Le marché de la Réassurance en 2024 : les tendances dominantes

Les réassureurs abordent 2024 dans de meilleures dispositions que lors des derniers exercices, plombés par les années Covid.

L’amélioration des résultats du marché, confirmée par les agences de notation [4], s’inscrit dans la continuité des actions entreprises par les réassureurs lors du renouvellement de 2023, à savoir : hausses tarifaires, durcissement des conditions des traités et développement de solutions alternatives.

Le recul de la sinistralité catastrophes naturelles aux Etats-Unis [5] en 2023 joue également en faveur d’un retour à un meilleur équilibre entre offre et demande de réassurance.

Selon les agences de notation, la bonne évolution du marché avec une offre et une demande de réassurance mieux équilibrée que par le passé est soutenue par l'absence d’événements catastrophiques majeurs. Le seul sinistre de grande ampleur de l’année 2023 concerne le séisme de Turquie [6] dont l’évaluation à ce jour s’élève à 6 milliards USD. Somme très éloignée des montants déboursés habituellement par les réassureurs pour les cyclones qui périodiquement dévastent les côtes sud-américaines.

Les capacités disponibles en 2024 pour la branche dommages aux biens, y compris catastrophes naturelles, devraient être suffisantes. Les événements à caractère catastrophique qui pénalisent fortement le marché nécessiteront toujours une attention particulière avec des possibles ajustements tarifaires et durcissements des conditions de souscription.

Cette fermeté des réassureurs entraînera un meilleur partage des risques entre les différents acteurs du marché.

Réassurance : le renouvellement 2024, vu par les agences de notation

Les agences de notation saluent une nouvelle fois la résilience du marché de la réassurance [7], sa résistance aux événements extrêmes et sa rentabilité. Les appréciations des différentes agences divergent peu les unes des autres, avec toutefois quelques nuances que nous reprenons ci-après :

Standard & Poor’s

S&P [8] fait passer les perspectives du marché de négatives à stables. L’agence justifie sa décision par le redressement des résultats suite à la hausse des tarifs lors de 2023, le relèvement des taux d'intérêt et l’augmentation du produit des investissements.

Ses experts anticipent toutefois des augmentations tarifaires moins prononcées que celles opérées en 2023. Hausses motivées par la possible reprise de la sinistralité catastrophes naturelles [9] après l’accalmie de 2023.

AM Best

Malgré la baisse de capacité observée depuis 2022, AM Best ne perçoit pas de pression excessive sur les bilans des principaux réassureurs [10] en 2024. Pour l’agence, les mesures de renforcement prises par ces derniers lors des renouvellements de 2023 ont permis de réaligner les profils de risque et placent les réassureurs en position de force pour générer des bénéfices de souscription.

Toujours selon l’agence, les résultats du premier semestre 2023 sont meilleurs que ceux enregistrés à la même époque lors des deux précédents renouvellements.

En dépit de ces données encourageantes, l’agence ne s’attend toujours pas à un afflux significatif de capitaux supplémentaires ou à l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché en 2024.

Ce dernier constat d’AM Best [11] va à l’encontre de l’évolution des cycles précédents de réassurance qui, après chaque catastrophe exceptionnelle, enregistrent l’arrivée de nouveaux capitaux. Ceci s’est particulièrement vérifié après les événements de septembre 2001, la survenance de l’ouragan Katrina en 2005 et les cyclones Harvey, Irma et Maria en 2017. Un tel processus de création de capacité ne s’est toutefois pas reproduit en 2020-2022 après la pandémie du Covid-19.

Au lieu d’enregistrer un afflux de capitaux au sortir de la crise 2020-2022, certains réassureurs désertent, à l’inverse des expériences passées, les zones à grands risques comme la Floride ou la Californie.

Fitch Ratings

Pour Fitch Ratings [12], les perspectives de la réassurance passent de neutres à positives. L’agence justifie cette évolution par :

• le renforcement des performances financières du secteur qui devrait se prolonger en 2024,
• le regain d'intérêt des investisseurs institutionnels en prévision de rendements plus élevés,
• une capitalisation solide avec l’afflux de capitaux alternatifs.

Après les deux dernières années de mauvais résultats, liés à des risques mal modélisés, à l'impact du changement climatique et à une inflation élevée, l’agence prévoit des conditions de souscription plus strictes pour 2024 avec de nouvelles hausses des tarifs des branches dommages aux biens.

Ces hausses devraient être toutefois plus modérées que celles enregistrées en 2023. Enfin, Fitch Ratings anticipe un ratio combiné marché de 94% pour 2023.

Le renouvellement 2024, vu par les réassureurs

Les prévisions 2024 de Swiss Re et Scor rejoignent celles des principales agences de notation.

Swiss Re

Swiss Re [13] s’attend à une croissance solide du marché de la réassurance non vie au cours des 10 prochaines années. Stimulée par des ajustements continus des taux, cette croissance serait de l’ordre de 5% par an, c’est-à-dire plus soutenue que celle du PIB mondial.

Pour 2024 et les exercices suivants, le réassureur suisse table sur une tarification marché plus équilibrée et ce, après des années de performances mitigées impactées par une activité catastrophes naturelles supérieure à la moyenne. Cet ajustement quasi-automatique de la tarification au risque devrait se poursuivre pour les renouvellements à venir.

SCOR

Même constat du côté de SCOR [14] qui s’attend à des renouvellements plus faciles que par le passé. Ceci serait particulièrement vrai pour les marchés des zones Asie et Etats-Unis. Dans les autres zones, le réassureur français devrait continuer à tirer profit d'un marché, certes plus difficile, mais qui génère toutefois de nouvelles affaires avec des marges attractives.

SCOR constate d’ores et déjà une amélioration de ses performances techniques pour les neuf premiers mois de 2023.