Renouvellement 2021 des traités de réassurance

Avec l’apparition du coronavirus, ils disposent d’arguments supplémentaires pour convaincre les cédantes du bien-fondé d’une hausse des tarifs en leur faveur.

Avant même la crise sanitaire, des vents contraires ont commencé à se faire sentir sur la profession. La liste des facteurs qui mettent à mal les finances des réassureurs ne faisait que s’allonger. Les préoccupations étaient nombreuses :

• développement incertain des réserves catastrophes naturelles,
• accroissement du coût des sinistres,
• évolution défavorable du cadre législatif, judiciaire, social et économique.

De plus, rien ne semble faire décoller les taux d’intérêt bas depuis plusieurs exercices. L’arrivée du Covid-19 vient aggraver cette situation alors que l’offre de réassurance demeure vigoureuse.

Cette situation apparemment catastrophique recèle pourtant des facteurs qui contrebalancent ces effets désastreux. Après quelques hésitations, les acteurs du marché se sont vite adaptés à l’environnement virtuel du travail. Ils élaborent des plateformes de transfert de risques efficaces dans un secteur connecté aux nouvelles technologies.

C’est donc dans un environnement inhabituel que vont s’effectuer les négociations des traités de réassurance au 1^er janvier 2021. Une inconnue domine ce renouvellement : quel impact auront la tempête sanitaire et les difficultés économiques sur les réassureurs ? Tour d’horizon des principales tendances et attentes du monde de la réassurance.

Marché de réassurance : le capital dédié

Depuis 2013/2014, le capital mis à la disposition du marché par les réassureurs traditionnels connait une augmentation notable. Estimé à 320 milliards USD en 2013, il atteint un sommet en 2019 avec 394 milliards USD. Cette hausse est particulièrement notable entre 2018 et 2019 avec une progression de 15% du capital traditionnel.

La forte croissance de capacité intervient pourtant dans un marché où de nombreux acteurs qui souscrivent des affaires au-delà du seuil de rentabilité, peinent à dégager des bénéfices. Mais le retournement des marchés financiers fin 2018 et tout au long de l’année 2019 a amélioré les perspectives d’investissement des réassureurs impactés par les multiples crises financières.

L’estimation du capital de réassurance de 2020 est en recul de près de 2,3% à 385 millions USD. Ce dernier était déjà en baisse de près de 2% au 30 juin de l’année en cours. Entre 2016 et 2018, une série de catastrophes naturelles a érodé le capital de réassurance. L’adéquation entre capital/risque régresse après la survenance de chaque événement majeur sans toutefois affecter les ratios de solvabilité de la profession qui demeurent très confortables.

Capacité de réassurance

Marché de la réassurance alternative

Capital alternatif

Les estimations font ressortir une régression du capital alternatif (de 88 milliards en 2019 à 86 milliards USD en 2020) semblable à celle du capital traditionnel, même si au 30 juin 2020 le recul observé est plus important.

Cette baisse de capacité alternative a pour origine la perte de certains actifs adossés aux engagements de réassurance, suite à la survenance de sinistres catastrophes naturelles dits secondaires : tempêtes sévères, feux de brousse, inondations, etc.

L’année 2020 a connu une recrudescence en termes de fréquence pour cette catégorie d’événements dont la sévérité est souvent moyenne, notamment aux Etats-Unis. A lui seul, ce pays a enregistré dix de ces catastrophes au 31 août 2020. Cette tendance s’observe dans plusieurs régions du monde.

Evolution des pertes assurées engendrées par les périls secondaires : 1990-2020

Capacité du marché de réassurance alternative