L’invasion de l’Ukraine, un risque exceptionnel

Le conflit qui oppose l’Ukraine, un Etat de l’est européen, à la Russie, le plus vaste pays de la planète, entrave le redressement que laissait entrevoir la découverte des vaccins anti-covid.

guerre russie ukraineLe conflit russo-ukrainien s’est rapidement transformé en guerre déclarée, impliquant non seulement les deux pays cités mais également l’ensemble des pays occidentaux et des pays tiers.

Ce retour à la guerre «Est-Ouest» entraîne une instabilité politique, économique et environnementale, doublée d’une volatilité des prix des produits agricoles et énergétiques affectant l’ensemble des marchés financiers et échanges commerciaux.

La guerre est un risque exceptionnel pour les assureurs. Ces derniers ont certes cumulé un certain savoir-faire des couvertures actes de piraterie et autres risques politiques comme le terrorisme, mais ils ne disposent toujours pas de solutions pour faire face aux situations de guerre.

Ces événements extraordinaires sont des risques à caractère systémique que l’industrie des assurances dans sa forme actuelle n’est pas en mesure de prendre en charge.

Dans un monde économique globalisé, un conflit armé de type guerre étrangère affecte d’une manière ou d’une autre les entreprises opérant aussi bien sur leur sol national qu’à l’étranger. Aux importants préjudices directs s’ajoutent les dommages collatéraux, affectant salariés, actifs, investissements, revenus, chaînes d’approvisionnement, logistique, …

La guerre Russie-Ukraine illustre parfaitement ces observations. Les combats provoquent non seulement des pertes humaines et dégâts matériels extrêmement élevés, mais ils affectent également la sphère économique avec un risque de récession mondiale.

Selon les estimations de l'OCDE, l'impact économique global du conflit se chiffrerait à l’heure actuelle à 1% du PIB mondial, soit 1 000 milliards USD pour la seule année 2022.

La guerre en Ukraine

Les derniers événements survenus en Ukraine impactent le marché risques de guerre.

Le classement des eaux entourant la Russie et l’Ukraine en zone à haut risque entraîne un blocus qui ne dit pas son nom et une forte limitation des déplacements dans la région.

Selon l'Organisation Maritime Internationale, plus de 100 navires battant pavillon étranger et plus de 1 000 marins originaires de 20 pays différents sont bloqués dans les ports ukrainiens à la date du 11 avril 2022.

Selon la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), 200 à 300 navires sont bloqués en pleine zone de guerre. Parmi ces navires, se trouvent plusieurs céréaliers.

Depuis le début du conflit, au moins 10 navires marchands ont été endommagés par des missiles ou des mines, dont un cargo panaméen qui a coulé le 17 mars. Un autre navire battant pavillon dominiquais a connu le même sort le 3 avril.

Face à cette situation d’instabilité, les tarifs transport maritime ont été multipliés par cinq en moyenne pour les porte-conteneurs et de 182% pour les vraquiers.

Début mars, un armateur naviguant en mer Noire a dû payer une surprime de 200 000 USD, soit l’équivalent de sa prime annuelle.

Guerre Ukraine-Russie : perturbation des chaînes d'approvisionnement

Les chaînes d'approvisionnement, fortement perturbées par la crise sanitaire mondiale, sont une nouvelle fois mises à l’épreuve par la guerre en Ukraine. L’absence de mouvements de marchandises, l’immobilisation des navires, la suspension des couvertures assurance, l’arrêt de production sont autant de facteurs qui entravent le processus de ravitaillement des marchés et entreprises aux quatre coins de la planète.

Ce contexte de tension sur la chaîne logistique s’est amplifié avec :

  • l’apparition de problèmes techniques pour les armateurs transportant des marchandises via la mer Noire et les eaux territoriales affectées par le conflit,
  • la suspension des couvertures d’assurance pour les navires, avions, cargaisons, etc. dans les zones à risque,
  • l’application de sanctions occidentales à l’encontre de la Russie. Les navires russes sont interdits de navigation dans plusieurs ports,
  • la dégradation de l’état de nombreux navires marchands en Ukraine,
  • l’insécurité sur les routes maritimes à destination et en provenance de la mer Noire, région devenue critique pour les négociants de produits agricoles et pétroliers,
  • la perturbation des points d’accès au commerce maritime,
  • la dégradation de l’état des infrastructures portuaires,
  • la hausse des coûts du transport maritime pour les navires et cargaisons,
  • l’augmentation des prix de vente des marchandises transportées. Le prix des matières premières est en hausse de près de 40% en moyenne dans le monde,
  • la baisse de capacité du transport maritime et aérien avec l’immobilisation d’un grand nombre de navires et d’avions,
  • des retards au niveau des délais de livraison,
  • la pénurie de matières premières. A long terme, un conflit prolongé en Ukraine pourrait profondément perturber les marchés. Les deux pays en conflit, la Russie et l'Ukraine, assurent à eux seuls 29% de l’approvisionnement mondial en blé, 19% en maïs et 80% en huile de tournesol. Une réelle menace sur la sécurité alimentaire existe pour certains pays, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, qui dépendent des importations des produits de base.

Conflit Ukraine-Russie : l’assurance et les risques de guerre

Avions immobilisés, navires endommagés, bâtiments détruits, créances irrécouvrables, activités à l’arrêt sont autant de préjudices auxquels les assureurs devront faire face au cours de ce conflit Russie-Ukraine.

Dès le début des hostilités, la première réaction du marché international a été de restreindre ses engagements dans la région en adoptant une série de mesures comme :

  • le refus de tout nouveau contrat qui pourrait exposer les assureurs à des pertes potentielles,
  • la réécriture ou la reformulation des polices pour exclure les risques de guerre,
  • le payement de surprimes d’un niveau parfois exorbitant pour les navires traversant les zones maritimes à risque,
  • la suspension de certaines couvertures liées aux risques de guerre,
  • la limitation des engagements,
  • le non renouvellement des couvertures accordées par le marché international aux activités menées en Russie et en Ukraine. Les entreprises industrielles ou commerciales occidentales souhaitant continuer à opérer dans ces deux pays doivent souscrire de nouveaux contrats auprès d’assureurs locaux à des tarifs plus élevés.
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