La blockchain, opportunité ou menace pour l’industrie de l’assurance ?

La Blockchain a de beaux jours devant elle. Les experts sont confiants quant à l’avenir de cette technologie qui peut révolutionner le secteur financier et l’assurance en particulier.
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Certains de ces experts estiment même que c’est la plus importante innovation depuis l’avènement d’Internet.

Adoptée initialement par le secteur bancaire, la blockchain n’a pas tardé à séduire les assureurs. Ces derniers peuvent désormais proposer des produits plus innovants, lutter contre la fraude et réduire leurs charges administratives.

Blockchain et assurance

Selon le cabinet de conseil McKinsey, 200 solutions basées sur la technologie de la chaine de blocs ont été développées dans le monde dont 10% s’appliquent à l’assurance. Ces chiffres arrêtés à juillet 2016 auraient sensiblement progressé.

Pour le cabinet de recherche Markets and Markets (1), le chiffre d’affaires de l’industrie de chaine des blocs blockchain, estimé en 2016 à 241,9 millions USD devrait atteindre 7 683,7 millions USD en 2022, soit un taux de croissance annuel de 79,6%.

Blockchain : les expériences des compagnies d’assurance

Scor

Plusieurs compagnies d'assurance et de réassurance traditionnelles se sont déjà lancées dans la Blockchain. SCOR a réussi, en septembre 2016, à effectuer une première application interne avec cette technologie : une base de données sécurisée et partagée qui contient l’historique des échanges effectués avec ses clients. Ce prototype permet d’évaluer la possibilité de recourir au procédé de la chaine des blocs dans le cadre d’un projet plus large.

Axa

Axa a, pour sa part, lancé une assurance retard d’avion basée sur la blockchain. La solution mise en place permet une connexion directe avec les bases de données du trafic aérien mondial. Elle calcule en temps réel les retards de vols.

Les informations collectées sont immédiatement corrélées aux listes des passagers assurés. Ces derniers reçoivent une indemnisation avant même qu’ils ne déclarent leur sinistre.

Allianz

Allianz s’est également aventuré dans cette voie. En novembre 2017, l’assureur allemand a testé avec succès un prototype de chaine des blocs pour le marché des captives d’assurance.

L’application permet le transfert de fonds d'un pays à un autre. Cette expérience démontre qu’il est aujourd’hui possible, grâce à cette technologie, de simplifier et d’accélérer les transactions internationales(1).

(1) http://www.agcs.allianz.com/global-offices/france/news-press-france/allianz-lance-un-prototype-de-blockchain-pour-le-marche-des-assurances-captives/

Création d’un consortium dédié à la blockchain

Bien au-delà de ces initiatives individuelles, la création d’un consortium dédié à la blockchain confirme l’intérêt que porte l’industrie de l’assurance à cette technologie. Créé en octobre 2016, le pool Blockchain Insurance Industry Initiative (B3i) permet à ses membres de tester le potentiel de cette solution de stockage et de transmission de l'information.

Le B3i a attiré, à octobre 2017, 24 nouveaux membres à savoir ; AIA, AIG, Aon, Chubb, Covéa, Everest Re, Gen Re, Guy Carpenter, Marsh, JLT Re, Leadway Assurance, LocalTapiola, Mapfre Re, QBE Re, PartnerRe, Navigators, SAHAM Assurance, Sava Re, Takaful Emarat, TigerRisk, Trust Re, UnipolSai, USAA et Willis Re, et la liste ne cesse de s’allonger.

Les quinze membres fondateurs de la B3i sont : Achmea, Aegon, Ageas, Allianz, Generali, Hannover Re, Liberty Mutual Insurance, Munich Re, RGA, SCOR, Sompo Japan Nipponkoa Insurance, Swiss Re, Tokio Marine Holdings, XL Catlin et Zurich Insurance Group(2).

(2) www.atlas-mag.net/article/sava-re-rejoint-le-consortium-b3i

L’apport de la blockchain à l’assurance

Même si le secteur bancaire a été le premier à déployer une solution blockchain, l’assurance semble mieux placée pour tirer profit de cette innovation. Sa structure décentralisée conjuguée à sa transparence et sécurité permet aux assureurs de relever plusieurs défis à savoir :

  • la création de produits plus innovants

Cette nouvelle technologie La blockchain élargit le champ de l’innovation en matière d’assurance. Elle facilite la conception et la mise en place de contrats intelligents ou « smart contracts ». Ce système est capable d’appliquer automatiquement les conditions et termes d’un contrat, sans intervention humaine. Il permet d’analyser les données et de réunir les conditions d’un paiement. Tout est automatisé ; la réclamation, la vérification des dossiers, le calcul des indemnisations et le dédommagement. Cette solution existe depuis plusieurs années. Elle commence toutefois à être pleinement exploitée avec l’avènement de la blockchain.

Les smarts contracts s’appliquent parfaitement à l’assurance indicielle ou paramétrique. Ils permettent de déclencher automatiquement le processus d’indemnisation, avant même qu’une déclaration de sinistre soit rédigée. Un contrat intelligent est connecté aux bases de données météorologiques. Il vérifie si toutes les conditions de mise en jeu de la garantie sont réunies (après un mois de sécheresse par exemple,…), puis indemnise l’assuré sans intervention d’expert ni déclaration de sinistre. Le même principe s’applique pour l’assurance retard d’avion.

Le modèle de smart contrat s’applique également à tout ce qui se rapporte à l’économie du partage ou « sharing economy ». Cette pratique collaborative, associée généralement aux plates-formes virtuelles comme Uber et Airbnb, peut tirer profit de la blockchain. La solution précitée permet l’analyse des données relatives aux habitudes des assurés et à leurs déplacements. Les informations recueillies permettent alors d’ajuster la tarification.

Ces solutions peuvent techniquement exister sans blockchain. Le véritable apport de cette innovation réside dans le fait d’apporter plus de confiance et de sécurité aux transactions. Ces deux derniers critères sont indispensables pour automatiser le processus, sans avoir recours à un tiers.

  • la meilleure implication des assurés dans le processus d’assurance
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Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui aux assurés de contrôler leurs données personnelles et d’être plus impliqués dans le processus d’assurance. C’est le cas des garanties peer-to-peer (P2P) qu’on peut traduire en français par «personne à personne». Cette solution propose des couvertures d’utilisateur à utilisateur, sans intermédiaire. Une communauté de personnes verse une prime dans un pot commun servant à rembourser l’assuré sinistré. Un réassureur peut toutefois prendre le relais en cas de besoin d’une plus forte indemnité.

L’idée de l’assurance P2P n’est pas nouvelle, plusieurs initiatives sont apparues partout dans le monde mais sans grand succès. La Blockchain peut dans ce cas, grâce notamment à sa transparence et sa sécurité, représenter une opportunité pour le développement de cette activité.

  • la meilleure compréhension de l’assuré

La connaissance-client n’est plus l’apanage des seuls assureurs. Plusieurs start-up telles que Tradle travaillent aujourd’hui sur des solutions de chaine des blocs de know-your-customer (KYC) ou « connaissez votre client ». Ces initiatives permettent de rassembler et d’analyser une quantité d’informations fournies librement par les assurés eux-mêmes.

Les données recueillies autorisent une meilleure compréhension des comportements des clients, leurs habitudes et leurs besoins. Les assureurs peuvent ainsi concevoir des produits plus adaptés, proposer des primes ajustées aux risques et calculer des indemnisations appropriées, tout cela, dans une transparence absolue.

  • la meilleure intégration de nouveaux clients

La blockchain permet également d’accélérer et de simplifier l'intégration de nouveaux clients. Elle permet de constituer un référentiel commun réunissant l’identité des clients et l'historique de leurs transactions. Ces derniers peuvent facilement changer d’assureur ou souscrire de nouveaux contrats sans être contraints de refaire les mêmes procédures administratives.

  • la détection de la fraude

La fraude à l’assurance représente environ 10% de la charge sinistres en Europe. Ce taux est logiquement beaucoup plus important dans les pays qui disposent de systèmes de contrôle moins efficaces.

La blockchain semble être la solution appropriée pour lutter contre ce fléau. En effet, la technologie facilite l’échange intersectoriel de données. Une résolution qui permet de consulter librement toutes les informations requises auprès des établissements de santé, des services de sécurité, centres commerciaux, garagistes et réparateurs. La vérification de l’authenticité des déclarations de sinistre sera ainsi plus simple et efficace.

  • la réduction des coûts administratifs

Le procédé de chaine des blocs permet aux assureurs non seulement de réduire leurs coûts administratifs mais également d’apporter plus de rapidité et de précision dans l’exécution de certaines tâches, comme la gestion des contrats et le règlement des sinistres.

La généralisation des contrats intelligents devrait, par ailleurs, sensiblement réduire le nombre d’employés dans le secteur des assurances.

  • la meilleure accessibilité aux services assurance

Le caractère décentralisé et ouvert de la blockchain permet aux communautés mal desservies par les réseaux de distribution traditionnels de souscrire une police d’assurance partout dans le monde, sans contraintes transfrontalières ni problème de devise.

Les transactions se font en bitcoin. L’internationalisation de l’assurance reste néanmoins théorique devant l’absence de cadre réglementaire.

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