Cette impatience d'ausculter le pouls de nos grands malades révèle une double inquiétude. L'assurance peut-elle résister à la crise? et quelles sont les sociétés qui survivront à cette maladie?
La réponse à la première question est catégorique. Oui, le secteur de l'assurance résiste bien à la crise. Et au vu de la violence du choc on peut dire qu'il résiste très bien. Il est utile de rappeler que le gouvernement américain a soutenu 580 banques alors que seuls AIG et six assureurs vie ont bénéficié de fonds publics pour se maintenir à flots.
En fait cette crise marque la fin d'un cycle où le résultat financier a pris plus d'importance que le résultat technique. Au cours de la période 1996 à 2000, le résultat financier net exprimé en pourcentage des primes nettes s'est élevé à 18,8% aux USA, 24,6% au Royaume Uni, 15,7% en Allemagne et 15,4% en France et seuls l'Allemagne et le Japon affichaient un résultat technique positif.
Survivront à la crise actuelle, les sociétés qui ne se sont pas éloignées de l'assurance. C'est-à-dire, celles dont le modèle économique privilégie la recherche du résultat technique. Celles également qui seront les plus réactives et qui continueront à investir.
En revanche, les sociétés qui ont joué la carte du «tout financier» et qui ont misé sur les résultats à court terme en privilégiant les produits de placement miracles sont dans une situation délicate.
Depuis l'affaire AIG, la solvabilité des assureurs est devenue la priorité des priorités. La Commission Economique Européenne va réaliser des «stress tests» (tests de résistance) aux trente plus grandes sociétés d'assurance opérant sur le marché. Certains pensent même que l'avenir est aux sociétés de taille moyenne et que le gigantisme a vécu.