Marché mondial de la réassurance : principaux indicateurs

Le marché de la réassurance continue à se développer. Selon une étude « Atlas Reinsurance Reports 2024 » réalisée par Atlas Magazine à partir des données de 129 réassureurs, les primes brutes émises en 2022 pour l’ensemble de la profession s’élèvent à 400,5 milliards USD, en hausse de 4,35% par rapport à 2021.

Principaux indicateurs du marché mondial de la réassurance : 2018-2022

En milliards USD

Indicateurs20182019202020212022Moyenne sur 5 ans
Primes émises brutes256,7291,2340,1383,8400,5334,5
Primes émises brutes non vie175,9195,8227,9262,4280,9228,6
Primes émises brutes vie80,895,4112,2121,4119,6105,9
Résultat net2,220,95,952,220,120,3
Fonds propres721,9862,9931,31067,9926,2902
Ratio sinistres à primes en %6866,872,865,565,967,8
Ratio frais de gestion en %33,933,231,630,929,731,9
Ratio combiné en %101,9100104,496,495,699,7
ROE en % (Return on Equity)1,19,32,54,92,24

(1) Données de 129 premiers réassureurs
Sources : Atlas Reinsurance Reports 2024 et AM Best

Le marché mondial de la réassurance non vie

En 2022, l’ensemble des réassureurs non vie dont le nombre s’élève à 122, enregistre 280,9 milliards USD de primes contre 262,3 milliards USD en 2021. L’activité non vie représente 70% du total marché (vie et non vie) en 2022 contre 68% une année auparavant.

Le marché de la réassurance non vie est un marché très concentré avec à sa tête 10 sociétés, qui totalisent 59,49% des souscriptions de la branche en 2022.

Les grands groupes européens se retrouvent en pôle position du classement avec Munich Re, Hannover Re, Swiss Re et le Lloyd’s, occupant les quatre premières places. Petite révolution en non vie, Hannover Re déloge Swiss Re de la deuxième place. Ces acteurs européens sont les seuls à détenir un portefeuille à forte répartition géographique.

Le top 10 regroupe cinq réassureurs européens, trois bermudiens, un américain et un chinois.

En termes de primes non vie, les taux de progression les plus élevés sont réalisés par Berkshire Hathaway et Hannover Re qui enregistrent des taux de croissance respectifs de 19,88% et 18,88%.

Seul le Lloyd’s enregistre un recul de ses primes en 2022.

Ratios techniques 2022 des dix premiers réassureurs non vie

RangCompagnieRatio sinistres à primesRatio frais de gestionRatio combiné
1Munich Re66,50%29,70%96,20%
2Hannover Re71,90%27,90%99,80%
3Swiss Re74,20%28,20%102,40%
4Lloyd's57,50%34,40%91,90%
5Berkshire Hathaway66,10%20,30%86,40%
6SCOR84,10%29,10%113,20%
7Everest Re Group69,20%27,20%96,40%
8Renaissance Re68,50%29,20%97,70%
9China Re65,42%32,69%98,11%
10PartnerRe59,00%27,60%86,60%

Source : Atlas Reinsurance Reports 2024

Le marché mondial de la réassurance vie

La réassurance vie a peu évolué en 2022. Seul changement notable, China Re passe de la 5ème place du classement en 2021 à la 7ème en 2022.

Parmi les 61 réassureurs souscrivant des risques vie, seuls trois d’entre eux, Canada Life Re, Reinsurance Group of America et Pacific Life Corp sont uniquement spécialisés dans cette branche (1). Les 58 autres compagnies souscrivent aussi bien des risques vie que non vie.

Le marché vie est plus concentré que celui de la non vie. Les 10 premiers y réalisent 92,79 % de la prime mondiale. Les 51 autres compagnies se partageant les 7,21% restants. Les trois premières places du classement reviennent à Canada Life (2), Swiss Re et Munich Re, avec des parts de marché respectives de 21,42%, 13,37% et 12,21%.

Contrairement à la branche non vie, la branche vie a régressé en 2022, passant de 121,400 milliards USD en 2021 à 119,585 milliards USD en 2022, soit une baisse de 1,49% pour la vie contre une hausse de 7,07% pour la non vie.

La pandémie du Covid-19 a mis à mal la branche vie qui enregistre une hausse significative de la mortalité, surtout aux États-Unis. Cet événement catastrophique a impacté les comptes 2022 avec un recul du chiffre d’affaires, des fonds propres et du résultat net de la branche vie. Ce dernier passe de 28,5 milliards USD à fin 2021 à 20,6 milliards USD à fin 2022.

(1) Parmi les acteurs spécialisés en vie se trouvent 4 réassureurs domiciliés au Zimbabwe, dont la part de marché est marginale.
(2) Canada Life Re est une filiale de réassurance de Great-West Lifeco. Cette dernière a fusionné en 2019 ses trois compagnies d’assurance vie : The Great-West Life Assurance Company, London Life Ins et The Canada Life Assurance.

Les réassureurs européens

L’environnement économique incertain de 2022, marqué par la crise énergétique, l'inflation et la guerre en Ukraine, n’a pas contrarié l'activité des leaders du secteur. Les quatre principaux réassureurs européens ont bénéficié des hausses tarifaires imposées à leurs cédantes lors des renouvellements 2022, pour faire passer leur chiffre d’affaires de137,5 milliards USD en 2021 à 147,7 milliards USD en 2022.

Cette embellie des primes des réassureurs n’a pas empêché une aggravation du taux de sinistralité et du ratio combiné entraînant une chute du résultat net, qui passe de 6,7 milliards USD à fin 2021 à 5,3 milliards USD un an plus tard, soit un recul de 20,9%. La forte sinistralité catastrophes naturelles a également impacté les fonds propres des réassureurs qui, à 50,1 milliards USD, chutent de 37,6% en un an.

Lloyd’s

En termes de primes brutes, le Lloyd's marché spécialisé en non vie, occupe, avec sa centaine de syndicats actifs, le 4ème rang mondial. Son portefeuille très diversifié couvre plus de 200 territoires.

Contrairement au portefeuille des grands réassureurs continentaux, Swiss Re, Muncich Re et Hannover Re, celui du Lloyd’s est très volatile en raison même de la nature et de l’origine des affaires souscrites dont une grande partie provient des Etats-Unis (catastrophes naturelles, risques cyber, …).

Les performances 2022 du Lloyd’s sont en demi-teinte. Les placements de réassurance, qui représentent 33% du portefeuille global du Lloyd’s, sont en baisse de 4,14% alors que les affaires directes, soit 77% du chiffre d’affaires, progressent de 6,42%.

Malgré un ratio combiné réassurance en nette amélioration à 91,8% (taux le plus bas des cinq dernières années), le résultat net du Lloyd’s enregistre une perte de 927 millions USD. Les fonds propres sont également en recul ainsi que le ROE qui est au rouge de 1,9%.

Marché américain et bermudien de la réassurance

Les résultats techniques réalisés par le marché américain et bermudien se sont globalement améliorés en 2022, selon nos mesures prises pour 41 réassureurs de la région. La rentabilité ne s’en est pas moins détériorée pour cause de résultats financiers en forte baisse.

En 2022, les primes brutes ont augmenté de 3,48%, passant de 120,4 milliards USD en 2021 à 124,6 milliards USD une année plus tard. Cette croissance reflète une hausse de la demande de couverture et une amélioration de la tarification de l’ensemble des branches souscrites.

Malgré la sinistralité catastrophes naturelles toujours importante aux Etats-Unis, le ratio sinistres à primes de 64,4% est en recul de 2,3% en 2022. Le ratio frais de gestion suit la même tendance avec une baisse encore plus prononcée de 5,3%. Résultat, à 92,9% le ratio combiné clôt l’exercice 2022 avec un gain de 3,2%, soit le meilleur indice enregistré par le marché au cours des cinq dernières années.

Malgré ces bons résultats techniques, le rendement des capitaux propres (ROE) qui était de 3,2% en 2021 recule à 0,2% à fin 2022. Les fonds propres sont également en baisse de 12,6% sur une année.

Les bonnes performances techniques réalisées par le marché poussent de nombreux acteurs à développer leur portefeuille et renforcer leur position sur des segments spécifiques. Cet attrait pour la réassurance se matérialise par un accroissement des levées de fonds, d’opérations de fusions & acquisitions et une hausse des capacités de souscription dans les branches à tarification attrayante.

Les dernières opérations réalisées sur le marché illustrent bien cette tendance :

  • Levée de capitaux par RenaissanceRe Holdings pour soutenir ses filiales dont plusieurs actives dans la souscription des risques catastrophes naturelles.
  • Acquisition de Validus Reinsurance et de ses filiales par RenaissanceRe en mai 2023. Montant de l’opération 3 milliards USD.
  • Levée de fonds de 1,5 milliard USD par Everest Group en mai 2023. Objectif renforcement des fonds propres et soutien à la croissance.
  • Augmentation fin 2022 de la capacité de souscription catastrophes naturelles de 50% par Berkshire Hathaway. Selon AM Best, le groupe dispose actuellement d’une capacité totale de souscription d'environ 300 milliards USD.

Marché de la réassurance de l’Asie-Pacifique

Les 16 réassureurs de la zone Asie-Pacifique répertoriés par Atlas réalisent des résultats mitigés en 2022. La quasi-totalité des indicateurs sont en baisse par rapport à 2021. Ainsi, les primes émises marquent un léger recul alors que la sinistralité catastrophes naturelles avec en particulier les inondations en Australie et en Chine, fait perdre 1,4 point au ratio sinistres à primes. Au final le ratio combiné reste au-dessus de la barre des 100%. Même tendance à la baisse pour le résultat net, en perte de 22,85% par rapport à 2021.

Les ratios de solidité financière sont également en recul, notamment le capital social et les fonds propres. L’année 2022 se termine par un recul de la rentabilité globale du marché avec un ROE de 8,5%, en baisse de 17,47% sur un an.

Les résultats 2022 en recul par rapport à 2021, année de reprise post-Covid sont imputables aux fortes pertes catastrophes naturelles et à l’environnement économique longtemps incertain. La Chine et l’Australie, deux économies phares de la région, figurent parmi les derniers pays à avoir levé l’ensemble des restrictions et limitations de circulation imposées aux personnes et aux biens durant la pandémie. Cette dernière a fini par peser sur la croissance chinoise, véritable locomotive économique de toute la région.

Sur le plan assurance, les réassureurs de la zone Asie-Pacifique ont fait preuve d'une grande discipline lors des renouvellements de 2023. L’abandon des programmes non rentables et la hausse significative des tarifs ont joué en faveur des réassureurs.

Le renouvellement de 2024 reste dans la continuité de celui de 2023. La menace catastrophes naturelles continue de peser sur la demande de réassurance qui reste soutenue et incite les cédantes à se protéger contre la volatilité de leur bilan.

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