Le sous-continent africain se débat dans un environnement économique et politique instable. Les dévaluations monétaires, les pressions inflationnistes, le chômage et les périodes électorales créent de fortes turbulences dont l’assurance pâtit. Néanmoins, certaines économies africaines demeurent suffisamment dynamiques pour créer de la croissance. C’est le cas notamment dans l’Est du continent où l’on note des taux de croissance du PIB de l’ordre de 6% en 2018. La croissance de l’ensemble de la zone Afrique sub-saharienne devrait avoisiner les 2,4% en 2019 et 2,5% en 2020.
Malgré les contraintes, le marché de l’assurance et de la réassurance continue de progresser. En 2018, les primes non vie comptabilisées en Afrique sub-saharienne atteignent 16,9 milliards USD, alors que les primes vie s’élèvent à 43,2 milliards USD. Un peu plus de 80% de ces primes sont souscrites en Afrique du Sud.
Les primes de réassurance de cette zone sont en progression constante. Elles ont doublé sur la période 2008 à 2018. La réassurance non-vie croît plus rapidement que l’assurance de cette même branche dans la majorité des marchés.
Lire aussi | Classement des réassureurs africains [4]
Les primes de réassurance en Afrique subsaharienne (2008-2018)
Taux de croissance des primes d’assurance et réassurance non vie dans les principaux pays d’Afrique
A l’exception du Gabon qui traverse une crise économique grave depuis 2017, c’est dans les pays pétroliers d’Afrique et ceux de taille moyenne (Ouganda, Sénégal,…) que les taux de cession de réassurance augmentent plus vite que les primes d’assurance directes.
* La croissance des primes de réassurance non vie est non disponibles pour l’Egypte et l’Afrique du Sud
Sources : AM Best
En Afrique sub-saharienne, le faible volume de primes généré par les compagnies d’assurance directes et la création de capacité de réassurance nouvelle jouent contre le marché. L’offre de réassurance étant nettement supérieure à la demande, les cédantes continueront de bénéficier de conditions de renouvellement favorables dans toutes les branches, à l’exception des risques énergie et transport tarifiés sur le marché international.
Lire aussi | Notation des réassureurs africains [5]
Les taux de cession de réassurance en Afrique
C’est au Maroc et en Algérie que le taux de cession de réassurance est le plus faible, 11% pour le premier nommé et 22% pour le second. C’est en Afrique de l’est et du sud que les taux de cession sont les plus élevés avec l’Ouganda 51% et la Tanzanie 43%.
Sources : AM Best
Ratios techniques des réassureurs de l’Afrique subsaharienne (2014-2018)
Les résultats techniques des compagnies de réassurance en Afrique de l’ouest et du centre sont généralement positifs avec toutefois une dégradation du ratio sinistres à primes au cours des trois derniers exercices, 55,4% en 2014 contre 60,3% en 2018. Dans cette zone, les charges des compagnies sont relativement élevées. Toutefois le ratio combiné reste inférieur à 100%, 90,9% en 2014 et 98,9% en 2018.
A noter que le coût des sinistres s’est renchéri ces dernières années avec une fréquence plus élevée, signe d’une érosion de la marge opérationnelle.
Seconde remarque, la dévaluation des monnaies locales impactent fortement le coût des sinistres.
La protection des marchés de réassurance en Afrique subsaharienne
Cette protection prend la forme de cession légale et de création de compagnies locales de réassurance.
La cession légale
Pour contrer les réassureurs internationaux, denombreux pays sub-sahariens recourent à la cession légale. Ce recours s’effectue à deux niveaux :
- au niveau de l’assurance directe : à titre d’exemple, la CICA Re bénéficiera à partir du premier janvier 2020 d’une cession légale de 5% sur toutes les primes émises dans l’espace CIMA.
- au niveau de la réassurance : dans ce cas, les réassureurs nationaux ou assimilés bénéficient d’une cession légale sur tous les traités de réassurance souscrits dans la région.
La création de compagnies nationales de réassurance
Pour retenir le maximum de primes sur le marché local, les Etats sub-sahariens encouragent la création de compagnies d’assurance locales qui bénéficient de cessions légales. Une part non négligeable des primes est retenue par les réassureurs africains.
Au final, les réassureurs africains souscrivent 91% de leurs primes dans une seule zone. Ce manque de dispersion peut à long terme fragiliser les réassureurs, centrés uniquement sur l’Afrique ou un pays donné d’Afrique.