Histoire du marché tunisien de l’assurance

Le marché tunisien de l’assurance avant l’indépendance

Les débuts de l’assurance tunisienne remontent à 1874, lorsque la société Phénix Vie ouvre un bureau de représentation à Tunis. Quelques années plus tard, les premières agences d’assurance françaises apparaissent.

A cette époque les quelques milliers d’européens installés en Tunisie, dont une majorité d’italiens et de maltais, constituent un potentiel d’assurance intéressant. Seuls les étrangers s’assuraient.

En 1882, une année après l’installation du protectorat en Tunisie, les sociétés françaises : Phénix Incendie, Centrale Incendie et Renaissance arrivent à Tunis. Mais le marché tunisien de l’assurance [4] ne prend réellement son essor qu’à partir de 1885, avec l’ouverture d’agences de la Providence (1885), d’Aigle-vie (1886), de la Compagnie d’Assurances Générales-Vie (1886), de la Nationale-Vie (1886) et de l’Urbaine et la Seine (1890).

A côté des sociétés françaises, s’établissent également entre 1886 et 1900 deux compagnies américaines, deux britanniques, deux suisses, une espagnole et une italienne.

Les assureurs créés en Tunisie entre 1874 et 1900

Source : « Histoire de l’assurance en Tunisie », Jacques Charbonnier

Les débuts de l’assurance agricole remontent à 1912 avec la création de la Caisse Régionale d’Assurance Mutuelle « Tunis Assurances ».

En 1919, 131 assureurs sont présents dans le pays, parmi lesquels 26 commercialisent des polices vie. En 1929, le nombre de sociétés passe à 202, dont les plus importantes sont françaises, britanniques et italiennes.

Comme en Algérie et au Maroc, les sociétés françaises réalisent la majorité de leur chiffre d’affaires dans la branche vie. Les sociétés tunisiennes et étrangères souscrivent principalement des risques dommages avec un pourcentage de primes d’environ 40% en incendie et transport.

Après la deuxième guerre mondiale, le marché connait une croissance rapide. Le chiffre d’affaires triple entre 1947 et 1950. Il est multiplié par 2,5 entre 1950 et 1954. En fait, les primes sont multipliées par six au cours de la période 1947 à 1954.

C’est également après la deuxième guerre mondiale que naissent les premières sociétés d’assurance tunisiennes. A la veille de l’indépendance, ces sociétés contrôlent 20% du marché local. Le Lloyd Tunisien et Astree sont respectivement créés en 1945 et 1949.

A la veille de l’indépendance, c'est-à-dire en 1954, 188 assureurs étrangers sont présents en Tunisie.

Source : « Histoire de l’assurance en Tunisie », Jacques Charbonnier

Le marché tunisien de l’assurance après l’indépendance

L’indépendance, obtenue en 1956, marque un tournant important dans la structure du marché de l’assurance tunisien. Les sociétés étrangères installées dans le pays considèrent que le nouveau cadre juridique mis en place par les autorités leur impose trop de contraintes. Entre 1956 et 1961, nombre d’entre elles cèdent ou fusionnent leur portefeuille.

En 1958, la Société Tunisienne d’Assurance et de Réassurance (STAR) est créée avec un capital détenu à 50% par l’Etat, à 30% par des personnes physiques et morales tunisiennes et à 20% par des sociétés d’assurance étrangères, parmi lesquelles figure la Swiss Re.

En complément de ses activités de souscription directe, la STAR gère de 1960 à 1980, pour le compte de l’Etat, la cession légale de réassurance qui s’élève à 10%.

La création d’entreprises d’assurance privées est encouragée par les autorités. Entre 1968 et 1976, de nombreux groupes privés apparaissent sur le marché.

C’est également à cette époque qu’est fondée la première société d’assurance vie, AMINA, dont le GAT est le principal actionnaire. La tunisification du marché s’achève en 1981 avec la création de la Société Tunisienne de Réassurance « Tunis Re », dont le capital est à 100% tunisien. La cession légale de 10% prend fin avec l’arrivée de Tunis Re sur le marché.

Les groupes privés apparus sur le marché tunisien de l’assurance entre 1968 et 1976

¹ Liste non exhaustive
Source : « Histoire de l’assurance en Tunisie », Jacques Charbonnier

Sources :

• Fonds documentaire Atlas
• Revue Sigma, Swiss Re
• « Histoire de l’assurance en Tunisie », Jacques Charbonnier, Collection Taâminat, Cérès Editions, 2006.