Les réassureurs à bout de souffle

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Qualifiée parfois d'année noire, 2022 aligne catastrophe sur catastrophe : crise sanitaire, cyclones, canicule, guerre Ukraine-Russie, cyberattaques [2], soit une kyrielle d'événements dont la majorité figurait il y a quelques années dans la rubrique exclusions générales.

Le montant des pertes affichées par les réassureurs au cours des neuf premiers mois de 2022 dépasse largement les prévisions, avec un troisième trimestre particulièrement impacté par les catastrophes naturelles. Ainsi, Swiss Re, un des leaders du marché, annonce une perte nette de 442 millions USD pour le seul 3^ème trimestre.

De son côté, Munich Re, autre géant de la profession, fait ressortir, pour la même période, une sinistralité supérieure à la moyenne avec une perte nette de 1,6 milliard USD pour le cyclone Ian. Hannover Re, troisième réassureur mondial, déclare une charge nette de sinistre de 1,484 milliard USD au 30/09/2022. Même son de cloche auprès de SCOR, le Lloyd's, AXA XL Re, Everest Re, Axis, Arch, Chubb.

Malheureusement pour les réassureurs, l'année 2022 n'est pas arrivée à son terme avec une saison cyclonique encore en cours et un bilan sécheresse qui reste à établir.

Qu'importe l’ampleur de ces deux derniers événements. Le ton est donné, le renouvellement 2023 sera difficile pour les assureurs. Avec un ratio combiné supérieur ou avoisinant les 100%, l'activité de réassurance est loin d'être rentable

Les réassureurs tirent, certes, profit de la hausse tant attendue des taux d'intérêts pour amortir leurs pertes techniques, mais la forte inflation pourrait jouer contre eux, freinant les revenus et aggravant les réserves sinistres.

C'est donc un marché affaibli, mal tarifé, ne reflétant pas la réalité du risque et d'une rentabilité moyenne assez faible qui s'apprête à faire face au dérèglement climatique, enjeu numéro un du futur.

Dans ce contexte, seule une forte hausse des taux au 1^er janvier 2023 permettra aux réassureurs de faire face à leurs engagements et maintenir la tête hors de l'eau.

Atlas Magazine N°195, Novembre 2022 [1]