Crue de la Seine en 2016, le bilan s’annonce très lourd

Les pluies torrentielles qui se sont abattues du 25 mai au 5 juin 2016 sur le centre et le nord de la France ont provoqué le débordement de nombreux cours d’eau, notamment dans les départements de l’Ile-de-France, l’Essonne, la Seine-et-Marne et le Loiret.
Crue de la SeineZouave du pont de l'Alma © Ibex73, CC BY-SA 4.0

Dans la nuit du 3 au 4 juin 2016, la crue de la Seine a atteint 6,1 mètres à Paris. Ce niveau est le plus important depuis 1982. Il reste néanmoins bien inférieur à celui enregistré en 1910 où l’eau avait atteint 8,62 m.

D’énormes dégâts matériels ont été recensés au cours du dernier événement pluvial. Quatre personnes ont perdu la vie et 24 autres ont également été blessées. Au total, 20 000 habitants ont été évacués et plus de 25 000 propriétés ont été touchées par ces inondations.

Le trafic routier et ferroviaire a été fortement perturbé. Plusieurs axes routiers dont notamment l’autoroute A10, ont été fermés à la circulation pendant plusieurs jours. Les centres économiques et commerciaux qui se situent sur les bords de la Seine ont arrêté leurs activités. Le commerce fluvial est resté à l’arrêt.

Le tourisme, l’un des secteurs les plus sinistrés par la crue de la Seine

Le tourisme est durement frappé par ces inondations. Les berges de la Seine, aménagées pour accueillir les touristes, ont été entièrement submergées par les eaux. Les restaurants avoisinants ainsi que les compagnies qui effectuent des croisières en bateaux ont arrêté leurs activités pendant plusieurs jours, en pleine saison haute.

Le Comité des Armateurs Fluviaux (CAF) estime le manque à gagner à 11 millions USD pour les sociétés de transport de touristes sur la Seine. Le montant des préjudices d’exploitation continue à s’élever, jour après jour, d’autant plus que les opérations de nettoyage des quais ont nécessité du temps pour s’achever.

Situés aux abords de la Seine, les musées du Louvre et d’Orsay, ont été placés en état d’alerte. Ils ont fermé leurs portes au public pendant 4 jours (1). Les collections situées dans les zones inondables ont été déplacées vers les étages supérieurs.

Totalisant respectivement 460 000 et 3 300 œuvres d’art, ces deux grands musées parisiens disposent depuis 2002 d'un plan de prévention contre le risque inondation. Ce dernier consiste à organiser des exercices de simulation d’une crue majeure et entrainer les employés à évacuer les œuvres situées dans les zones à risque. Le plan est déclenché dès que le niveau de la Seine atteint 5,5 m.

Les deux institutions précitées n’ont pas subi de dégâts directs liés aux inondations. Elles ont toutefois enregistré un manque à gagner significatif: 1,6 million USD pour le Louvre et 226 000 USD pour le musée d’Orsay.

(1) De vendredi 3 juin au mardi 7 juin 2016

L’agriculture, l’autre grand secteur sinistré par la crue de la Seine

Le secteur agricole a été également impacté par les inondations surtout dans le département du Loiret. Les grandes cultures, la production maraîchère, l'arboriculture fruitière ainsi que l'élevage sont directement affectés par ces intempéries. Aucun bilan précis des dégâts n’a été encore établi. Les pertes économiques devraient, néanmoins être élevées.

Afin de compenser leurs dommages, les agriculteurs sinistrés ont réclamé la déclaration de l’état de calamité agricole. Cette mesure leur permettrait de bénéficier des indemnisations du Fond National de Gestion des Risques Agricoles (FNGRA). Aucun arrêté du ministère de l’agriculture n’a encore été publié en ce sens.

Etat de catastrophe naturelle

Crue de la Seine© Djielle, CC BY-SA 4.0

Le 8 juin 2016, le conseil des ministres a décrété l’Etat de catastrophe naturelle pour plus de 780 communes situées dans 16 départements. Un «fonds exceptionnel de soutien» a été mis en place pour indemniser en urgence les sinistrés les plus touchés.

Le règlement des indemnisations par les compagnies d’assurance interviendra plus tard.

Crue de la Seine en 2016, l’un des sinistres les plus coûteux en France

Selon des sources professionnelles, les assureurs ont reçu au 16 juin 2016, 120 000 déclarations de sinistre suite à la crue de la Seine. Une première estimation, établie par l’Association Française de l’Assurance, situe les pertes dans une fourchette de 900 millions EUR à 1,4 milliard EUR. La moitié de ce montant serait à la charge de la Caisse Centrale de Réassurance (CCR).

Les inondations de 2016 devraient coûter deux fois plus que celles qui ont frappé le sud-est de la France en octobre 2015(1) et pourraient constituer le sinistre le plus coûteux depuis l’instauration en 1982 de la garantie catastrophes naturelles.

La garantie catastrophes naturelles: «Cat Nat»

Créée par la loi du 13 juillet 1982, la garantie « Cat Nat » vise à couvrir les citoyens (particuliers ou professionnels) contre les risques catastrophes naturelles (inondations, mouvements de terrain, séismes, cyclones, tempêtes, éruptions volcaniques, feux de forêts, sécheresses, etc.) et de leur assurer, en cas de survenance de l’une de ces calamités, une indemnisation rapide et proportionnelle à l’ampleur des dégâts.

Cette garantie est obligatoirement accordée dans les contrats d’assurance dommages (multirisques habitation, multirisques entreprise, automobile). Elle n’intervient qu’après la promulgation par les autorités de l’état de catastrophe naturelle. Dans cette hypothèse, les victimes doivent déclarer leur sinistre au plus tard, dix jours après la parution de l’arrêté ministériel au journal officiel.

(1) 600 millions EUR (656 millions USD) pour 65 000 déclarations de sinistres.

Code des assurances. Article L. 125-1:

«Sont considérés comme effets des catastrophes naturelles les dommages matériels directs non assurables ayant eu pour cause déterminante l'intensité anormale d'un agent naturel lorsque les mesures habituelles à prendre pour prévenir ces dommages n'ont pu empêcher leur survenance ou n'ont pu être prises ».

Ile de France, une région vulnérable au risque inondation

Crue de la Seine© Thesupermat, CC BY-SA 4.0

L’Ile de France est une région extrêmement exposée aux inondations. Les leçons tirées des crues dela Seine de janvier 1910 et de 1924, qui ont paralysé la capitale française pendant plusieurs jours, ont bien été retenues. Depuis lors, plusieurs aménagements ont été amorcés afin de minimiser les conséquences des débordements du fleuve de la Seine: rehaussement des ponts, creusement du lit du fleuve, construction de barrages, etc.

Ces travaux ont sensiblement régulé le débit des cours d’eaux qui traversent la région. Les experts estiment que ces aménagements ont réussi à diminuer le niveau de la Seine d’environ 70 cm.

Le niveau de la Seine est officiellement mesuré par une échelle graduée installée sur le Pont d’Austerlitz. Le point zéro de l’échelle correspond à 25,92 m par rapport au niveau de la mer. En temps normal, le niveau de l’eau est aux alentours du zéro.

Les Parisiens se basent sur un autre indicateur moins précis pour évaluer le niveau de la Seine: en temps normal, les pieds du Zouave(1) du pont de l’Alma(2) sont au sec, alors qu’au début d’une crue, ses pieds trempent dans l’eau. Au moment du pic de la crue majeure de 1910, l’eau a atteint les épaules de la statue.

Les plus importantes crues de la Seine de 1900 à 2016

DateNiveau de la Seine
Juin 20166,1 m
Janvier 19826,13 m
Janvier 19596,2 m
Janvier 19557,1 m
Janvier 19247,3 m
Janvier 19108,62 m

Source: Chronique de la météo de 1900 à nos jours (1) Le Zouave, est une statue en pierre de Georges Diebolt datant de 1856, l'une des quatre sculptures représentant les troupes ayant participé à la guerre de Crimée. Cette statue est située sous le pont de l'Alma à Paris.
(2) Le Pont de l'Alma est un pont parisien traversant la Seine. Son nom rappelle la bataille de l'Alma (1854) en Crimée.

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