marché américain de la réassurance est dominé par les grands groupes européens et bermudiens. Disposant d’importantes capacités, ces réassureurs se sont spécialisés dans la couverture du risque catastrophes naturelles.

En 2005, année de survenance des ouragans Katrina et Rita, soit 13 années après Andrew, la majeure partie des dégâts occasionnés a été transférée aux réassureurs implantés aux Bermudes.

A titre d’illustration, à fin 2017 le marché des Etats-Unis a réassuré et donc transféré 85 milliards de primes à l’étranger dont la majorité est composée de risques catastrophes naturelles. Dans le même temps, les compagnies locales de réassurance ont accepté 70 milliards de primes, y compris celles concernant des acceptations de risques à l’étranger.

Au final, après Andrew la majeure partie du risque catastrophes naturelles américain est réassurée hors des Etats-Unis.

C’est après la survenance de l’ouragan Andrews en 1992 que les réassureurs étrangers, plus particulièrement ceux des Bermudes ont réalisé une grande percée sur le marché américain. Suite à cette catastrophe hors pair, les assureurs américains ont été confrontés à des difficultés financières causées par les importantes pertes auxquelles ils ont dû faire face.

Les programmes gouvernementaux de couverture des catastrophes naturelles

Pour faire face à des risques catastrophiques récurrents, l’Etat fédéral a instauré des programmes gouvernementaux pour apporter une couverture adéquate aux assurés, particuliers et entreprises.

The Florida Hurricane Catastrophe Fund (FHCF)

Le Fonds de prise en charge des ouragans de Floride a été créé en 1993 après la survenance de l’ouragan Andrew. Cette catastrophe, qui à l’époque a occasionné des dégâts considérables, a entraîné la faillite d’une dizaine de compagnies d’assurance et causé d’importants problèmes financiers à une trentaine d’autres.

L'objectif du FHCF est de protéger les assurés de l’Etat de Floride et de mettre à leur disposition des produits d’assurance à prix raisonnables. Alimenté par les compagnies d’assurance directe de Floride, le fonds agit comme une véritable mutuelle du risque catastrophe naturelle. Une partie des sinistres est prise en charge par les assureurs, le fonds n’intervenant qu’au-delà d’un certain seuil. Courant mars 2019, le fonds dispose d’une capacité de 17,3 milliards USD.

The California Earthquake Authority (CEA)

The California Earthquake Authority exerce ses activités en tant qu’entité à but non lucratif, gérée par les pouvoirs publics et financée par des fonds privés. Ce programme a été créé en 1996 par les autorités californiennes, suite au tremblement de terre de Northridge de 1994.

Principal fournisseur de couvertures tremblement de terre pour les habitants de l’Etat, l’autorité californienne (CEA) vend exclusivement ses produits par le biais d’assureurs privés membres du programme. A ce jour, le programme compte 25 sociétés d’assurance membres et plus de 1 million de ménages assurés. Le fonds CEA gère une capacité de 17 milliards USD.

The National Flood Insurance Program (NFIP)

Il s’agit d’un programme fédéral d’assurance contre les inondations, dénommé National Flood Insurance Program (NFIP). Créé par le congrès américain en 1968, ce programme est géré au niveau national par l’agence fédérale de gestion des urgences (FEMA). Il est financé par l’Etat. Le NFIP permet aux propriétaires résidant dans les collectivités locales membres du programme de souscrire un contrat d’assurance contre le risque inondation.

Le NFIP constitue une alternative à l’absence d’offre assurance adéquate dans de nombreux Etats fédérés. Les primes sont fixées en fonction du degré de gravité du risque au niveau local.

Pour l’année 2017, la prime moyenne annuelle est de l’ordre de 700 USD. Elle peut toutefois atteindre des milliers de dollars dans les zones à risque inondation élevé. Le plafond de garantie peut, quant à lui, atteindre la somme de 350 000 USD.

A fin décembre 2017, le fonds dispose de 15,7 milliards USD de capacité et compte 22 039 collectivités locales parmi ses membres. Reposant sur la base du volontariat, la solution NFIP reste malheureusement peu utilisée par l’ensemble des Etats fédérés.

Malgré l’abondance des capacités sur le marché de l’assurance, les catastrophes naturelles demeurent sous-assurées aux Etats-Unis. La fréquence et la gravité des dommages consécutifs aux événements catastrophiques se sont accrues au fil des années, et les dommages économiques et assurés correspondants ont augmenté en moyenne de près de 5% par an depuis 1999.

Bilan des dernières années

2017, année exceptionnellement sinistrée

La saison cyclonique 2017 a battu tous les records avec le déferlement de 17 tempêtes tropicales dans le bassin atlantique. Dix d’entre elles ont été qualifiées d’ouragan et deux autres événements de même type ont atteint la catégorie la plus élevée, c'est-à-dire 5 dans l’échelle de Saffir-Simpson.

L’année 2017 a été la première à enregistrer trois ouragans de catégorie 4 et plus : Harvey, Irma et Maria qui tous trois ont touché la côte est des Etats-Unis. Une première dans l’histoire américaine. Le cyclone Maria du 19 au 22 septembre 2017 a provoqué très peu de pertes aux Etats-Unis. La majorité des dommages économiques qui s’élève à 57 milliards USD est recensée principalement à Porto Rico et pour un faible montant en République Dominicaine.

Selon Munich Re, les pertes occasionnées par les événements naturels aux Etats-Unis en 2017 atteignent 178 milliards USD. Les dommages assurés totalisent 86 milliards USD, soit plus du triple des 26 milliards USD de pertes assurées de 2016.

A eux seuls, les cyclones tropicaux ont provoqué 128 milliards USD de pertes économiques, dont 50 milliards USD de pertes assurées. Ces montants représentent respectivement 72% du total des pertes économiques et 58% du total des pertes assurées du marché américain en 2017.

En décembre 2017, cinq incendies majeurs dans le sud de la Californie ont détruit plus d'un millier de maisons et d'immeubles. L'un de ces incendies, le « Tubbs Fire », est qualifié de plus grand feu de forêt jamais enregistré en Californie. Le sinistre Tubbs Fire pourrait s’élever à 9,7 milliards USD. De leur côté les autorités californiennes de tutelle des assurances avancent le chiffre de 12 milliards USD de perte pour l’ensemble des incendies recensés entre octobre et décembre 2017.

Les Etats et territoires américains les plus affectés par les catastrophes en 2017

2018, année clémente

L’année 2018 a été plus clémente que 2017. Les incendies «Woolsey Fire» et «Camp Fire» en Californie sont les événements les plus coûteux enregistrés au cours de l’exercice précédent. Survenu en novembre 2018, cet épisode de feu a occasionné 16,5 milliards USD de dommages dont 12,5 milliards USD à la charge des assureurs.

En 2018, les Etats-Unis ont enregistré 108 événements classés catastrophes naturelles, totalisant 81,9 milliards USD de pertes économiques, soit légèrement moins que la moitié des pertes enregistrées en 2017. Les pertes assurées sont également en baisse de près de 40% par rapport à l’exercice 2017.

Répartition des pertes de 2017 et 2018 par type d’événement

Les dix catastrophes naturelles les plus coûteuses aux Etats-Unis

Survenu en 2005, l’ouragan Katrina, dénommé «the big one», représente le type même de l’événement extrême. Avec 125 milliards USD de pertes économiques et 61 milliards USD de pertes assurées, Katrina est la catastrophe naturelle la plus chère jamais enregistrée aux Etats-Unis.

Arrivent derrière Katrina, les trois ouragans dévastateurs de 2017, à savoir Harvey, Irma et Maria.

Catastrophes naturelles et pertes assurées : 2008-2018