La piraterie maritime dans le Golfe d'Aden et en Afrique de l'Ouest

La piraterie maritime a atteint en 2013 son niveau le plus bas depuis six ans. C’est la conclusion qui ressort du dernier rapport rédigé, pour les cinq dernières années, par le Bureau Maritime International (BMI).

Crédit photo: Eddie Harrison/U.S. NavySelon le BMI, le nombre total des incidents est passé de 297 en 2012 à 264 en 2013, en repli de 11% par rapport à 2012, et de 35% par rapport à 2009 qui enregistre 410 cas de piraterie.

Cette tendance à la baisse ramène le nombre des actes au niveau de celui atteint en 2007 (263).
En 2013, les attaques rapportées par le BMI à travers le monde comptent 12 navires détournés, 202 abordés, 22 ayant fait l’objet de tirs d’armes à feu et 28 autres ayant subi des tentatives avortées. Au total, 373 personnes ont été affectées par ces agressions dont un marin tué et 21 autres blessés. Le nombre d’otages s’élève à 304.

La piraterie maritime au Golfe d’Aden : Baisse des tentatives de détournement

La première zone à haut risque de piraterie maritime, «High Risk Area», qui s’étend de la mer Rouge au canal du Mozambique et au Golfe d’Aden, connaît depuis quelques années une baisse significative du nombre des attaques. En 2013, 15 incidents seulement y ont été recensés, soit 15 fois moins qu’en 2009.

Cette amélioration de la situation sécuritaire est due :

  • au renforcement des dispositifs de sécurité dans la région,
  • à la présence de gardiens armés à bord des navires,
  • à la fréquence des patrouilles des forces navales internationales.

Même si le nombre d’attaques est en baisse, les zones d’action des pirates ne cessent de s’agrandir. Du golfe d’Aden, ces événements se sont déplacés vers les côtes de l’Afrique de l’ouest (Golfe de Guinée) et vers l’Asie.

La piraterie maritime en Afrique de l’ouest : 53 attaques dans le Golfe de Guinée

La deuxième zone à haut risque s’étend des côtes ivoiriennes à celles du Congo, en passant par les eaux territoriales du Nigéria et celles du Cameroun. En 2013, cette nouvelle zone de chasse des pirates s’est allongée jusqu’aux côtes marocaines. Une attaque s’est produite dans le port de Safi (ville marocaine sur le littoral atlantique) et une autre au large de la Mauritanie. Au sud et pour la première fois, deux assauts se sont produits dans les eaux gabonaises.

Cette expansion territoriale de la piraterie maritime s’est paradoxalement accompagnée en 2013 d’une baisse du nombre des attaques. Pour l’ensemble de l’Afrique de l’ouest, les incidents recensés passent de 62 en 2012 à 53 en 2013, en repli de 14,5% après avoir enregistré des hausses atteignant 33% entre 2009 et 2010.

Seul le Nigéria continue à noircir le tableau. En hausse de près de 15% par rapport à 2012, les actes de piraterie survenus au large des côtes nigérianes représentent plus de 58% des incidents relevés par le BMI dans la région.

En Afrique de l’ouest, la plupart des forfaits ont été commis par des pirates nigérians lourdement armés et bien organisés. Ils s’attaquent le plus souvent aux pétroliers remplis de brut pour les détourner et les décharger de leur cargaison.

Ce nouveau genre de piraterie, visant les matières énergétiques, inquiète particulièrement les gros importateurs de pétrole de la région : l’Europe, les Etats-Unis et la Chine. Ces derniers craignent que cette route maritime, très fréquentée, ne devienne inutilisable pour les cargos.

La piraterie maritime en Asie, incidents de moindre importance

C’est en Asie que le BMI comptabilise le plus d’incidents (167). Trois zones chaudes sont répertoriées. L’Indonésie, où la piraterie maritime est en hausse depuis 2009, enregistre 106 attaques. Elle est suivie par l’Inde et le Bangladesh qui totalisent à eux deux 26 agressions et la Malaisie avec 9 incidents.

Les attaques dans cette région aboutissent à des vols de moindre importance en comparaison avec celles commises dans le Golfe de Guinée et le Golfe d’Aden.

Coût de la piraterie maritime pour l’économie mondiale

Selon la Banque Mondiale, la piraterie maritime coûte 18 milliards USD par an à l’économie. Cette somme comprend, entre autres, les rançons versées, les primes d’assurance, les coûts de modification des itinéraires des navires, la valeur des cargaisons perdues ou volées, les frais de renforcement des dispositifs de sécurité. Des coûts indirects peuvent venir aggraver ces pertes comme par exemple l’interruption de l’activité maritime et touristique le long des côtes menacées par ce fléau ou la perturbation de la chaîne d’approvisionnement des entreprises.

Assurance de la piraterie maritime

Vu l’importance et la valeur des biens couverts, les assureurs imposent de plus en plus aux armateurs le respect des consignes de sécurité et la présence d’une équipe de protection à bord.

La plupart des navires souscrivent une assurance maritime corps et facultés. Cette garantie couvre les principaux périls dus à la navigation dont les risques de guerre et la piraterie. De plus, une garantie complémentaire « Kidnap and Ransom insurance » peut être souscrite pour répondre à une demande de rançon.

Evolution du nombre des actes de piraterie maritime dans le monde : 2009-2013

Lieux
20092010201120122013Evolution 2012/2013
Asie
Indonésie
1540468110630,86%
Malaisie
161816129-25%
Inde
125681475%
Bangladesh
18231011129,09%
Reste de l’Asie
385641182644,44%
Total Asie
99 142 119 130 167 28,46%
Afrique de l’est
Golfe d’Aden
1175337136-53,84%
Mer rouge
152539132-84,61%
Mer d’Arabie
12----
Océan indien
1-----
Oman
4-1---
Somalie
80139160497-85,71%
Total Afrique de l’Est
218 219 237 75 15 -80%
Afrique de l’ouest
Côte d’Ivoire
24154-20%
Nigéria
291910273114,81%
Congo
-1343-25%
Togo
2 6157-53,33%
Reste de la région
131532118-27,27%
Total Afrique de l’ouest*
46 39 52 62 53 -14,51%
Reste du monde
4745313029-3,33%
Total général
410445439297264-11,11%
*y compris les attaques survenues sur les côtes marocaines et mauritaniennes. Source: Rapport 2013 du Bureau Maritime International
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