Le e-learning

L’activité a toutefois connu des débuts difficiles en raison de l’insuffisance de l’équipement matériel des entreprises et de la mauvaise adaptation des produits à l’outil informatique, les prestataires se contentant, souvent, de convertir des contenus papier sur des supports numériques.

Mais en quelques années, la généralisation de l’internet à haut débit, la baisse des coûts et l’apparition d’outils en ligne plus ludiques ont accéléré le processus.

Pour répondre à une demande multiforme et en évolution constante, le e-learning [4] a dû entrer dans un processus d’industrialisation pour produire ce qu’on appelle une ingénierie pédagogique. En matière de contenu, la bureautique et les langues étrangères fournissent la part majeure de la formation en ligne, mais d’autres spécialités métier plus pointues sont de plus en plus prises en compte. A titre d’exemple, un consortium d’universités européennes a mis en place un Euro MBA en 1996 qui figure parmi les meilleurs cursus de formation en ligne.

E-learning : un marché en cours de composition

Le e-learning implique toute une chaîne de prestataires et la mise en œuvre de compétences variées et transversales : éditeurs de logiciels, producteurs de contenus, opérateurs de télécommunication, formateurs, nouveaux profils d’apprenants.

Avec la prolifération des intervenants et des offres, l’activité se présente encore comme un marché en cours de composition, peu structuré, économiquement peu stabilisé. Le secteur recouvre des pratiques disparates avec des contraintes budgétaires et des calculs de rentabilité inégaux. Pour les producteurs, les questions fondamentales sont le coût de production des dispositifs, l’efficience des systèmes et le retour sur investissement.

Effet de mode oblige, l’activité du e-learning fait l’objet de nombreuses enquêtes et études aussi bien en Europe qu’aux États-unis. Dans la plupart des cas, les conclusions soulignent les avantages économiques de la formation à distance par rapport à celle traditionnelle. Compte tenu de la nouveauté du secteur, les avantages ne sont encore ni transformables ni généralisables.

Aux USA, par exemple, le principal facteur expliquant l’engouement pour le e-learning est la réduction des coûts de formation. Pour 70% des entreprises, l’économie de transport et d’hébergement vient en tête des motifs de satisfaction.

La formation à distance est encore pratiquée comme fraction de programme dans un cursus. Actuellement, la formule la plus répandue dans les grandes entreprises consiste en une combinaison de présentiel et d’enseignement à distance.

Mais la tendance est à une expansion continue de la formation à distance. Des progrès sont chaque jour accomplis pour améliorer la forme des contenus par l’intégration, dans les programmes, des technologies Flash, des vidéos, et des exercices interactifs qui créent un environnement beaucoup plus vivant, plus ludique qui se rapproche de plus en plus des jeux vidéo.

Partout, les grands instituts de formation et de conseil se convertissent au e-learning, y adaptent de nouveaux outils et diversifient les produits.

E-learning : nouvelle technique, nouvelles pratiques, nouvelle culture

Grâce à internet, la formation à distance est en train de modifier radicalement les relations traditionnelles enseignants-apprenants. Outre la démocratisation du procédé, l’innovation majeure de la formation à distance est l’introduction, dans l’entreprise, d’une culture de l’échange qui brise les rapports verticaux et horizontaux de la transmission classique des données et des connaissances.

Au plan de la collectivité, la mise en place de programmes destinés à l’ensemble des salariés, sans distinction d’ordre hiérarchique, a contribué au développement des savoirs faire et à l’intégration de la stratégie globale de l’entreprise à tous les niveaux. L’implication des managers dans les programmes, en particulier, joue un rôle moteur pour la diffusion des bonnes pratiques parmi les collaborateurs.

Au plan individuel, la souplesse du dispositif permet à chaque participant d’aller plus loin, à son rythme, sur des questions précises et d’avoir un accès permanent à de l’information, des statistiques et des banques de données.

E-learning : les entreprises, laboratoires d’expérimentation

Les grandes entreprises qui disposaient de structures de formation ont servi de laboratoires où les nouvelles procédures ont été expérimentées.

La mise en œuvre du e-learning a nécessité un important travail préparatoire en amont portant sur l’évaluation et la mise en cohérence des besoins, la mise à jour des formations et l’adoption de mesures d’accompagnement d’ordre juridique, hiérarchique, pédagogique, technique, d’organisation du travail, …

E-learning : les contraintes et les limites

Dans la mise en place de la formation à distance, la première contrainte est liée aux conditions de réalisation qui nécessitent une identification du projet et sa structuration pour le rendre accessible aux apprenants.

La gestion du dispositif implique l’adoption de mesures pratiques d’adaptation de l’environnement professionnel des apprenants par l’instauration d’espaces et de temps de formation en dehors du cadre de travail afin de stimuler la motivation.

E-learning, la solution du futur

En dépit des contraintes, le e-learning constitue la véritable solution du futur, principalement dans les pays où les entreprises sont confrontées à un sérieux déficit en compétences humaines. En l’absence de dispositifs et d’outils d’enseignement adaptés et, surtout, de personnel d’encadrement, la formation de base des métiers de l’assurance [5] et l’initiation au management représentent, à cet égard, un segment à fort potentiel pour la formation à distance.

Le dernier exemple prouvant l’intérêt croissant et l’efficacité de plus en plus manifeste de cet outil est la décision d’une entreprise comme Generali qui annonce la mise en place d’un programme de formation à distance pour 6 000 de ses employés en 2008.

Nouveaux métiers

Le besoin a créé de nouvelles fonctions. Désormais, plusieurs universités proposent des formations diplômantes de concepteur-animateur de formation en ligne avec, pour objectifs:

• concevoir et conduire la mise en place de projets de e-formation
• acquérir une méthodologie de conduite de projet en ingénierie de formation
• élaborer des programmes de formation modulaires adaptés aux besoins
• utiliser les potentialités des technologiques multimédia pour créer des ressources pédagogiques
• développer les compétences demandées par les nouvelles situations de formation
• créer et animer une communauté d’apprentissage
• formaliser un cahier des charges et en assurer la maîtrise d’ouvrage
• expérimenter un environnement de formation.

Le e-learning en assurance, l'exemple AXA

Véritable pionnier en la matière, le groupe français a commencé le e-learning dès l’année 1997 où un total de 98 000 salariés répartis entre 25 pays ont pu en bénéficier.

La mise en œuvre de la formation a distance s’est effectuée progressivement. Elle a donné lieu à une large concertation pour convaincre, sensibiliser et mobiliser les dirigeants, les formateurs, les responsables des ressources humaines, expliquer aux salariés la démarche et ses avantages.

L’entreprise a mis en place un centre de ressources pour la création des contenus avec tutorat sur demande. Dans ce nouveau contexte, l’apprenant détermine avec un formateur/tuteur le plan adapté à ses besoins. La formation dure entre 40 et 400 heures par apprenant.

Les thèmes sont orientés métiers: rédaction d’une lettre sinistre, stratégie de conquête de part de marché, réorganisation d’un service, lancement d’un nouveau produit.

Chaque module est conçu comme une étude de cas, scénarisée, structurée et réalisée dans l’objectif de couvrir la totalité des situations et de fournir les réponses adaptées.

AXA a développé des programme de « Crossknowlege » qui combinent des sessions de e-learning à des séminaires, la formule ayant pour avantage une mise à niveau de l’ensemble des apprenants sur les notions de base